THE FINKIELKRAUTS smog (Another Records)

THE FINKIELKRAUTS smog (Another records)

Cette chronique étant très longue, et par souci d’économiser ton temps que je sais précieux, je te propose, si tu es pressé, de passer directement à la fin de cette chronique pour connaître les 4 raisons qui font que cet album est le disque de la semaine (enfin moi, je dis semaine pour pas dire autre chose).

Et puis un truc que j’ai appris avec le temps, c’est que c’est pas avec les disques qu’on aime le plus qu’on fait les meilleures chroniques, donc j’ai essayé de faire moins branlette que GONZAI mais j’ai peur que quand même ça ressemble davantage à un compte rendu de fan qu’à une chronique distanciée et objective… Enfin, bref, fait ce que tu veux, je t’aurais prévenu)

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On en était resté à Distance, premier maxi remarqué et remarquable, sorti de nul part (enfin si, de Tours) en février 2010.

Un Ep qui a tellement squatté les platines de la radio qu’il est resté classé dans notre playlist sans (presque aucune) interruption depuis (un record ?). A tel point et que le label a du nous le remplacer au bout de quelques mois pour cause d’usure ( !!!).

A en juger par les réactions autour de moi (amis auditeurs, inconnus, tout ceux que j’ai réussi à convaincre d’y jeter une oreille) ce n’était pas (seulement) une réaction monomaniaque obsessionnelle de ma part : TOUT le monde (-1) a adoré ce disque ! Les autres se sont probablement tus ou suicidés.

Une telle réaction entraine forcément une attente. Et des craintes. « Et si ce n’était qu’un one shot ? » « Et si il n’y’ avait jamais de 2e disque ? »

Le départ pour 6 mois du chanteur vers le lointain Chili et la dispersion des autres membres aux 4 coins de la France n’était guère rassurant. On n’est sérieux quand on a 20 ans. « Et si ils ne se réunissaient jamais ? Et si l’alchimie ne fonctionnait plus ? »

Reprise des concerts et soulagement : L’alchimie fonctionne toujours et des nouveaux morceaux prennent formes.

C’est là qu’on en arrive à l’enregistrement de ce 2e EP 6 titres, SMOG enregistré en UNE journée à la fin 2010 et enfin posé sur ma table !


Impatience.

Ça faisait longtemps que je n’avais pas attendu un disque avec autant d’impatience ! Un acte d’attente (forcé) et d’excitation qui a disparu avec les leaks et downloads instantanés sur le web.

Un sentiment qui m’a rappelé une autre époque. Et m’a rassuré. L’écoute de 40 disques par semaine depuis tant d’année ne m’a pas blasé, c’est juste que je n’ai pas eu le temps de les désirer ces disques et ces groupes. Bref, je m’égare…

Une mot qui marque ce disque PARTI PRIS. : Celui d’un visuel atypique (et superbe) dans un format qui l’est tout autant (le même que le précédent, carré) mais ce coup ci, disque est pressé) et une A-TT-ITU-DE.

L’ouverture du disque est un lien avec le précédent EP (Distance) puisque le morceau s’intitule…Distance. Une ouverture en forme de faux single new wave poppy ave gimmick guitare, rythmique enlevée et voix posée qui aurait pu s’appeler FEAR AND LOATHING IN FINKIELAND, tant il semble être une manière de boucler la boucle, et jeter au range de souvenir une période de doute, de remise en question, d’éloignement physique. (« Quel avenir » ? « Quelle évolution ? »)

YOUNG WAVE

Une fausse entrée en matière rusée qui permet de pénétrer dans le disque sans se méfier, en se laissant aller a apprécier la « production » (un son toujours rugueux mais plus ample, une basse toujours en avant et sautillante, rien de bling bling, juste ce qu’il faut pour faire ressortir les chansons) et surtout de poser les bases de la suite.

Petit à petit, les guitares et les synthés enveloppent la voix par petites touches tandis que la rythmique trace tout droit tout comme le chant tout en s’intensifiant au fur et à mesure du morceau

Un tube poppy mélancolique comme une manière de boucler une période que le groupe semble désormais considérer comme lointaine. Comme un dernier coup d’oeil vers le passé avant d’avancer résolument vers l’avenir. Pas le temps à perdre, ces gars là avancent vite comme va le prouver la suite..

Le cri ouvrant HAPPY BIRTHDAY MOTORIC semble effectivement annoncer que le disque commence réellement ici, avec la mise en place des éléments qui façonnent désormais le son FINKIELKRAUTS : hypnotique, menaçant, mélancolique et agressif.

Tout ceci se traduit par une rythmique basse/batterie bourrine et faussement dansante ( on dit disco-noise dans ces cas là ?) servant de rampe de lancement à un riff obsédant qui va très vite laisser la place à des nappes réverbérés guitare/synthé (qui fait quoi ? je m’y perds) imperceptible au premier abord mais qui font pourtant font l’essence du morceau.

Qu’ont ils fait pendant un an d’inactivité forcée ? Assimilé 2000 groupes de krautrock, noise, shoegaze, new wave, punk (rajoute des trucs si tu veux…),peaufiné LEUR son et reflechir à leurs priorités.

Résultat ? Tous semblent avoir trouvé leur place, leur rôle : la guitare avance par petites touches discrètes mais impressionnantes (en duo avec le clavier) quand on tend l’oreille tandis que le chant débite des mantras

(……………TELEVISION TELEVISION TELEVISION TELEVISION TELEVISION TELEVISION TELEVISION TELEVISION TELEVISION TELEVISION TELEVISION………),

et le tout crée une tension qui monte tout au long du morceau jusqu’à l’inévitable explosion finale (« We fuck Bob Dylan » ? C’est ce que je comprends en tout cas.Et si c’est pas ça, je trouve ça tellement parfait que je n’admettrais pas que ça soit autre chose. J’aurais aimé pouvoir lire les textes d’ailleurs… Dispo sur le site bientot ?).

La suite est à l’avenant. DID YOU SEE THE BLOOD. Basse et chant obsessionnels, agressivité en avant. Une même formule que le morceau précédent…qui explose avec HATRED SONG qui pose une atmosphère lugubre, lente, comme un post-rock mortuaire.

Vous êtes rentrés dans le disque ?

Vous y êtes piégé maintenant.


DEATH DISCO.

La suite est un lent développement qui bouffe le cerveau en te bloquant dans ton fauteuil. Une technique de dealer. Un début léger suvie d’une lente descente pour t’amener là ou ils veulent, c’est-à-dire à la pièce de résistance du disque, un BORDERLINE de 8 mn ( !!!) avec son riff Krautrock, ses breaks/fausse fin et des atmosphères à la AMANDA WOODWARD période Ultramort (cad euh…dub ?). Fausse fin qui te plante là avant de repartir en tempête noise.

Un morceau qui aurait eu sa place sur les compils VOYAGE de PAN EUROPEAN RCORDING au côté de KOUDLAM et AQUA NEBULLA OSCILLATOR.

Clairement, FINKIELKRAUTS maîtrisent un truc que peu de groupes comprennent : le sens de la dynamique, des nuances et des climats. Une sorte de groove morbide, lancinant avec une tension qui s’installe par petite touche souvent simplifié en « passage calme/passage bourrin sans subtilité.C’est comme le groove, ça s’apprend pas, ç’est là …ou pas.

L’épilogue INCORRECT permet de refaire surface avec un morceau semblant aire écho à la conclusion du début (DISTANCE), un chant faussement pop sur un rythmique plus aggressive, l’explosion finale, la remontée vers la surface avec un refrain à hurler en concert.


Conclusion ?
(il est temps…)

Oublie que tu aimais le skeud précédent ! Les morceaux ont 1000 fois plus d’ampleur, le son, l’artwork, la structuration de la tracklist (intro / HAPPY BIRTHDAY + DID YOU SEE / HATED SONG + BORDERLINE / conclusion, tu peux mettre « repeat all »direct, ca fonctionne, et ça donne conclusio + intro / Happy Birthday + DID YOU SEE etc ) rien a été laissé au hasard et pourtant, tout sonne frais et spontané. (ENREGISTRE EN UNE JOURNEE bordel ! ) tout en se permettant de citer quelques influences au détour d’un riff ou d’un break sans être le copier/coller de personne.

Ca s’appelle avoir son identité et ca devient rare les groupes qui se forment sans vouloir faire « un truc à la… » et c’est bien pour ça que le groupe frappe si fort à des années lumières des suiveurs de la dernière tendance.

Il y’a deux sortes de groupes : ceux qui sont piles dans leur époque et ceux qui la précèdent d’une minute. Une différence infime mais qui fait le tri entre les entreprises vaines et celles vouées à marquer (si tout va bien) les esprits. On est face au trop rare deuxième cas ici.

Rien à ajouter.

NB1 : Note pour ANOTHER RECORDS : Merci de nous livrer directement 3 exemplaires de ce Ep parce qu’on risque de l’user celui-ci encore plus vite que le précedent.

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NOTE SYNTHETIQUE : POURQUOI CE DISQUE EST ALBUM DE LA SEMAINE*

Ils sont le FUTUR. Young Wave !

Ils remercient Gérard Blanchard

Tubes, tubes, tubes, tubes TUBES TUUUUUBES !!!!

Ton (nouveau ?) groupe préféré

Le disque est en ecoute là

Le disque est en vente là

A Tours, tu peux te procurer SMOG au BUCK MULLIGAN (rue du Grand Marché) pour… 5 euros (!!!)

Plus d’infos sur le groupe ici

*(et mon disque de l’année QUOI QU’IL ARRIVE !!!)