Quel album étrange que voici. Non pas parce qu’il est inécoutable et snob, mais parce qu’il génère une émotion rare dans un album : le sentiment d’immortalité.
Alors que le format album est en train d’évoluer vers des projets Trans-Média (Visuel + réseaux + Virtual Reality …) et que Björk travaille sur son dernier album à un voyage en réalité virtuelle, il y a des groupes qui proposent des choses plus modestes, et qui ne demandent pas une écoute instinctive comme dans la Pop-Culture (7 secondes en moyenne). C’est assez surprenant d’ailleurs d’entendre un esprit assez reconnaissable chez ce duo, alors que leurs styles n’ont rien en commun. D’un côté, Conan Mockasin, presque génie de la Pop hors norme, et auteur de l’album Forever Dolphin Love qui regorge de richesse musicale au fil des années. Et de l’autre, Sam Dust, connu sous le pseudo de L.A Priest, bricoleur jamais répétitif et créateur de l’album Inji en 2015. Entre les deux, une cohérence artistique qu’on ne soupçonnait pas, et qui a pris forme entre les tournées des deux garnements.
Déjà, il fallait trouver le calme pour les huits morceaux, et le temps (cinq ans). Et c’est la très grande qualité de Soft Hair : Distiller des atmosphères en liaison avec la Pop mais avec un Funk très lancinant et des techniques d’écriture assez aquatiques, pas du tout opaques, avec des reverbs fluides. Il y a du Prince, mais aussi ce truc quasiment unique que Conan Mockasin possède pour rendre le tout hors du temps. Jamais consensuel, il y a des ballades Pop mais en digression. Difficile d’expliquer Soft Hair, ce groupe a créé une capsule sonore plutôt courte (moins de 30 minutes) mais qui restera longtemps dans la tête des gens qui prennent le temps d’écouter des albums aujourd’hui. Solaire et Fresh Hair, C’est Soft Hair !!!!