MÖTLEY CRÜE – Too Fast For love

Le nom de ce groupe pose un double problème : tant au niveau de sa prononciation et que de son sens exact, littéral. Kezako Mötley ? Kezako Crüe ?
J’ai cherché en vain comment prononcer ce nom : à la manière d’Ölaf Gustafson et ses trémas sur le « o » ou en arrondissant la bouche comme un Paul Stanley en manque de rouge à lèvres ou un poisson rouge hors de son bocal ?

Toujours est-il que j’ai adopté directement ce binôme étrange aux connotations étrangères ; étrangères à la planète entière et donc complètement intégré à mon univers comme à celui de centaines de milliers de kids.
Quant au sens, à la signification ultime de Mötley Crüe, j’ai longtemps erré avant de raccrocher ce nom au temple de la mode.
Dans le panthéon du bon goût Mötley occupe une place privilégiée quelque part entre Kiss contre les fantômes, les New York Dolls et la famille Playmobil (pour les décors). Une tribu bigarrée aux clips improbables.
Cette tribu originelle fut une source d’inspiration costumière permanente ; même si les associations de couleurs, de matières et de maquillage n’ont pas toujours été heureuses. Mais surtout, le mascara, la laque et les talons aiguilles, ça ne va pas à tous les physiques… et je sais de quoi je parle.

La pochette de l’album est quand même un gros clin d’Å“il à la pochette des Stones : Sticky fingers comme pour marquer un commencement pour les membres d’un nouveau clan.
Côté musique, on est dans un univers connu mais déstabilisant. Dans le détail, ça sonne quand même comme une sorte de hard rock garage avec un flanger à la con sur la fin du morceau, un son de batterie plus proche du bidon ou du baril de lessive mal ficelé que d’un vrai kick de grosse caisse. A la guitare, une saturation métallique à l’opposé des sons chauds délivrés par les JCM800 de chez Monsieur et Madame Marshall, un son étriqué, une grosse reverbe, des riffs et des chorus que tout un chacun se sent capable de jouer sans passer des heures à astiquer son manche ; et un chant hyper aigu poussé par une grosse reverbe sorti d’un tube ou d’une salle de bain et qui grésille à nos oreilles. Bref, rien de captivant au premier abord.

Et pourtant c’est cette alchimie, dès le premier morceau qui a poussé le groupe vers les sommets, ça et les frasques carnavalesques des membres du groupe ; de grands plaisantins en sorte avec des pseudos dignes d’un dessin animé de série Z : Nikki Six, Vince Neil, Tommy Lee et Mick Mars. Mick Mars ou l’ovni malade imperturbable qui tient la baraque avec des riffs d’une simplicité et d’une efficacité redoutables. Mötley Crüe c’est tout ça à la fois.

Premières photos des concerts US ramenées dans les années 80 : ambiance poupée gonflable, découpage à la tronçonneuse, chaînes et cirque à tous les étages, le tout agrémenté d’une garde robe que l’on peine à imaginer comme un phénomène réel. Un peu comme Kiss d’ailleurs que l’on a longtemps voulu voir sans maquillage mais qui, rapidement a repris ses costumes d’amuseurs clownesques pour le plus grand bonheur de leur fans. Et bien le premier album de Mötley c’est la même chose, je peinais à imaginer ces quatre garçons avec des cheveux déambuler dans la vraie vie. « Live Wire », extrait de Too fast For love, 1er LP de Mötley Crüe, paru en 1981 !

MÖTLEY CRÃœE – Too fast For love by Beton on Mixcloud

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