GWAR – Scumdogs of the Universe

Aussi longtemps que je m’en souvienne, l’album dont je vais vous parler dans les minutes qui suivent a complètement chamboulé ma vie, ma façon d’être, mes idéaux, et la façon que j’avais d’aborder la musique, ou tout du moins, ce que je pensais être la bonne façon d’aborder la musique.

A l’époque donc, Seconde 8 au Lycéé Paul Louis Courier de Tours, je ne jurais que par Iron Maiden et les Guns. J’étais à ce moment là dans mes balbutiements de fan de death metal, ayant découvert peu de temps auparavant des chefs d’oeuvre absolus comme « Clandestine  »  d’Entombed, « Descanting the insalabrious » de Carcass ou « For god your soul…for me your flesh » des Autrichiens de Pungent Stench. Un jour, un mec prénommé Matthieu, chanteur à l’époque du meilleur groupe de death metal de tours, Puscunt, me passe dans la file d’attente du réfectoire une k7 d’un groupe déguisé, GWAR, et l’album « Scumdogs of the Universe », que j’avais aperçu et je ne m’en suis souvenu qu’à ce moment là, dans un reportage sur Tracks, sans savoir à ce moment là, que ce groupe allait devenir un sacerdoce pour moi !

2eme album donc de ce groupe Américain de Richmond en Virginie, l’autre pays du tabac, avec des costumes grandioses, faits maison, puisque les mecs à la base sont issus d’une école d’art de Richmond, et de création de costumes pour le cinéma en particulier ! Des mecs se disant extraterrestres venus d’une planète lointaine pour asservir l’humanité à grands coups d’insanités, de coups d ‘épée dans la tronche, d’orgies que même Caligula trouverait odieuses, d’utilisation de drogues de tout type, et de destruction du nazisme, haine principale du chanteur Dave Brockie, alias Oderus Urungus. Car bien évidemment, le mecs ont tous des noms de scènes, permettant de changer éventuellement les humains sous les masques sans que nous pauvres fans assidus nous nous rendions compte de quoi que ce soit

Et la musique dans tout ça demande le con au fond à gauche. Ben c’est assez compliqué finalement. Le morceau « Slaugterama » par exemple que vous écoutez en fond est un jeu télévisé où les candidats doivent tuer des hippies, et des nazis. Donc morceau débile, je vous l’accorde, mais y’a ca aussi :

et ça :

…Sorte de métal hardcore hybride, crade fait par des mecs fous, certes, mais bien conscient qu’ils sont en train d’inventer un truc, tellement subversifs que même le tristement célèbre PMRC, le comité de censure américain, réac et catho, dirigée par l’épouse du futur candidat à la Maison Blanche, Al Gore, s’attaque au groupe essayant coûte coûte sans succès d’interdire toute « représentation en public ».

Et moi dans tout ça, ben, je me suis mis en quête d’acheter tous les autres albums, même le premier, « Hell-O » qui est pas terrible hein ? mais y’a une chanson dedans qui s’appelle « je m’appelle Jacques Cousteau » qui dit en gros que Cousteau est un gros motherfucker parce qu’à cause de ses émissions et de ses documentaires à la con il a amené la civilisation en Antarctique, Terre qui aurait dû rester vierge de tout contact de ces gros connards d’Humains qui polluent tout et finissent par entraiîner la chute d’espèces animales jusque là préservées, puisque Gwar déteste tout le monde, par contre ont un amour inconditionnel pour les pingouins, allez savoir pourquoi ! Oderus Urungus, Beefcake the mighty, Balzac the jaws of death, Gizmak the gusher, Sexecutionner, Flattus Maximus etSlymenstra Hymen, vous avez fait de moi un non croyant, un anti nazi, un punk gaucho en colère contre le monde, amoureux des baleines, vous avez fait de moi un homme qui, quand il se regarde dans la glace tous les matins du haut de ses 40 bal…Que dis je 32 balais (haha), est fier de ce que sa vie est devenue, et tout ça, c’est grâce à vous, bande de connards pourritures de l’univers. Je vous aime, allez en enfer !

TV On The Radio – Return to Cookie Mountain

TV ON THE RADIO – Return to Cookie Mountain /4AD / 2006

_ En cette fin d’été 2016, je profite de ce lundispensable pur fêter les 10 ans d’un album fou d’un des groupes les plus influents des 2000’s ! _

On est en 2008, je débarque tout juste à la fac, je bois de la bière bon marché en canette et je découvre plein de nouveaux trucs géniaux, affichés sur les murs des piaules, de gens plus cool que moi.

Un nom en particulier m’intrigue, je connais sans connaitre, pour moi c’est les dieux de l’underground, pour d’autres des vendus : TV ON THE RADIO.

Cette année-là, pour noël on m’offre l’album parfait, (je crois qu’elle l’a chouré à la Fnac), il s’appelle Return to Cookie Mountain et il est magnifique.

New-York, Brooklyn et son armée de hipsters, c’est au milieu de ça que Tunde Adebimpe, Kyp Malone, David Andrew Sitek et Gerard Smith (tragiquement disparu en 2011) sort leur 2ème opus et font exploser 2006 dans un grand fracas de pop expérimentale, empreint de soul et de rock psychédélique.

Une fois le 1er morceau enclenché dans ma grosse chaîne HIFI, plus rien ne fut jamais pareil !

Le talent des new yorkais n’a pas échappé à certains beaux noms du milieu, dès le deuxième morceau, Hours, on retrouve la voix belle et pure de Kazu Makino de Blonde Redhead.

La guest list d’honneur ne s’arrête pas là puisque lors de l’enregistrement de l’album Mr. David Bowie en personne les a contacté pour prêter sa voix à un des morceaux : Province !

On s’autorise aussi des passages plus minimalistes et moins épiques mais tout aussi intenses, comme c’est le cas avec A Method tout en sifflement, en voix et en claquements de main.

Et puis s’ensuit la rage tribale sans retenue, genre de chorale satanique, Let the Devil in !

Le talent de TV ON THE RADIO c’est aussi le côté inclassable et tout à fait hybride de certaines compositions. Leur morceau psychédéliquement fou qui donne envie de faire des cÅ“urs avec les mains, avec les yeux et putain même avec les pieds, le sublime Wash the Day Away clôt magistralement l’album !

Et puis il faut toujours un tube même chez les groupes ultra indés, un groupe de pop aussi zarbi soit-il, se doit de gifler l’auditoire avec une grosse pépite.
Mais ce qui est super avec nos new yorkais c’est que même les tubes rock, ont toujours de vrais morceaux d’expérimentation dedans !

Machine à souvenirs, ce morceau prend une place importante dans mon paquet de madeleine de Proust. Avec le frangin, ivres dans des soirées, dans les hauts parleurs pourris de ma vago, dans nos piaules chez les parents… on a esquinté le morceau en chantant faux, dingues comme des loups sauvages !

D’ailleurs allez je lui dédicace la chanson, Wolf like me putain !

ROYAL BLOOD – Royal Blood

Lundispensable Royal blood

Hey ! Comme vous l’avez compris on repart pour un nouveau lundispensable. Et une fois n’est pas coutume je vais parler d’un truc plutôt récent. Un groupe qui n’a qu’un seul album à son actif, sorti en 2014 : Royal Blood. Un nom peut être inconnu encore pour vous mais si vous êtes fan de gros son ouvrez vos esgourdes.

Royal blood est un duo de Brighton en Angleterre composé de Mike Kerr au chant et à la basse et Ben Thatcher à la batterie : deux potes du lycée qui se sont retrouvés pour former un groupe de rock. La bonne vieille histoire… Et les deux comparses sont plutôt bourrins dans le genre.

Royal Blood s’est formé en 2013 et a vite commencé à faire parler de lui. Notamment avec la première partie des Artic monkeys. Puis la BBC et Foo Fighters ont soutenu le projet et c’était parti. Un seul album et déjà une grosse tournée de faite en 2014 (Download festival, Glastonbury et Rock en seine). Deux morceaux classés premiers dans les charts du rock anglais. Tranquille quoi. Les mecs sont arrivés et ont foutu une grosse torgnole à tout le monde. On m’a notamment parlé de leur passage au 22 d’Auron du Printemps de Bourges et de la puissance du live. Car oui, c’est le point qui me fait le plus kiffer de ce groupe : la puissance qu’ils arrivent à dégager sur album ou sur scène alors qu’ils ne sont que deux.

Une composition ultra efficace. Ce n’est pas du psyché loin de là, mais ça tape, ça résonne directement et on a envie de marquer le rythme avec tout et n’importe quoi. A coup de pied, de tête ou de pelle. Un autre point assez impressionnant, c’est l’osmose du duo. Mike Kerr, le chanteur bassiste, arrive à faire oublier qu’il n’y pas un pet de guitare, car il les remplace avec tout un attirail de pédales et d’amplis. Et le pire c’est qu’il arrive à te faire la guitare rythmique et un solo en même temps. Cet album Royal Blood de Royal Blood est pour moi indispensable de par son efficacité, sa justesse et aussi son originalité. J’attends impatiemment la suite de ce projet et j’espère peut être faire dans quelques années un autre lundispensable sur Royal Blood.

THE TING TINGS – We started nothing

Aujourd’hui on va en 2008. En Mai 2008, à l’époque où Rihanna et Madonna se font détrôner par le groupe The Ting Tings et leur premier album « We Started Nothing ».

Duo originaire de Salford, composé de Katie White – au chant, à la guitare et à la base – et de Jules De Martino – à la batterie, à la guitare et aux chÅ“urs – le duo est vite qualifié de nouvelle fine lame décomplexée de la pop anglaise. Une pop contemporaine à base de tempos métronomiques et de guitares frétillantes sur lesquels sont généreusement déversées des mélodies pop délurées et des structures plutôt excentriques.

Avant de s’appeler The Ting Tings, ce nom très hype puisqu’il cumule à la fois le “The” de tout bon groupe de pop et du doublement adopté entre autre par les Yeah Yeah Yeahs ou les Poney Poney, ces deux Anglais jouaient à trois dans Dear Eskiimo lorsque leur label les a lâchés. Traumatisante mais banale, cette expérience les a poussés à vouloir à tout prix préserver leur intégrité et n’en faire qu’à leur tête. Grâce à ça ils réussiront un coup de maître : enregistrer à partir de bric et de broc, dans un esprit très lo-fi, dix chansons ultra accessibles qui donnent des fourmis dans les jambes. Les Ting Tings n’ont pas inventé le style, d’ailleurs le titre de l’album, We Started Nothing, « Nous n’avons rien commencé » annonce clairement leurs ambitions modestes, mais armés d’un enthousiasme contagieux et d’une poignée de singles, ils savent remarquablement bien mettre le feu aux poudres.

Sexy et flashy, l’album commence sur les deux singles « Great DJ » qui va à la limite de l’ironie de la chanson pop avec tous ses « ha ha ha ha », et « That’s not my name » avec un rythme hyper tonique sur lequel notre corps se sent obligé de bouger. Ils abattent les barrières des genres musicaux et conçoivent à quatre mains des hymnes jubilatoires, désarmant de simplicité.
Tellement prenant qu’on entendra beaucoup de leur titre dans des publicités.

« Shut up and Let me go » sera par exemple utilisé pour la promotion de mp3 au logo de pomme, d’une boisson orange à bulles, d’une crème dessert. Great DJ pour un gel complètement Béton, et encore l’année dernière « That’s Not my name » a été utilisé pour la promo d’une mythique boisson américaine. Et pourquoi ? Parce que The Tings Tings c’est de la musique des jeunes qui s’amusent et qui ont la joie de vivre ! Comme moi quand j’ai écouté pour la première fois cet album.

Au final, « We started Nothing » ne réinvente rien du genre, mais il restera pour moi un très bon album, accroché à son époque certes, mais que j’aime à réécouter comme j’aime à regarder un classique du cinéma en me disant « Wouah c’est vieux, mais wouah c’est bien ».

Allez, j’ai envie de vous laisser avec un titre qu’on écoute beaucoup moins, qu’on a peut-être oublié, c’est « Be The One » :

SLOWDIVE – Souvlaki

2008 c’est le début de la FAC. Bien avant les blocus, les manifs et les AG, je me goinfre de bouquins et de films de manière intensive. Un soir, elle me fait découvrir Gregg Araki, Mysterious Skin.

Amour total de tous ses films et de leurs bandes son. J’ai arrêté de la voir, j’ai continué Araki, j’ai dévoré Slowdive.

Pour eux tout commence en 1989, deux amis d’enfance Neil Hastead et Rachell Goswell, amoureux des Smiths, des Cocteau Twins et de My Bloody Valentine, jouent le plus beau et le plus aérien des Shoegazing.

En mai 1993, ils sortent Souvlaki, album fou et chef d’Å“uvre du genre… boudé à sa sortie. Le grunge bouche la vue et les oreilles de tous, tout le monde s’en branle du Shoegaze, Nirvana supplante sans effort les Ride et autres My Bloody Valentine.

Mauvais timing et c’est la chute, en 1995 les Slowdive se font gicler du label Creation et s’arrêtent sur un album très minimaliste et plus électro : Pygmalion.
De gros ringards des 90’s ils sont passés avec les années au statut de groupe culte et Souvlaki au rang d’album de référence du shoegazing/dream pop.

Shoegaze ça veut dire regarder ses baskets défoncées et appuyer fort sur des pédales fuzz. Pendant ce temps le public et l’auditeur un peu stone regarde en l’air loin, loin, loin… vers la Souvlaki Space Station

C’est aussi la pesanteur d’un soleil de plomb qui vous laisse suintant, siestant comme un gros lézard sous des vagues de chaleur, la version soft et belle des flammes/flemmes de l’enfer

Souvlaki de Slowdive c’est l’album parfait post-trilogie du samedi à écouter en pensant à Buffy
Ça vous laisse fatigué, apaisé et heureux.

La légende voudrait qu’on puisse communiquer avec les aliens dans ses rêves si l’on écoute So tired avant de s’endormir…

BJÖRK – Homogenic

Aujourd’hui, le Lundispensable vous emmène en Islande ! Et du coup, citez-moi une chanteuse islandaise … gagné, c’est de Björk que je vous parle, et de son quatrième album studio, Homogenic, sorti en 1997.

Björk a voulu écrire la musique traditionnelle islandaise à elle toute seule, rien que ça. En même temps, la musique était assez peu développée avant le XIXème siècle en Islande. L’Eglise a en effet limité le développement des musiques populaires, seules les musiques religieuses étant autorisées. Mais dans cet album, certains titres de Björk sont assez mystiques, comme All Neon Like : elle en dit elle-même : “Le morceau était d’abord intitulé « Techno Prayer ». Une prière moderne. Vous fermez les yeux et imaginez une sorte de faisceau laser internet tout le long du chemin qui vous sépare de la personne que vous aimez. Et puis vous lui souhaitez tout le bien possible.”

Cet album a été d’abord imaginé en Angleterre, où Björk vivait à l’époque. Mais Björk est harcelée par les paparazzis londoniens, elle décide alors de partir en Espagne et c’est là qu’elle compose « All Is Full Of Love ». Elle dit à propos de ce départ : « J’avais voyagé pendant 4 ans comme une malade. J’étais comme Bruce Willis dans Die Hard. Puis je me suis arrêté en Espagne. C’est comme un jour ensoleillé après que les nuages ont déversé toute leur flotte ».

Si cet album m’a tant marqué, c’est à la fois pour ce que Björk est capable de faire avec sa voix, mais aussi pour le travail de production et pour les nombreuses expérimentations qu’on y entend. Au total, une cinquantaine de musiciens a travaillé sur cet album.
Björk demande aussi à Mark Bell, du duo LFO, d’enregistrer différents sons et rythmes qui pourraient évoquer les geysers et les volcans islandais. A propos du travail du producteur sur le titre “Pluto”, elle dit : « Mark Bell peut faire avec une machine ce qu’Hendrix faisait avec une guitare. »

Cet album de Björk, Homogenic, est considéré comme son album le plus mature, et c’est aussi le plus connu, en particulier le titre “Bachelorette”, qui raconte l’histoire de “cette femme qui est devenue adulte et retourne à la ville pour se confronter aux autres grâce à l’amour”, comme le dit la compositrice.

JUDAS PRIEST – Painkiller

Nous sommes en 90, Les Anglais de Judas Priest n’en sont pas à leur coup d’essai puisque Painkiller est le douzième album du groupe. C’est aussi le premier album du groupe avec Scott Travis comme batteur, à la suite du départ de Dave Holland, et surtout le dernier avec l’immense Rob Halford, mais j’y reviens un peu plus tard.
L’album précédent, « RAM IT DOWN » s’étant ramassé, qui avait été une tentative de réconciliation avec les fans après l’expérimental « Turbo » qui est pourtant relativement génial mais effectivement énormément haï par les fans du groupe considérés comme les plus durs à convaincre dans le milieu du heavy Métal, comme en témoignera le sujet d’après.

L’album est vu comme un disque fondateur du speed metal et il influença fortement les groupes européens de power metal comme Gamma Ray, Primal Fear ou encore les Allemands d’Helloween.
Après la tournée qui a suivi cet album, le chanteur Rob Halford a quitté le groupe, prétextant une lassitude des tournées incessantes et des douleurs au dos il voulait surtout former un autre groupe du Nom de Fight, avec le futur guitariste de Steel Panther dedans, oui monsieur, oui madame !

Ce départ était surtout dû aux tensions de plus en plus fortes au sein du groupe attribuées à l’homosexualité de Rob Halford, il a fait son coming out au milieu des années 80. Je vous parlais des fans il y a quelques secondes, hé bien figurez que des fans de la première heure ont brûlé leurs disques de Judas parce qu’ils ne supportaient pas, je cite « …que le chanteur de leur groupe préféré soit un pédé ! »… Y’a des cons partout !!

Quant au titre, Le Painkiller est décrit comme un messie de métal envoyé sur Terre pour détruire les démons et sauver l’humanité de la destruction. Ce qui en fait un ange rédempteur, un peu comme Jason Voorhees dans vendredi 13 qui exècre par-dessus tout les gens qui font l’amour et qui boivent de la bière . On est pas dans la merde chers Humains.
Et pour une anecdote totalement personnelle, sachez qu’à l’époque, ado mal dans sa peau et boutonneux que j’étais , armé de mon plus beau walkman rouge, j’alternais deux albums, seulement deux, j’avais pas de fric le « Piece of Mind » d’ Iron Maiden, et le « Painkiller » de Judas Priest, jusqu’au jour où les Dieux du Métal ont décidé que mon walkman ne s’ouvrirait plus jamais, emprisonnant pour l’éternité la K7 de Painkiller à l’intèrieur, et me condamnant, rien que d’y penser, c’est trop cool, à écouter en non-stop cette tuerie de Judas Priest qui reste à mes yeux le meilleur album du groupe.

Et la pochette est tellement cool, on se croirait dans le dernier Mad Max, avec les flammes, la Harley Davidson avec son châssis en forme de dragon et des scies circulaires en guise de roues, ce serait pas génial ça d’aller à un concert au guidon de cette machine démoniaque ? Je la commande dès maintenant sur E bay, avec un peu de chance, je l’aurai pour le Aucard 2017 !

CURTIS MAYFIELD – Superfly

CURTIS MAYFIELD – Superfly

1972 – Custom Records

Soul Power !


Parlons cinéma et d’un genre américain des 70’s, le Black Exploitation. Courant cinématographique où les afro-américains occupent les premiers rôles et redorent le blason d’une population souvent délaissée par Hollywood.
En 72, sort Super Fly, film de Gordon park JR. Drôle de héros. Il s’appelle Priest (le « prêtre »), il est noir, joueur et flambeur, se sape comme un mac, roule en Cadillac pour vendre sa coke dans les rues de New York.

A l’époque, on n’a jamais vu ça et les cinémas refusent du monde. Personne n’y croyait pourtant. A l’orée des années 70, Superfly est réalisé avec de l’argent avancé par quelques riches mécènes de la communauté noire américaine. Le film se tourne dans la rue et dans les appartements qu’on veut bien prêter. La Cadillac, elle-même, est mise à disposition par un petit gangster de Harlem.On laissera le soin à l’équipe de Bande Annonce de faire la critique du film qui n’est pas une référence du genre . Pour tout dire, il n’y qu’une seule chose de vraiment réussi dans ce film, c’est la BO.

Et ici, c’est Curtis Mayfiel qui s’en charge. Passage obligatoire pour les grandes figures de la musique black, Peu feront pourtant de cet exercice un moment marquant de leur carrière. Isaac HAYES et Curtis MAYFIELD font presque figure d’exception puisque c’est avec leur best seller Shaft et Superfly qu’ils sont connus du grand public.

Superfly fut un pionnier parmi les albums concept dans la musique soul. Un album 100% funk & soul, où Curtis Mayfield y dénonce les dealers qui sont les nouveaux esclavagistes de la jeune société métissée américaine dans un disque remarquable de constance et d’homogénéité. Tous les titres sont solides. Tous possèdent une idée forte exploitée avec intelligence. « Junkie Chase » est un générique de rêve pour toute bonne série télé qui se respecte. « Freddies Dead » déroule un funk cool et classieux que n’aurait pas renié PARLIAMENT. « Pusherman » et son texte malicieux sur des dealers prend toute sa dimension avec le diaporama de Gordon Parks. « Give Me Your Love » et « Think » enfin perpétuent une veine plus sentimentale sans rompre le ton urbain du disque. Mention spéciale à « Give me your love », titre sensuel qui peut faire exploser le thermostat.

Le musicien y affirme aussi son goût pour la précision des arrangements. Cuivres, cordes, percussions, guitares et claviers sont assemblés avec un soin méticuleux. Ce disque montre une musique très réfléchie où la maîtrise l’emporte sur la fraîcheur. Les orchestrations sont millimétrées, les chansons calibrées. Alors que la bande son est enregistrée pour trois fois rien dans un studio de Chicago, où cinquante musiciens apprennent à tenir dans un mouchoir de poche.

Quoiqu’il en soit, Superfly est considéré comme l’une des meilleures B.O. blaxploitation et plus largement comme le meilleur MAYFIELD. Curtis donne ici de l’efficacité à sa musique tout en restant fidèle au son chicagoan. Il donne surtout un sérieux coup de pouce à sa renommée en marquant d’une pierre noire l’histoire de la musique de film. Il devient en 1972 l’égal d’un Stevie WONDER ou d’un Marvin GAYE en terme de popularité.

Au même titre qu’un « What’s going on » de Marvin Gaye ou encore « Innervision » de Stevie Wonder , Superfly, fait office d’Å“uvre majeur dans l’histoire de la soul music. Tombé dessus en fouillant dans les bac de vinyles du cousin, cet album fut un claque instanté pour moi. Classic Soul incontournable, intemporel et conclusion parfaite, je vous laisse avec le titre Superfly , la chanson de cet BO avec son refrain sombre et lancinant, celui d’une Amérique noire qui bascule dans le désespoir et les tactiques de survie meurtrières.

STUPEFLIP – The Hypnoflip Invasion

Bon il est temps. Plus d’un an à Radio Béton et à faire des Lundispensables. Dès le premier j’ai direct pensé à ce que je vais vous présenter. Un an avant de me décider de mettre les pieds dans le plat. La peur clouait mon stylo au bureau tel la gravité proche d’un trou noir.
Je parle du Stup. La religion, le crew, l’emblème. Et surtout une fan base extrêmement virulente d’où ma peur de mal mettre en valeur ce groupe et de recevoir une tête de cheval dans mon pieu. Stupeflip, qui est pour moi un des projets français les plus intéressant. Un univers entier, qui après plusieurs années me colle toujours à la peau. Rage infantile. Rage et encore de la rage. Kinju aka Julien Barthélémy, l’instigateur de tout ça, mais attention il est bien entouré. Le Stup crew contient entre autre Cadillac, Mc Salo, Dr Vince.

J’ai pas envie de tout raconter. Ce qui me rend le plus ouf c’est l’interprétation que l’on peut faire de ce projet. Et surtout l’impact qu’il a eu sur certaines personnes (dont moi).

Alors pourquoi Hypnoflip invasion, le dernier album sorti en 2010. Dernier album mais pas dernière sortie : Terrora maxi (sorti en 2012), est officiellement la dernière sortie du crew Stupeflip. Donc Hypnoflip Invasion : 3ème album. Les trois albums sont tous bien, je ne peux pas en mettre un devant l’autre. J’ai choisi Hypnoflip Invasion pour deux raisons :

1 > C’est le premier que j’ai vraiment écouté de A à Z, car oui, les albums de Stupeflip sont de vrais albums qui se commencent de la piste 1 jusqu’à la dernière. Faire autrement enlève une part de l’intérêt (sachant qu’il y a des interludes rigolotes)
2 > L’hymne Stupeflip vite.

J’accélère un peu car je sens que je vais exploser les timings donc intéressons-nous à l’album en lui même. L’album commence avec la fin du dernier album et ça ben ça marche bien. Et à la fin de l’intro commence le putain de morceau qui donne des frissons. Stupeflip vite, qui est samplé d’un morceau de Weber : Der Freischütz Overture. Il a samplé à peu près 3s d’une montée d’un morceau de 10mn. Du génie. Des paroles dignent d’un hymne. Mon hymne.
Enfer et damnation chaque titre mérite de se pencher dessus mais time is running out.

Petit point aussi, le groupe a un trouble de la personalité multiple. Par exemple Pop Hip, représentation du côté efficace et commercial de Sir King Ju. Et justement en général, il fait sa petite apparition et là c’est parti pour le tube bien kitsch Gaëlle.

J’accélère j’ai d’autre truc à vous faire écouter. Je ne parle pas de tous les morceaux mais ils sont tous méga over géniaux.
Check Da Crou, plus vénère, une instru qui m’a direct plu. Un gros riff de guitare, un flow un peu agressif, un côté un peu métal qui m’a bien plu. Un refrain qui m’a fait user mes cordes vocales.
L’enfer de faire un tri. Par exemple la Lettre à Mylène est une tranche de rire assurée. Même si je sens encore le sérieux de Kinju.

Bon je me permets encore deux titres : Gem lé moch. Un classique et ce morceau parle de lui même.

Et l’autre chef d’oeuvre pour moi de l’album : Apocalypse 894. Je sais même pas quoi en dire. C’est juste bien.

Alors bon, 21 titres je peux pas faire le tour et certaine personne doivent déjà rager. Du coup je vous renvoi écouter Hater’s killah. Que j’aime beaucoup aussi. Je pourrais continuer longtemps et même parler des interludes qui sont folles.

Et pour finir je vais mettre le morceau en entier du Spleen des petits, car je m’y reconnais et qu’en plus la dernière partie me mets automatiquement des frissons. Je vous quitte et je vous cri vengeance.

PUPPETMASTAZ – Creature Shock Radio

PUPPETMASTAZ – Creature Shock Radio

2006 – Vicious Circle

Un lundispensable, ça peut vous tomber dessus n’importe quand. Mais plus particulièrement quand t’es un jeune qui se retrouve embarqué sans trop savoir comment à traverser la France avec une bande de potes que tu connais depuis pas plus de deux jours. Et hop, tu te retrouve serré à trois à l’arrière d’une R5, ta tente Quechua sur les genoux, et une bière tiède qui tente de surnager entre le bordel ambiant et ma bouche sèche.

Et dans l’autoradio, ça révise la programmation du weekend. Je ne sais plus à quel festival on allait, ni où il était situé géographiquement. C’était de cette époque ou chaque weekend on se retrouvait sur une plaine, devant des concerts, dans un camping à faire des jeux à boire toute l’après midi sans une parcelle d’ombre. C’était bien.

On révise donc et le disque des Puppetmastaz arrive bien vite dans le mange disque. Mes compagnons de fortune sont d’ailleurs tous très excités à l’idée d’aller les voir. On me brief : « C’est super fun. C’est des marionnettes qui font du gros hip hop ».
Bon, j’ose rien dire, mais là comme ça, de base, je visualise bof. La marionnette j’aimais bien quand j’étais petit et que je prévenais (à chaque fois juste à temps) Guignol qu’un type chelou avec un gourdin s’apprêtait à lui taper sur le coin du crâne. Là, d’accord. Mais du hip hop ? Quoi, Guignol il toast ?

Et puis moi le hip hop, j’y connaissais rien. J’avais même quelques à priori. A part Eminem, ça me causais pas trop. Mais dès les premiers titres, j’ai eu envie de finir ma bière cul sec et de frapper mes voisins avec ma tente Quechua. Bordel, ça claque !

Le concert fût d’ailleurs à la hauteur de cette première approche disque. Un concert les mains en l’air, en quête du Bronx (ouais mais ils sont de Berlin abruti). Ce disque est assez énorme et montre une grande capacité de flow comme de production. Aux titres un peu West Coast, lents et badass (style Martian juice par exemple)

Ou aux titres carrément kitch et funk (Puppetmaaaaad)

Et ceux qui donne envie de tout casser et de bouncer jusqu’au plafond, cet album à tout pour conquérir les oreilles d’un néophyte du hip hop tel que je l’étais à l’époque. Je le garde toujours prêt de mon cÅ“ur, en souvenir de ce trajet en R5 sur la route des festivals, à la découverte de tout un tas de lundispensables à venir. Qu’elle est belle, une oreille innocente en pleine construction !