BURNING HEADS – Dive

Des fois quand j’y repense, je me dis qu’il est bon d’être curieux dans la vie. Années 90, Lycée Paul-Louis Courier, de Tours. J’avais mon premier groupe, du Death, un groupe tout naze qui s’appelait Gorthol. A cette époque là, ma veste en jeans patchée Iron Maiden et Carcass était la plus belle de toutes, et je n’écoutais que ça d’ailleurs, du thrash et du death (ah non, et du TOTO aussi, mais ça j’en ai déjà parlé dans un précédent Lundispensable).

Les croix retournées dans ma chambre et en pendentif effrayaient ma mère, les albums de Morgoth tournaient en boucle sur ma chaine de marque Mamouth.

Années 90, arrivée d’un groupe Français dans ma platine, comme ça par hasard, les Orléanais de Burning Heads – Je ne vous parlerai pas du 1er, et du fait qu’après la sortie de cet album, je les ai vu 12 fois je crois – Je vais m’éterniser sur leur second, DIVE !

94, je suis sur le point de rentrer à la fac, Gorthol est terminé, et j’ai un autre groupe. J’écoute DIVE pour la première fois, puis en fait, je me dis que j’allais me le refaire une seconde fois. Je tombe amoureux de « Reaction« , j’apprends par coeur les parole de « help« , les « Leave me, set me free » du « I don’t like your party » me donnent envie de tuer des gens et de jouer d’la guitare, le riff génialement punk de « Xtra stwrong » me rend dingue. Et là je me dis que les meilleurs groupes du monde sont Carcass, Entombed et Burning Heads !

Les Burning que je suivrais, que je suivais jusqu’en enfer, même jusqu’à un festoche que seuls les vieux se souviennent, à côté de Limoges, le Megafolies, j’avais une superbe 305 Break à l’époque. Les Burning se retrouvent là, jouant leur set sous la pluie, après Napalm Death, où ils jouèrent pour la première fois « Piece of cake » . Les métalleux ne comprirent pas la présence de ces skateurs dreadeux – Au Diable les ignorants ! Ils donnèrent une leçon à la terre entière, et rentrèrent définitivement dans ma tête, faisant du collier à boules et les vans la mode la plus cool depuis le bandana autour du poignet à la AHA.

Et faisant du bonhomme qui jongle avec le feu le plus beau tatouage que j’ai décidé de me faire, pour que je puisse les emmener avec moi jusque dans les lymbes de je ne sais où ! Mes yeux pleurent rien qu’en pensant à ces 13 morceaux de bravoure qui ont changé ma vie !

BLOC PARTY – Silent Alarm

2005, y’a dix ans. J’ai 16 ans et c’est l’excitation du début des années lycée. Les premières bières et les premiers concerts. Je commence à fréquenter quelques musiciens, à défaut d’en faire moi-même. Quelques connaissances en pleine hype montent un groupe de reprises de pop. De brit pop même. C’est la grande époque des 1er albums explosifs de Franz Ferdinand, The Subways, Jet, The Vines et consorts.

C’est à l’un des concerts de ce groupe que j’entends pour la première fois un morceau de Bloc Party. Même plus ou moins massacré par mes potes, ça me bluff. On me file discrètement une copie illégale de l’album Silent Alarm dans un coin sombre de la cours de récré, que je glisse le soir même sur le chemin du retour dans mon baladeur CD (le même qui m’a fait découvrir Arcade Fire, béni soit-il).

La claque est instantanée. Une énergie folle se dégage du titre d’ouverture : Like Eating Glass. Il y a une froideur qui se dégage de ce morceau qui lui confère un statut vraiment particulier, assez hors du temps, porté par la voix haut-perchée et inimitable du charismatique Kele Okereke. Les sons de la batterie sont ultra secs et bruts, la guitare toujours dans les aigus. C’est complètement fou, la batterie fait taper du pied, la guitare papillonne dans mon ventre, et la voix ne quitte pas le haut de mon crâne. Un expérience complètement physique de la tête aux pieds.

Alors que la dernière note finit de résonner, encore abasourdi, l’enchaînement est immédiat. Avec LE tube de l’album : l’immortel Helicopter. Le rythme se fait encore plus enlevé, dès les premières notes. Je ne sais plus où j’habite, j’ai envie de me jeter dans un pogo avec les arbres qui bordes le chemin, de faire un slam sur les voitures, d’écraser le caniche de la voisine. Le morceau réveille quelque chose de clairement animal en moi, et je crains d’arracher mes vêtements en pleine rue quand, enfin, le calme salvateur arrive avec le troisième titre, plutôt bien choisi vu mon état : Positive Tension. Comme si le groupe avait pitié de nous, la tension retombe mais pour une courte durée seulement. Bonjour l’explosion du crâne sur le break après la montée folle à la moitié du morceau.

Je vais passer sur les autres titres complètement fous que tout le monde connait comme Banquet, ou des chansons plus pop du style This Modern Love. Je ne sais pas si c’est la patine nostalgique du temps qui fait ça, mais chaque morceau réveille en moi un sentiment bien particulier, et aucun ne me laisse encore aujourd’hui indifférent. Le groupe n’a jamais réussi à revenir à cet énergie brute qui se dégage de Silent Alarm, malgré une discographie aujourd’hui imposante. Il y a des éclairs de génie impossibles à reproduire, et qui marquent une vie. C’est le cas de ce premier album des Bloc Party, à jamais dans ma discographie idéale.

NICK CAVE AND THE BAD SEEDS – Let Love in

It’s Dirty end of Winter…cette phrase pourrait illustrer l’oeuvre de Nick Cave. Ce vers, tiré de Loom of the land, croque parfaitement l’univers frois et triste que nous fait partager Nick Cave dans la plupart de ses albums première période. Il y a Nick Cave, mais aussi les Bad Seeds, Blixa Bargeld, génie incompris du groupe, restera en retrait avant de s’émanciper et de quitter la formation pour se consacrer pleinement au groupe indus EINSTURZEINDE NEUBAUTEN. Mick Harvey, un autre membre important du groupe multi-instrumentiste sera aussi à l’origine du succès.

1989, j’ai mon billet pour voir THE POGUES au Printemps de Bourges, la soirée va être festive gig et arrosée, j’adore ce groupe de Punk Irlandais reprenant les standards du folklore façon punk rock.

La première partie est annoncée, je traduis Nicolas Grotte et les mauvaises graines, mouais, pourquoi pas, c’est donc Nick Cave and the bad seeds qui ouvre ce magnifique concert. Je venais pour les Pogues, et j’ai été autant ravi par la première partie. Cet électrique homme en noir qui court d’un bout à l’autre de la scène me subjugue. C’est dans un magazine l’Hiver suivant, que je retrouve trace du bonhomme. J’achète alors Henri’s Dream et Kicking against the pricks. La noiceur de ces albums est en harmonie avec mes humeurs du moment. J’aime l’artiste, mais je décroche parfois devant la mélancolie des musiques.

L’Univers de Nick cave est pavé de meurtriers, de larmes, de malheurs et de tristesses, mais aussi parfois de purs moments de bonheur. Lors de la naissance de son fils, une luminosité intangible est venue éclairer les déserts absous de son répertoire. Très proche de l’Unvivers destructuré du BAUHAUS, et de l’Allemagne meurtrie d’après-guerre, Nick cave aime nous faire vivre ses ambiances particulières. Le groupe jouera dans le film plein d’espérance de Wim Wenders, « Les ailes du désir » avec Peter Falk, connu comme l’Inspecteur Columbo.

Et puis arrive Let Love in , 8ème album sorti le 18 avril 1994, une bouffée de fraicheur optimiste, des chants et des mélodies moins tranchés. Ce n’est pas la joie de vivre, mais c’est plus convivial si je puis dire, et le voix de Nick cave est posée, l’attitude du crooner est là, et j’aime ça ! Pour moi, le dormeur s’est réveillé si je dois faire un parallèle avec Dune. Ce « Let Love in » m’emmène, c’est la longue lignée d’album incontournable dont cet album est la pierre d’achoppement.

On y côtoie un chanteur sombre extrêmement sophistiqué. le monde n’avait plus connu de tel crooner depuis Franck Sinatra. Les morceaux parlent d’amour, oui d’amour, mais torturé, de castration et de lobotomie amoureuses. On sent la passion qui a dévoré laissant l’Humain comme une coquille vide, les morceaux Do you love me? et Let Love in en sont l’illustration parfaite. Une pochette où le crooner apparait torse nu sur un fond rose sanglant, le regard perdu dans l’espace…

On retiendra aussi de la part du Chanteur ses amours passionnels d’où naitront de belles choses, Kylie Minogue qui permettra aux murder ballads de rester en haut des classements, puis PJ Harvey avec qui il nouera une longue et tumultueuse relation.

Cet album restera une charnière dans la carrière de Nick Cave. S’en suivra des albums moins rudes, mais avec tout autant d’aspérité !

THE BLACK KEYS

Si flirter avec les vieilles soupières a du bon pour émuler les jeunes esprits, il nous arrive de retrouver des petites perles sans chercher bien loin dans l’espace-temps. Surfant avec âpreté sur la vague d’une gueule de bois, je me prends l’envie d’un cd garage avec en toile de fond thé et biscuits et je tombe sur cette jaquette Å“uf de Fabergé que j’avais presque oubliée. Cette dernière est la patte des américains originaires de l’Ohio, le duo Carney/Auerbach, j’ai nommé les Black Keys et leur album Magic Potion.

De Just Got to Be à Elevator, les titres touchent avec justesse et je me revois ado, pantacourt et vélo défoncé, courir chez mon pote Quentin pour lui présenter ledit album, et mon projet de dominer le monde avec un duo de guitare au nom imprononçable à 43 lettres. Si mon cÅ“ur n’avait pas vogué plus au sud et que nos chemins ne s’étaient pas séparés, vous auriez certainement entendu parler de TheMysteryOfTheBowlingShoesFreshFromTheSeas.

Menant le duo guitare/batterie avec plus ou moins de précision mais une efficacité redoutable, ils ont su éveiller mon intérêt pour le blues-rock. Parce que oui, cette galette est remplie de blues-rock poussiéreux qui repose son talent sur l’accroche de l’ostinato et la voix sous overdrive, ça suinte à la manière de l’omelette baveuse qui se cache sous le disque mauve marqué d’un ohm. Magic Potion est leur 4e album, et le premier qu’ils composeront entièrement, sans y ajouter de reprises. Considérants Junior Kimborough comme leur principale source d’inspiration, ils se livrent ici à un exercice de style mêlant blues et rock progressif. On sent quand même les influences de Thickfreakness mais le résultat semble moins convaincant en surface.
Le disque passe, je voyage mais une fois l’album fini et une réflexion autour du caractère diurétique de la théine savamment entamée, je garde en tête la sublime The Flame comme bande son du lourd retour à la réalité avant le Doliprane.

Envers et contre tout, j’ai envie de défendre cet album, qui reste pour moi le plus poétique d’une longue série pour ce groupe, avant de s’échouer sur l’éléctro pop lisse de Turn Blue. Mais je ne me fais pas de faux espoirs, y’a pas d’omelette sans casser d’Å“ufs.

TOTO – Toto

En parlant de cet album de TOTO, certains vont encore me taxer de vieux con ringard. Allez, donc tous gentiment au Diable !

« Toto », de 1978, est le 1er album du groupe Américain le plus détesté des américains.

Non, cet album n’est pas le meilleur album de tous les temps, non, cet album ne contient pas que des tubes, alors pourquoi le choisir comme album qu’il faut absolument écouter avant de mourir ?
Je ne vais pas être super objectif dans ma réponse, mais je vais tenter le coup malgré tout.
Lorsque j’ai commencé mon éducation musicale, on va appeler ça comme ça, j’écoutais des choses très violentes telles que Tears For Fears ou Wham. Un jour d’Août, en vacances dans ma famille Basque, mon cousin, plus grand que moi écoutait dans son walkman jaune une K7 d’un groupe à la pochette super bien représentant Excalibur et des anneaux. Ni une ni deux, je lui pique la K7 pour l’écouter, dans ma piaule (rien à voir, mais cette chambre se trouvait au fond d’un long couloir très flippant qui me rappelle maintenant le couloir qui s’étend à l’infini dans le « Poltergeist de Tobe Hooper) . Bref, L’album que j’écoutais alors était « The seventh one », le 7ème. Rentré en Touraine, je m’empresse de me l’acheter, ainsi que celui dont je vous parle dans ce lundispensable.
A l’écoute de « Gorgy Porgy », je voulais être chanteur de Soul music

A l’écoute de « Manuela Run », j’avais envie de connaitre la Manuela dont ils causent, à l’écoute de « Rockmaker », j’eus le souffle coupé, et surtout, c’est pas des moindres, à l’écoute de « Hold The line », tube interplanétaire, mais je ne le savais pas encore, je me suis dit à ce moment là, du haut de mes 11 ans, que plus rien désormais ne m’empêchera d’écouter du rock.

Alors je me suis acheté tous les autres, sans exception, j’ai laissé tomber Wham petit à petit (de toute façon, c’était passé de mode), j’ai pleuré en écoutant « Africa » dans le 4ème album (que je connaissais déjà mais je ne savais pas que c’était Toto qui chantait ça), je criais de par le monde, de la cour du collège du moins, ma fierté d’écouter ce groupe que personne ne connaissait, et quelques années après, j’eus un groupe de Death Métal au doux nom de Gorthol, et je me dis que si je fais encore de la musique aujourd’hui, c’est grâce à Toto finalement et à son premier album qui m’a tant fait rêver ! Que Dieu les bénisse !

THE STROKES – Is this it

An 2001, le rock est mort, enfin c’est ce que beaucoup de personnes pensent. On y a cru avec la guerre entre Oasis et Blur, mais vite beaucoup sont passés à Linkin park ou Coldplay.

Kurt Cobain est crevé, un avion s’est crashé sur le World Trade center,les boys bandS ont tout écrasé sur leur passage et quand je vais à Auchan, j’entends Up and down des lofteurs. Même Radiohead semble avoir lâché l’affaire.

Et les Strokes sont arrivés.

Une écoute seulement et là la grosse claque! Et je l’écoute, beaucoup beaucoup. Je le mets même en sonnerie de mon brave Nokia de l’époque. Dans mon baladeur, il faut que je change les piles souvent pour écouter tout ça en boucle. Je l’écoute dans le bus le matin pour aller à la fac, je l’écoute à fond dans ma chambre et quand je prends le TER le weekend. Je vibre au son de la voix de Julian Casablancas trainante et nonchalante.

Il y a l’attitude aussi, c’est important. Alors, j’achète mes premières Converse crème que je vais salir exprès, on porte la veste noir, le slim qu’on a du mal à enlever et on se la joue négligé. Les cheveux sont décoiffés.

Et l’amour de la musique, de la mélodie, du riff bien senti grandit grandit, jusqu’à devenir une raison de vivre, jusqu’à ce qu’on puisse se passer de cette galette fondatrice. De cette main gantée aux fesses qui est à l’origine de tout.

Pourtant, on est d’accord, rien de révolutionnaire. Que du revival bien foutu, sec et accrocheur. Mais pour moi c’est le Graal.
Ecouter Is This It, c’est se construire une personnalité, c’est devenir quelqu’un. Des révélations comme ça, il y en aura d’autres. Mais celle-là, c’est la première et c’est celle que je regarde quelques années plus tard avec tendresse, avec une certaine nostalgie. Je ne me lasserai jamais de ces hymnes parfaits, écoutés mille fois, qui n’ont jamais perdu de leur saveur, de leur candeur.

Outre l’excellent Last Nite qui se doit à présent de figurer sur toute bonne compilation du rock, c’est un réveil idéal sur la voix traînante de Someday. Puis, à son propre tour d’assurer le chant en ce début de journée, en s’exerçant sur le plus rapide et tout aussi bien exécuté Hard To Explain. Last Nite, c’est la bande son de mes soirées étudiantes, de mes premières cuites.

Trying Your Luck m’a fait chialer bêtement, comme une innocente. Plus tard, j’allais les voir en concert, j’allais devenir une groupie et chérir les deux albums suivants, chacun à leur manière, en fonction de l’époque.

METALLICA – Kill’em all

Quand j’ai posé la question :
« C’est quoi un bon Lundispensable? »
On m’a répondu:
« C’est celui qui vient des tripes. »

Alors, ni une ni deux, je tape une recherche images sur « tripes » et ça a fait tilt : Kill’em All, de Metallica. Une jaquette sanglante, du lourd, du trash, du bon riff et des tripes.

Kill’em All, c’est avant tout deux remaniements, dont un qui donnera naissance à un autre groupe mythique inscrit dans le panthéon du thrash : Megadeth. Le thrash vivait alors ses plus belles heures.
En effet, Dave Mustaine, alors guitariste soliste de Metallica, fut remplacé au profit de Kirk Hammett peu de temps avant la sortie de l’album mais eut le temps de laisser sa patte sur plusieurs morceaux tels que The Four Horsemen, Phantom Lord ou Metal Militia.
Mais sans s’égarer davantage sur le chemin emprunté par la suite par Mustaine, on va s’intéresser au deuxième remaniement, celui qui a apporté un des meilleurs bassistes du thrash, toutes époques confondues : Clifford Lee Burton (plus connu sous le diminutif de Cliff Burton).

En 1982, Le jeune Cliff jouait alors avec sa 4 cordes dans un groupe appelé Trauma, jusqu’au jour où, miracle, Hetfield et Ulrich sont venus se prendre la claque de leur vie lors d’un concert de ce dernier. Le solo de Burton, Anesthesia, les a tellement bluffés qu’ils ont décidé de le garder sur l’album Kill’Em All qui sortira l’année suivante.

Dans les années 2000, j’avais les oreilles qui bougeaient au rythme d’Henri Dès et Pokémon version bleue confortablement installé dans ma Gameboy. Encore pur et innocent, tel un Bilbon Sacquet au cÅ“ur de sa Comté, j’ignorais tout du monde merveilleux du rock.
Mais un beau jour d’été, je rentrais chez moi, avide de Kinder Bueno et d’un bon Tintin. Arrivé dans la masure, j’eus la surprise de toute une vie en entendant le ghettoblaster familial hurler de toutes ses baffles Hit The Lights.

C’est à ce moment-là que tout a changé. Sans m’en rendre compte, j’avais de l’acné, je m’habillais en noir et je taggais les tables du collège. J’étais enfin un ado. Tout en développant la misanthropie propre à cet age bête, j’avais Kill’Em All comme compagnon de voyage.
Au fil du temps, j’ai délaissé l’acné et les vêtements noirs, gardant comme seul souvenir de ma période disco ce CD rouge et noir, et c’est ce même CD qui m’encouragera à aller voir Metallica sur scène, convaincu que la musique c’était mieux avant. Monde de merde.

METALLICA – Kill ’em all by Beton on Mixcloud

BIRDY NAM NAM – Birdy Nam Nam

La musique électronique et son essor dans les années 90’s, moi, je n’y ai jamais trop touché. A part des trucs popisés style Daft Punk ou Gorillaz, les musiques électroniques ne m’avaient jamais réellement attiré, ayant plutôt subi l’influence jazz et rock de mes parents qui ne rataient jamais une occasion de mettre l’émission Jazzafip à fond en préparant la soupe du soir, pendant que j’essayais de dégommer quelques tigres à Tomb Raider.

Il en a donc fallu du temps avant qu’un groupe me fasse changer d’avis sur les dj’s, et la musique électronique en général. C’est venu seulement vers la fin de mon lycée, en 2005, quand un de mes potes fan de hip hop m’a envoyé sur MSN (oui oui) le lien vers une vidéo des Birdy Nam Nam en train d’effectuer des tours de passe-passe dans un bar douteux, que le déclic s’est fait. Le titre ? Abbesses évidemment, une baffe immédiate, et cette révélation : mais en fait, les dj’s, ils font pas JUSTE passer des disques !

Après avoir bien usé le bouton replay sur ce morceau, je décide de me renseigner un peu sur les types et tout un monde s’ouvre à moi. Apparemment, les gars sont pas nés de la dernière pluie, ils ont remporté pas mal de compétitions DMC (mais qu’est ce donc ?) et viennent de sortir leur 1er album éponyme. Ni une, ni deux, je lance emule et mets le fichier en téléchargement.

Environs trois semaines plus tard, l’album complètement téléchargé sur mon ordi, je me plonge dans un univers auquel l’écoute d’Abbesses ne m’avait finalement pas vraiment préparé. Je veux dire, y’a des titres, ça pourrait presque passer sur Jazzafip en moulinant la soupe aux poireaux !

On va pas se mentir, au début, l’album m’a un peu déçu, me contentant surtout d’écouter Abbesses qui n’en finissait pas (et n’en finit toujours pas) de m’émerveiller. Mais petit à petit, d’autres morceaux s’intègrent à mon cerveau, comme l’inquiétante Escape, la très rythmique Engineer fear ou la folle montée de Too Much Skunk Tonight.

Clairement, si cet album reste à part pour moi c’est qu’il m’a fait comprendre que la catégorie « musique électronique » ne voulait finalement rien dire. On peut tout faire avec des machines : du jazz à la techno en passant par du classique ou du rock. Voire mélanger tout ça sans aucun complexe. Cette liberté d’expression m’a rapidement intrigué et poussé à m’intéresser un peu plus à ce mouvement que j’avais trop vite catégorisé comme « musique de boite de nuit pourrave ».

Et puis, quand je veux danser en fermant les yeux, des frissons plein les bras, j’ai pas encore trouvé mieux que de lancer Abbesses et son accordéon fou à fond dans le casque.

Lundispensable – BIRDY NAM NAM – s/t by Beton on Mixcloud

ENTOMBED – Clandestine

Le Death metal, qu’est ce que le Death Métal ? Style brutal provenant de Tampa Bay en Floride et inventé par le groupe éponyme, DEATH. Alors, on écoute gentiment le groupe sus nommé, on prie Satan, puis on écoute Obituary, 2ème groupe précurseur du genre, et on prie Satan. Puis un peu d’ersatz de ces 2 groupes-là. Puis, un beau jour de Novembre 91, découverte absolue d’un groupe Suédois, ENTOMBED. Suédois ? « Ben, ça vient pas des USA le Death metal ? » me suis-je à ce moment là posé comme question. Et là, tarte phénoménale, révélation, lumière divine (ou satanique plutôt) au dessus de ma tête : CLANDESTINE. 2ème album du groupe (j’écouterai le 1er, Left hand path dans la foulée du coup, genre 2 heures après).
Clandestine, sorti sur Earache, a une 1ère particularité. Le chanteur sur le 1er album, Lars Goran Petrov, a été viré, ou en tout cas est parti pour des raisons qui restent encore obscures aujourd’hui entre Left hand path et Clandestine (Lars Goran reviendra pour le 3ème album…chelou hein ?), alors entre en scène un certain Johnny Dordevic, crédité chanteur sur Clandestine. Alors on se dit donc « Qui est ce Johnny Dordevic que personne ne connait et qui a la meilleure voix de l’Univers ? ». Après une enquête approfondie, j’eus donc ma réponse : Dordevic est chanteur d’un groupe obscur Suédois, Carnage. Mais il y a un souci, Dordevic déclara quelques temps après la sortie de l’album qu’il n’avait jamais posé la moindre ligne de chant sur l’album. Mais alors qui ? Qui braille sur ce chez d’Å“uvre ? Alors la vérité éclate au grand jour, un jour de Janvier 92, Nikke Anderson, batteur gaucher du groupe, membre fondateur et Dieu Vivant (mais si vous savez qui c’est, c’est le guitariste chanteur fondateur du génialissime groupe de rock n’roll HELLACOPTERS) déclara donc « c’est moi qui chante sur l’abum, je n’ai pas voulu me mettre en avant, alors j’ai crédité Johnny parce que c’est un ami, et il a joué le jeu »…du coup, cette humilité de Mr Anderson fait que je l’aimai encore plus à ce moment là.
L’album a une 2ème particularité, au-delà d’être le meilleur album de Death de tous les temps (Avec « Human » de Death et « Necroticism descanting the insalubrious » de Carcass), d’avoir ce son qui fera la marque de fabrique du death métal Suédois et de ces contrées enneigées, ce son qu’on reconnait entre mille, et qui fera de la Suède l’autre jardin d’Eden du Death (Grave, Edge of sanity ou Dismember feront la part belle du death Suédois).
Alors, Vive Satan, vive le Death Scandinave, Vive Entombed, vive la vie !

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THE BREEDERS – Last splash

25 décembre 1994, mes cadeaux de Noël déballés sont entassés sur le buffet de la cuisine.

Parmi eux, un compact disc d’Abbey Road et deux cassettes audio de groupes de rock américains. Je revois le papier cadeau jaune et bleu du magasin Nuggets de la rue Coursarlon. Deux petites boites de plastique délicates, pratiques, le livret coloré soigneusement plié à l’intérieur, la tranche épaisse, bien rectangulaire où s’affiche le nom du groupe. Les deux se succèdent dans mon walkman K7 Sony dernière génération (enfin celui de ma mère), m’accompagnent en Angleterre pour mon premier voyage scolaire à l’étranger. Une seule des deux me suivra pendant plus de dix ans, trimbalée d’appart en maison, de boite à gants en sac à dos et finira sa vie en août 2007 fondue sur le tableau de bord d’une Clio restée garée trop longtemps rue Baleschoux. Ma cassette de Last Splash, des Breeders.

Quand on a entendu Cannonball à la radio pour la première fois, c’était probablement sur Vibration, et c’était ouf. Cette intro de bâtard, sensuelle, insolente, crade. Ça commence par un check micro puis une sorte de feulement saturé de Kim « ahouuuuhaaaaaa », qui donne déjà le gimmick du morceau. Pause. Batterie. Les baguettes font deux figures de claquettes sur le bord de la caisse claire puis basse. Sous les doigts de Josephine Wiggs, bassiste de Perfect Disaster, de Londres, rencontrée en tournée avec les Pixies. Et batterie. Et guitare à un doigt puis guitare à plusieurs doigts. Et ce larsen qui précède de quelques secondes la voix de Kim puis le silence « And the last splash ». Sur le refrain, on ne sait pas si c’est une pédale wah wah ou Kim qui chante sous l’eau.

Plus tard, je redécouvre vraiment le reste de l’album. Ce mélange de shoegaze, de grunge, comme des ballades exécutées à la pelleteuse, capable de la douceur d’un Do you love me now et du bruit d’un Roi. No aloha a toujours été ma préférée. Sa forme la place entre une comptine et une rhapsodie. Et elle annonce cash la couleur :

No bye no aloha.

Le riff est d’entrée conclusif, donne une impression de fatalité amère. Et la voix brumeuse de Kim plane au dessus et raconte on ne sait pas trop quoi. I just wanna get along est un morceau ultra simple à 3 accords qui pourrait être un morceau des B-52’s
Et les deux sÅ“urs terminent sur une ballade country, en bonnes bucheronnes americaines qu’elles sont.

Finalement, bien qu’elles soient toutes les deux complètement tombées dans la chnouf, les sÅ“urs Deal ont donné une couleur à nos années 90, jusque dans nos compilations RTL2 . Merci les filles.

THE BREEDERS – Last Splash by Beton on Mixcloud