Présenter un album en vous disant qu’il a été une révélation dans sa totalité, que le ciel s’est ouvert devant moi et que mes jambes puissamment musclées se sont mises à trembler devant ce miracle, ce serait un mensonge. En fait, je n’ai jamais sublimé un album isolé, même si j’admets l’intérêt et la portée qu’il peut avoir. J’ai toujours préféré grappiller ici ou là dans la globalité pour trouver mon bonheur, et du coup je vous dis: «à bientôt, salut !» …
Ha ha ha! Joke ! Comme on me paye très cher pour faire cette chronique, j’ai quand même trouvé un album qui représente pour moi une belle découverte: « One-Armed bandit » de Jaga Jazzist !
Ce groupe norvégien m’a été présenté par Jean marc Herbreteau, alors que j’étais en formation à Jazz à Tours. J’étais dans une période Jazz électro, nu-jazz, et avide de découvrir la transversalité du jazz et son pouvoir de fusion des genres. J’ai aimé ce groupe dés la première écoute. J’y devinais plusieurs influences sans pouvoir vraiment les identifier, il y avait une vraie esthétique qui leur était propre. Ils se sont formés en 1994, menés par les frères Lars et Martin Horntveth. Onze musiciens était présents au début, et leur premier EP magasin est sorti en 1998 sur le label anglais Ninja Tune. Jaga Jazzist est considéré comme le précurseur du mouvement nu-jazz en Scandinavie.
L’album « One-Armed bandit » est pour moi l’album de la maturité du groupe. L’ensemble de l’album représente le son et le style « jaga jazzist », une sorte de mélange de musique répétitive à la Steve Reich, de rock, et de musique contemporaine allant du classique au noise.
La formation instrumentale joue beaucoup dans l’originalité du projet. A l’instrumentatium traditionnel du rock (basse-batterie-guitare), s’ajoutent tuba, flûte traversière, clarinette basse, contrebasse, trompette, trombone, saxophone, et un autre instrument qui donne une couleur très spécifique, le vibraphone. Des claviers analogiques complètent l’ensemble pour la dimension électro.
Le morceau « Toccata » est la représentation parfaite de l’influence des musiques répétitives dans leur travail.
Pour conclure, Jaga Jazzist représente pour moi l’esprit collectif au service de la musique, personne n’étant mis en avant car seule la fresque musicale globale compte. Le résultat est un univers riche et cinématique dans lequel on s’imagine voyager en tapis volant.