VIRGIN SUICIDES – Soundtrack

Et si cette semaine, je ne vous parlais pas d’un groupe (enfin presque), mais plutôt d’un film ? Bon, je ne parlerais pas cadrage, jeu d’acteurs ou scénario, on reste bien sûr dans la musique avec une bande originale, celle du premier long métrage de Sofia Coppola : Virgin Suicides .

Sorti sur les écrans français en septembre 2000, adapté du roman du même nom, mettant en scène le drame de cinq jeunes filles, cinq sÅ“urs, aussi belles que mystérieuses, le film est devenu culte pour toute une génération. Une déclaration d’amour à l’adolescence, sa complexité et ses premières fois.

Dans le Détroit des années 70’s, Coppola filme le trouble adolescent, le poids de la famille, l’incommunicabilité entre garçons et filles, mais aussi une esthétique du vide, du silence et de l’ennuie. Le spleen adolescent déjà à son apogée !

Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin, du groupe français AIR, sont déjà des stars lorsque Sofia Coppola fait appel à eux pour la musique de son film. En effet, leur 1er album Moon Safari, fut particulièrement remarqué (voir le Lundispensable sur ce disque chroniqué par Nivek). Le duo composera une partie de la bande originale du film, ce qui deviendra leur 2e album, tout simplement appelé « Virgin Suicides », avec le magnifique single Playground Love, avec la voix de Thomas Mars (de Phoenix), une chanson qui bercera des milliers d’amoureux au début des années 2000. Des titres phares comme Clouds Up, Dark Messages et Highschool Lover permettent à la réalisatrice de transposer en musique l’atmosphère onirique et envoûtante de son histoire.

Inspirés par Michel Colombier, Morricone, François de Roubaix et d’autres maîtres dont ils ne maquillent nullement l’influence, AIR a réussi à bâtir un score véritable, loin de la banale succession d’instrumentaux. Ils parviennent ainsi à décliner sans délayer, à créer une arborescence qui possède sa propre mécanique interne et échappe assez vite au film lui-même pour devenir entité – dénominateur commun des grandes BO.

Mais il n’y a pas que AIR à féliciter pour la musique du film ! Si Virgin Suicides laisse une telle impression, c’est en grande partie grâce à sa bande originale, indispensable soulignage de la mélancolie ambiante et contrepoint quasi céleste de tous les tubes des 70’s qu’on y entend par ailleurs. Car effectivement, on aurait tort de donner tous les lauriers à AIR pour la musique du film. Ce dernier est parsemé de chansons des années 70 montrant l’importance de la musique dans le cinéma de Sofia Coppola. Avec du SLOAN, HEARTS, THE HOLLIES et même un titre des BEE GEES.

Une de mes scènes préférées : celle où garçon et filles communiquent par chanson interposés au téléphone. La scène juste en dessous avec comme titres : Hello It’s me de Todd Rundgren / Alone Again (Naturally) de Gilbert O’Sullivan / Run to Me des Bee Gees / So Far Away
de Carole King

Début de la scène à 0:55.

Bon, je résume : 1- la musique de AIR est splendide, 2- les titres 70’s sont magiques et 3- ensemble ils forment une BO incroyablement dense. Et contrairement à d’autres de films, une fois privé des images, la musique tient la distance et révèle les thèmes de l’histoire qui gagnent à être écouté sans les dialogues ou le montage des images.

Allez, on se quitte avec un de mes morceaux préféré, celui de l’arrivée à l’écran de Josh Hartnette alias Trip Fountain, le gosse beau du bahut. Et c’est sur le titre Magic Man de Heart.

I.N.I. – Center Of Attention

I.N.I.Center Of Attention

1995 – Soul Brother / Elektra Record

Un Classic Surprise pour tes oreilles.


Toi le fan de Hip Hop façon Nas, Tribe called Quest et la clique Native Tongue, ou encore façon Jay Dee, Pete Rock et Madlib, ce lundispensable est pour toi.
Un Classic hop hip, un réel indispensable, mais passé aux oubliettes, l’album du groupe I.N.I., Center Of Attention

A l’image du Black Bastard de K.M.D dont la sortie était initialement prévu en 1993 , mais qui ne se verra ressuscité qu’en 2002 et où l’on retrouve le très prometteur MF DOOM, Center Of Attention fait partie de ces albums intemporels mais oubliés. Enregistré en 1995 sur le label Soul Brother par I.N.I., l’opus ne vit son arrivée dans les bac qu’en 2002, le manquement est du à Elektra Record qui en a empêché la parution pour des raisons comptables, bien-pensantes, faute de singles évidents et d’un réel buzz autour du groupe. Grosse erreur les gars.
Il faudra donc compter sur un certain Pete Rock et Octobre 2002 pour que l’album soit édité sur le label BBE en tant que 1er CD du double album du Beat makers new yorkais Lost & Found: Hip Hop Underground Soul Classics.
Derrière INI, se cache donc Pete Rock, producteur hip-hop légendaire de la première moitié des années 90, et personnellement l’un des mes beatmakers favoris aux même titre qu’un J Dilla ou qu’un Madlib. A cette époque, il évolue alors en compagnie du non moins célèbre et talentueux C.L. Smooth. Le centre d’attention réside véritablement en la personne de Pete Rock , son nom est d’ailleurs nettement mis en avant sur ce pressage mais au centre de cette aventure ce sont avant le mc Rob-O, Ras G et Marco Polo et Grap Luva qui n’est autre que le frere de Pete Rock et lui aussi Beatmaker, je te conseille très vivement ses productions avec Damu the Fudgemunk ou encore The Sound Providers),

Un maxi voit le jour assez rapidement puisqu’en 96 paraît Fakin’Jax, critique acerbe du matérialisme et sublime titre que l’on devait normalement retrouver sur le LP qui devait être pressé cette année là.

N’y allons pas par 4 chemins, Center Of Attention est un classic où les perles s’enchaînent sans faille. Essentiel. Tout d’abord pour la production de Pete Rock mais aussi pour son alchimie avec les phrasés du quatuor. Que ce soit les flows fluides et chaleureux de Rob-O et Grap Luva ou les styles plus directs de Ras-G ou Marco Polo, tout semble couler de source et se fondre dans les symphonies du Soul Brother. Les textes restent simples : dégoût des hypocrites, rappel des bases du hip-hop (« Square One »), quotidien new-yorkais (« Life I Live »), egotrips, mise en garde contre la portée des mots (« What You Say »). Le tout est constamment empreint d’une touche spirituelle et de références religieuses sans jamais faire dans le démonstratif (« Mind Over Matter »). Incapable de résister au charme du funk de David Axelrod, Pete Rock prend même le mic sur « Think Twice » pour mettre en garde à son tour les wack emcees. On retrouve Large Professor et Q-Tip font de même sur le royal « To Each His Own ». Le plus beau texte est à coup sur « Kross Roads » . Les bpm s’y font plus lents et, sur un sample de guitare mélancolique agrémenté d’une ligne de trompette magnifique, Rob-O y évoque en solo la manière dont les tensions entre leurs quartiers respectifs ont compromis son histoire d’amour avec une fille.

L’ambiance jazzy/soul aux contours irréprochables transporte dans un autre monde : production parfaite Des beats traumatisants et hypnotiques issus d’une E-Mu SP 1200 indéfectible (ancêtre des MPC) des basses profondes et enivrantes, des boucles jazzy de vrai crate-digger, une texture de son très riche, des scratches millimétrés, des orchestrations magistrales et la marque de fabrique de Pete : ses samples de cuivre…, juste choix des samples (David Axelrod, Rotary Connection, Harold Melvin & The Blue Notes, Fela Kuti).

Au même titre qu’un Nas, Tribe Called Quest, ou qu’un Eric B & Rakim, Center Of Attention est un album à te faire craquer la nuque 1h10 sur 16 titres d’une qualité éclatante, sans discontinuer, l’une des plus pure pépite hip hop du siècle, un Pete Rock au sommet de son art, une Å“uvre universelle et intemporelle.

Trackliste de Center of Attention :

1 – Intro (H.I.M.)
2 – No More Words
3 – Step Up
4 – Think Twice
5 – Square One
6 – Life I Live
7 – Kross Roads
8 – To Each His Own (feat. Q-Tip & The Large Professor)
9 – Fakin Jax
10 – What You Say
11 – Props
12 – Center of Attention
13 – Grown Man Sport
14 – Mind Over Matter
15 – Don’t You Love It
16 – Microphonist Wanderlust

BRAIN DAMAGE : Ashes to ashes – dub to dub

Aujourd’hui, le lundispensable, c’est cet album de Brain Damage : Ashes to ashes – dub to dub.
Après le maxi Bipolar disorder, sorti en 99 sur leur propre label Bangarang, Ashes to ashes – dub to dub, sorte de concept album, donne au duo stéphanois l’occasion de montrer que le dub n’est pas resté coincé entre Kingston et Londres, mais qu’il a au contraire bien pris racine, que ce soit entre les murs de béton des teufs où se dépose le Brain Damage sound-system ou entre les parois feutrées des studios de Jarring Effects.

Martin Nathan, digne successeur de King Tubby et de ses productions léchées, était à l’époque encore accompagné de Raphaël Talis à la basse. Le duo Brain Damage a bien sûr assimilé tout le renouveau de la scène dub.
Ce genre musical bâtard, considéré comme un simple “remixage” de titres reggae, même quand il est pratiqué par des génies tels que King Tubby, aura eu du mal à se faire une place dans le spectre des musiques dites “actuelles”. Rangé entre “électro”, “reggae” et “dancehall”, il faut finalement attendre la vague venue d’Angleterre dans les années 90 pour que le dub se fasse une place dans le paysage des musiques électroniques en France, avec des artistes tels que Treponem Pal, mais aussi High Tone, Zenzile, et le soutien précieux des labels Bangarang et Jarring Effects, pionniers en la matière.
L’album Ashes to ashes – dub to dub, qui précède Spoken dub manifesto, est composé de deux parties distinctes, les cinq derniers titres étant des reprises dub des cinq premiers.

Sur cet album, on sent aussi toute l’influence de Linton Kwesi Johnson, pilier de la dub poetry : En composant avec des textes de l’activiste Hakim Bey, du chanteur reggae Leeroy Green ou de l’artiste Black Sifichi, qui vient poser la voix la plus salement éraillée de la Dub poetry, sur les titres The Unity Of The Circle, et The Balance Of The Cube, Martin Nathan et Raphaël Talis parviennent finalement à utiliser la voix humaine comme une matière spécifique et vont creuser dans le timbre et le souffle la texture sonore qui compose cet album.

Sur Ashes to Ashes – Dub to Dub, les titres sont successivement repris, réinterprétés, remixés et te transportent dans un univers sombre, glauque, entre une ambiance de science-fiction et des sonorités lourdes, comme sur cette version dub de The Unity Of The Circle :

Brain Damage s’insinue dans ton cerveau et vient répandre un son lancinant, porté par de lourdes basses et illuminé par éclairs harmoniques de violons.
Bref, il serait temps d’éteindre les lumières, de s’installer confortablement et de se laisser emporter. N’aies pas peur, bon voyage !

MINOR THREAT – Complete Discography

Ouais je sais, normalement les compilations, les best of ou autres lives sont strictement interdits dans les Lundispensables, mais celui-ci, la Complete discography de Minor Threat est une chose à part !

MINOR THREAT, groupe de Washington DC, patrie de Bad Brains, groupe aussi éphémère que Culte, 3 ans d’existence, et seulement un album, mais vous comprendrez vite pourquoi je consacre ce Lundispensable aujourd’hui à ce groupe phrare de la scène hardcore Mondiale !

Créé en 80, par 4 gamins Ian Mac Kaye, Brian Baker, Jeff Nelson et Lyle Preslar, Minor Threat est tout bonnement le groupe fondateur du mouvement Straight Edge, mouvement excluant l’usage de drogues (donc tabac et alcool ) dans la scène et la vie de tous les jours. Ces 4 gamins donc, avec leurs croix sur la main (Croix qu’on dessinait sur les mains des mineurs à l’entrée de chaque concert pour que les barmans ne leur servent pas à boire, sigle qui est resté le signe de ralliement des Straight edge). Le groupe de Washington en arrivant avec leur premier album « Out Of Step » retournent tout, et montrent le chemin à des milliers de jeunes en perdition, deviennent des porte drapeaux d’une jeunesse Américaine violente, las des bastons et des prises d’héroine, mais aussi également aux gamins qui n’ont encore touché à rien, et que le discours d’une vie saine et sereine de Minor Threat et de Ian Mac Kaye empêchera de suivre les chemins les plus dangereux !

Bien sûr, les gosses font ce qu’ils veulent et c’est ce que Ian Mac Kaye, tête pensante du mouvement ne veut par dessus tout pas : devenir une espèce de Dieu, et il le dira des milliers de fois « Je ne fais que vous dire ce que moi je ressens et comment je vis, pour le reste vous faites ce que vous voulez de votre vie ». La preuve étant, le meilleur ami dans le vie de Mac Kaye est HR, chanteur des Bad Brains et surtout bien junkie et bien alcoolo.

En plus de créer un mouvement, donc un style musical, Minor Threat ont, comme CRASS en Angleterre, ont une sainte horreur du business des labels et des majors, alors, dès le 1er 45 Tours, ils seront en totale autoproduction en créant leur propre label, Dischord, label qui sortira tous les disques de Minor Threat, y compris ce « Complete discography » et cette pochette culte, dont j’avais déjà parlé lors du Lundispensable du « And Out come the wolves » de Rancid . Pochette représentant Ian Mac Kaye, assis sur des marches, la tête entre les jambes !

Donc, « Complete Discography », pourquoi ? Parce que cet album contient le seul et unique album de Minor Threat « Out Of Step » de 83, mais aussi les 45 Tours « Minor Threat » de 81, « In my eyes » de 81, « Salad Days » de 85, et la première démo cassette de 80 – Sorti en 89, « Complete discography » de Minor Threat est une bible, une religion, un guide pour tous les groupes hardcore qui veulent garder une éthique et un semblant de spontanéité, d’honneteté, et de rage !
Après Minor Threat, Ian Mac kaye, après avoir crée le straight edge, et le hardcore tel qu’on le connait aujourd’hui, n’est pas rassasié, et crée Fugazi, et par la même occasion, invente donc un style : L’Emo ! Voilà…et après, il continue à nous dire que c’est pas un Dieu ?
Allez, Guity of Being White pour enfoncer le clou !

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BLOOD RED SHOES – Box Of Secrets

Lundispensable
Blood Red Shoes – Box Of Secrets

Il y a peu de temps on a pu entendre un lundispensable sur The Subways made in Nathan.

Du coup je vais parler d’un autre groupe anglais Rock garage, pour qui personnellement mon cÅ“ur penche plus. Certainement à cause de la guitariste. Donc Blood Red Shoes duo de Brighton. Steven ansell à la batterie et au chant. Laura-Mary Carter à la guitare et au chant (Oui oui c’est elle <3 ) Découvert en écoutant les ondes hertziennes, non pas du 93.6 mais sur feu le mouv'. Petite baffe direct. Une rythmique bien présente, de l'énergie et même dans certains moments de la puissance. C'était en 2008 et leur premier album studio Box Of Secrets sortait dans les bacs. C’est d’ailleurs l’album qui m’a fait retomber dans les achats d’albums. Qui d’ailleurs brûlèrent plus tard mais c’est une longue histoire.

On entend en fond le morceau Try harder 3 ème titre du cd. Simple mais efficace leurs voix se combinent bien. Des constructions de morceaux plutôt classiques pour le coup mais ça s’y prête bien.

I wish i was someone better. Un des singles de l’album.
Avec ce qui m’a vraiment plu dans ce groupe.
Des montées puis du bruit.
De la grosse disto, ça tape fort sur la batterie, moi j’aime bien.
J’écoute encore cet album même si le temps a fait que c’est plus de la nostalgie qu’autre chose. Mais ça reste un album indispensable.
Take the weight.

Toujours la même recette avec de beaux chÅ“ur en plus.

ADHD Qui veut dire « Attention deficit hyperactivite disorder ». Donc en gros problème d’hyperactivité. ça sent le vécu, et on comprend donc d’où vient cette énergie.
J’arrive au bout de ce lundispensable qui me donne juste envie d’écouter plutôt que de parler donc ciao et je vous laisse avec It’s getting boring by the sea.

The Subways : Young for Eternity

On est en 2006, un samedi soir, il fait froid ça doit être en février, on se prépare à faire une grosse chouille dans la maison d’une pote en bord de creuse !

On est déterminés, on a acheté notre poids en kro et en 33, la maison est blindée, la playlist est folle et on vient d’écouter l’album d’Arctic Monkeys 2 fois de suite.

C’est l’heure de mettre notre nouveau skeud préféré dans la chaîne hifi : The SubwaysYoung for Eternity.

Debout sur les tables, vazy que ça enlève les t-shirts et que ça renverse son verre partout, on braille, on a trouvé nos nouveaux hymnes Oh Yeaaaaaah !

Partie de caps dans la cuisine, ça marche pas droit, ça voit pas clair, machin a pris sa guitare I want to hear what you have got to say, mon dieu que ça chante mal !

Je sors prendre l’air, on entend With You à fond dans la rue les voisins sont ravis ! Tiens j’ai retrouvé mes potes, ils gerbent tous dans la creuse, qu’est-ce qu’on est bien y a pas à dire !

Dans le salon c’est l’apocalypse, j’enjambe les copains copines morts au combat, les casseaux de verre et le clebs qui sait pas trop ce qui se passe chez lui ! Je la vois, elle est dans l’entrée, j’ai zappé son nom, elle déchire, j’avale une kro et je vais la voir, c’est ma Rock’n’roll Queen !

GHINZU : Mirror Mirror

GHINZU – Mirror mirror
2009 – PIAS

Bien souvent, les plus belles rencontres sont le fruit du hasard. Ma découverte de Ghinzu fait partie de cette catégorie. Je me baladais un brin éméché dans un concert du Printemps de Bourges en avril 2009, où je venais principalement pour Birdy Nam Nam. Juste après eux, un groupe pour moi inconnu faisait la jonction entre ces pros des platines (qui ont déjà fait l’objet d’un lundispensable de ma part d’ailleurs) et Etienne de Crécy qui prenait le temps d’installer son énorme cube de 9m de haut en arrière scène.

Entre ces deux monstres de l’électro, les Belges de Ghinzu montent sur la grande scène du Printemps de Bourges. Je suis au fond de la salle dans mon état cotonneux et j’ai perdu tous mes potes. Sauf ma bouteille de mélange Gin/Schweppes agrumes, fermement agrippée à ma main droite, ma main gauche à la barrière de la régie façade. Autant vous dire que la suite de la soirée s’annonce difficile à gérer. Mais aussi incroyable que cela puisse paraître en ce genre de circonstance, je dû mon salut ce soir là à la Belgique.

Non pas la bière, non pas les frites, mais la POP Belge. Scène à laquelle je voue un amour sans nom depuis (Girls in Hawaii ma faiblesse, Balthazar mes idoles, Ghinzu mes dieux …). Le concert de Ghinzu est passé d’une traite, et j’aurais aimé qu’il ne finisse jamais. Une claque musicale et scénique comme on en vie que trop rarement. Avec des moments de défoulement purs, des moments d’émotions intenses, des moments lyriques à faire frissonner un phoque d’Alaska.

Bref, en sortant de ce live, je n’étais qu’amour et volupté. Peu de temps après, je me procurais le troisième album du groupe, Mirror Mirror, qu’ils étaient venu défendre sur le festival cette année là, et je le rongeais. Puis je les revoyais l’année d’après au Garorock, et l’émotion était toujours aussi intense.

Il y a quelques mois, Ghinzu a annoncé qu’ils repartaient sur les routes cet été après de longues années de silence. Autant vous dire que je les attends de pieds fermes, et que j’espère qu’un nouvel album verra bientôt le jour. Longue vie à Ghinzu, et longue vie à la Belgique !

LED ZEPPELIN – Led Zeppelin II

LED ZEPPELINLed Zeppelin II

1969, Atlantic Records

Ou comment passer de Henri Dès au hard-rock


Nous sommes en 1969.
En 1969 tout le monde connait le blues.
Musique noire, sulfureuse, mère musicale du XXème siècle, féconde et généreuse. Cette maman courage, brimée, humiliée, mais réhabilitée. Revenue en grâce, honorée grâce à ses enfants illégitimes, ces gamins nés de l’autre côté de l’Atlantique qu’elle a nourris par procuration. C’est le British blues explosion. Ces moutards affamés venus téter ce sein noir, et se nourrir du rythme ternaire comme ils boiraient le nectar divin.
En 1969 tout le monde connait le rock.
Les gamins turbulents de Maman Blues sont devenus grands. Pourtant en 1969, La foudre s’abat sur terre et fout un boucan du diable. Quatre musiciens surdoués venus de Londres se liguent pour foutre le feu à tes oreilles et faire place nette au fond de ta caboche. LED ZEPPELIN

En octobre 1969, à peine 10 mois après la sortie de leur premier album et alors en tournée américaine. C’est dans les bus, les avions, entre deux spliffs de beuh et quelques caisses de Jack Da’ que le quatuor fabrique ce deuxième album qui sera sobrement intitulé: II. La pochette du disque qui est aussi surnommée « Brown Bomber » représente une escadrille de chasse allemande de la Première Guerre Mondiale, la photo est d’abord mise en couleurs, puis les visages des quatre membres de Led Zeppelin (Jimmy Page, Robert Plant, John Paul Jones, John Bonham) y sont collés, ainsi que celui du manager du groupe Peter Grant et de celui des tournées Richard Cole. La femme présente sur la pochette est Glynis Johns, actrice jouant la mère dans le film Mary Poppins ; il s’agit d’un clin d’Å“il à l’ingénieur du son Glyn Johns. Le dernier visage ajouté est celui du bluesman Blind Willie Johnson.

Les enregistrements se font « on the road » et s’étalent sur deux continents (Londres, New York, Memphis, Los Angeles et Vancouver) au rythme soutenu de concerts interminables et de gueules de bois supersoniques. Dans cette virée musicale au pays de l’Oncle Sam, Page qui prendra en charge la production de l’album, fait appel à l’ingé’ son visionnaire Eddy Kramer (Electric Ladyland de Hendrix) pour lui filer un coup de main. Il s’agit clairement de l’album le moins bien produit du groupe, ça pue l’enregistrement à l’arrache, ce qui contraste avec tout le travail du 1er album beaucoup plus équilibré et lumineux. Ici, le son est sec et agressif, la guitare est sale, saturée, ça joue fort, c’est plus intense et c’est ce qui en fait en partie mon album préféré du Zeppelin.

Plus brut et hard rock que le 1er opus, délestant la folk et les influences psychédéliques, puisant encore plus dans les profondeurs du blues, le suramplifiant, encore plus dans la recréation du rock’n’roll pour en faire les premiers pas lourds du hard rock, cet album est un concentré de la virtuosité de chaque musicien du groupe, l’apothéose de 3 instruments et d’une voix reconnaissables entre mille:
des hymnes Led Zeppeliniens Lemon Song, HeartBreaker et ce riff monstrueux, la ligne de basse de Ramble On ou encore ce solo magistral de Bonham sur Moby Dick.
L’album se termine sur Bring it on home de Willie Dixon, Led Zep comme un doigt tendu bien haut revisite le blues, la folk, le rock, la country en 4’20 minutes, laissant aux autres groupes les yeux pour pleurer.

Les morceaux se suivent et ne débandent jamais. Le Zeppelin est au sommet: rock vénéneux et révolutionnaire, Page prend possession de ses jouets et mixe son blues avec l’innocence et l’originalité du débutant. Plant pose sa voix aiguë sur ces riffs de bonhomme et lui fait pousser des nichons, brouillant encore un peu plus les pistes. John Paul Jones impose tout le rythme de sa basse fluide qui vomit un flot de notes, et Bonham se charge de finir de déstructurer ce blues novateur, en en profitant pour détruite sa batterie 15 fois au passage.

C’est avec l’un des riffs gravés dans le marbre du rock’n’roll que se clôture ce lundispensable, le classique Whole Lotta Love.

IGGY POP – Lust for life

Iggy Pop : Lust for Life – 1977

Aujourd’hui, chers frères et sÅ“urs, je viens vous raconter l’histoire d’une rédemption. Une résurrection, même. Que dis-je, un miracle.
C’est l’histoire d’un iguane sauvé par un ex-extraterrestre. C’est l’histoire d’un album solo issu d’une trilogie.
C’est l’histoire de Lust For Life, le deuxième album solo d’Iggy Pop, sur lequel David Bowie occupe une place majeure.

Je vous assure, j’exagère pas, c’est Iggy Pop qui dit lui-même de Bowie :
«Ce type m’a sauvé de l’anéantissement professionnel et peut-être même personnel (…) Il m’a ressuscité ».

Ben ouais, après tant d’années à se remplir le nez de poudre et se couvrir le torse de beurre de cacahuète, l’iguane avait un peu pété les plombs. Alors il est parti se reposer pendant un an, et c’est Bowie qui est venu le chercher au fond de sa chambre capitonnée.

Et il a bien fait, sinon on n’aurait peut-être jamais entendu ce titre d’une ironie mordante :

Et cet album regorge de tubes absolus, bien que les grincheux pourront dire : « ouais Iggy Pop c’était bien à l’époque de Raw Power, quand il étaient vraiment punks, après c’est juste devenu de la pop new-wave ».

Nous pourrions entrer dans un long débat pour définir quelles sont les origines de la new wave pop post-punk, mais il paraît que j’ai plus que 3 minutes pour finir ma chronique. Mais pour consoler les grincheux, Raw Power pourrait faire l’objet d’un autre lundispensable prochainement !

Et honnêtement … le titre qui donne son nom à l’album, Lust For Life … c’est pas le meilleur jeu de batterie de tous les temps ?

En tout cas, même si Iggy Pop n’est que de passage, il aura pris le temps de marquer l’histoire du rock, et on souhaite que ça continue !

LAURYN HILL – The Miseducation of Lauryn Hill

10 ans après Tracy Chapman et son 1er album, un de mes précédents Lundispensables, voici une autre grande chanteuse et son 1er album.

Août 1998, tu allumes ta radio et tu entends : *The OffspringPretty Fly for a White Guy* _ *Eagle Eye CherrySave Tonight* _ *Back Street BoysEverybody* _ *The VerveBitter Sweet Symphony*… et parmis tout ça, tu trouves ça :

Doo Wop (That Thing) : le single du 1er album The Miseducation of Lauryn Hill de … Lauryn Hill, y’a pas de mystère c’est dit dans le titre.

Février 1999, seulement 6 mois après sa sortie, son album est nommé 10 fois aux Grammy Awards lui permettant de devenir la première artiste féminine à être nommée 10 fois la même année et elle gagnera 5 prix : Meilleur album de l’année (devant Madonna s’il vous plaît), Meilleur chanson R’n’B, Meilleure Performance Vocable Féminine de R’n’B et Meilleure Nouvel Artiste. Jackpot ! Lauryn Hill décrocha ainsi un nouveau record, en devenant la première femme à obtenir 5 Grammys en une seule nuit. Girl power !

Mais comment en est-elle arrivée là ?

Après des mois enfermée dans le Gong Studios à Kingston en Jamaïque, Lauryn Hill a émergé de l’ombre des Fugees, dans lequel elle était chanteuse principale, pour créer un document musical exceptionnel. Elle chante, rime, nous donne des ballades, chante l’amour pour les hommes, pour son premier fils Zion, petit fils de Bob Marley, auquel elle consacre une chanson : « To Zion« , en collaboration avec Carlos Santana pour la guitare. Un titre qui nous permet de rentrer dans l’intimité de Lauryn Hill et de son plein d’amour.
Elle parle aussi de son enfance dans le New Jersey et enveloppe le tout dans un son exquis : entre rap, hip-hop, funk, jazz et soul.

Lauryn Hill, c’est la reine de la vibe, la définition même du groove. Sa voix et ses paroles inspirantes, d’une beauté évidente mais aussi remplies d’émotions et de vérité nous perce en plein cÅ“ur et nous donne nous aussi envie de donner de l’amour autour de nous.

Tantôt plutôt rappeuse comme sur Final Hour ou Lost Ones,

tantôt plutôt soul comme sur Superstar, Lauryn Hill mélange les styles sur cet album qui la placera rapidement comme la référence pour les femmes noires, comme pour les artistes hip-hop féminines et plus globalement pour les femmes.

The Miseducation of Lauryn Hill, c’est l’album de hip-hop soul indispensable de votre discothèque, à écouter au soleil, sous la pluie, chez vous, chez des amis, sous la douche, en faisant la cuisine, enfin partout tout le temps, la preuve avec ce titre tout de suite, c’est To Zion :