System Of A Down – Toxicity
Septembre 2001, Columbia
Je ne sais pas pourquoi, les grands albums qui ont marqués mon adolescence et ont posés les premières pierres de ma culture musicale sont tous associés à une couleur. Ici, c’est clairement le gris ambiant de l’hiver qui me vient à l’esprit, dès que les sonorités de l’album de System Of A Down, Toxicity, sorti en septembre 2001, me parviennent aux oreilles.
Peut-être parce que quand mon meilleur pote de l’époque m’a donné une oreillette pour me faire écouter ça la première fois, on devait être transi de froid dans la cour de récré du lycée au mois de décembre ? Qu’il n’a ensuite pas quitté mon baladeur CD des quatre mois suivant, m’accompagnant donc tout l’hiver, le matin au réveil, le soir en bouquinant, la journée en allant en cours ? Probable.
Toxicity est le second album de ce groupe atypique, Arménien de souche installé aux Etats Unis. Moi, j’en avais jamais entendu parler avant, de System Of A Down. Mais à l’époque où on se découvre un esprit rebelle, ce nom me plût d’emblée. La rage contenue dans la voix de Serj Tankian, le leader charismatique du groupe, fini de me conquérir. L’alliance d’une violence propre au métal et au punk, avec un sens de la mélodie parfois presque pop (on pense notamment au refrain du tube le plus évident de l’album : Chop Suey, et ses envolés lyriques qui font encore le malheur de mes voisins en soirée passé deux heures du matin).
Sur cet album le groupe arrive clairement un tour de force d’alliance de musique extrême avec des mélodies super accessibles, en gardant pourtant un ensemble totalement cohérent et alternatif. En gros, ça me donne envie de faire des câlins à mon ours en peluche, tout en lui arrachant ses oreilles avec mes dents. Un pur défouloir/ascenseur émotionnel sans grand répit durant les 45 minutes que composent ce grand disque.
Qui plus est, et même si je ne comprenais à l’époque pas un traître mot des paroles (bonjour les refrains chantés en yaourt), le groupe se détache aussi par ses textes particulièrement engagés, notamment envers les injustices du système américain. Bref, un groupe irréprochable en tout point, en tout cas sur cet album. Et si Toxicity a tant marqué son époque, c’est bien que System Of A Down a ouvert le métal à un nouveau public. Son mélange des genres, cette capacité à marquer des pauses sans pour autant lâcher du lest leur permet de garder un auditorat métal, tout en séduisant les amateurs de rock conventionnels.
Gros cÅ“ur avec les doigts et bracelets cloutés.