GORILLAZ – Gorillaz

Gorillaz – Gorillaz (2001 – EMI)

Le bug de l’an 2000 a fait des petits. Un groupe virtuel a surgi de nulle part en ce début du siècle, sous le nom étrange de Gorillaz. Un univers graphique fort, maîtrisé par le dessinateur de bande dessinée Jamie Hewlett, et un crew de quatre affreux rockeurs steam-punk moderne : 2D, Noodle, Murdoc Niccals et Russel Hobbs.

Une voix, un homme seulement derrière tout ce beau monde : Damon Albarn, connu à l’époque pour être le leader charismatique de Blur. On était loin de se douter que ce groupe fantoche subtiliserait la vedette au mythique band de britpop : 10 ans plus tard, on dit plutôt : « Blur ? Ah ouais, avec le gars de Gorillaz ! ». Pourtant, la critique était sceptique à la sortie de l’album, mais n’a pu que s’incliner face à l’éclectisme qui ressort de ces quinze pistes aux influences au moins aussi diverses et variées que ceux qui les ont engendrées (Jamie Hewlett étant considéré comme membre du groupe à part entière).

Il faut dire qu’ils ont su s’entourer : embauchant Dan The Automator à la production, et variant les plaisirs avec des invités particulièrement éclectiques (Del Tha Funky Homosapiens sur le tube Clint Eastwood, ou encore Ibrahim Ferrer du Buena Vista Social Club sur Latin Simone), le premier album éponyme de Gorillaz réussit l’impressionnant pari de flirter avec l’easy-listening mais en gardant une touche unique et accrocheuse qui fait la différence entre un album qu’on appréciera quelques mois et un album qui restera pour longtemps dans les annales. Entre trip hop, britpop, hip hop, rock, ambiant, dub (et même parfois latino), Gorillaz se paye le luxe de s’approprier le large spectre des musiques modernes et de les compiler avec une cohérence improbable sur un seul album.

Cet opus mérite sans nul doute sa place dans le panthéon des meilleurs disques pop de ce début de siècle et il est pour certains la seule Å“uvre vraiment mémorable du groupe qui a multiplié les récidives avec de plus en plus d’invités et d’ouverture mais avec peut-être moins d’originalité et de fraîcheur que ce premier opus, désormais culte.

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