Altin Gün – Gece

À peine plus d’un an après la sortie de leur très remarqué premier album « On », les Hollando-Turcs d’Altin Gün reviennent avec Gece (nuit en Turc), album envoutant, chaleureux comme un couché de soleil en fin d’été, grisant comme les folles nuits qui les suivent parfois.

La création d’un second album est toujours une étape particulière (pardon pour ce poncif), tant les questionnements qui la précèdent sont nombreux. À la lumière de la cohérence de Gece mais également des l’évolutions qui le distingue de leur précédent effort, les membres du groupe ne semblent jamais s’être embarrassés de dilemme de ce type.

Toujours chapoté par Jasper Verhulst, bassiste de Jacco Gardner, les compositions d’Altin Gun sont toujours un subtil mélange des traditions de la musique turc des années 60/70, toujours très éprise d’influences psychédéliques mais délaissant quelque peu leurs racines rock au profit de mélodies au seuil de la funk et la disco avec notamment ici et là l’ajout de boites à rythme aux effets ravageurs.

Le son d’Altin Gün est ainsi assez unique aujourd’hui, intemporel, mariage parfait entre tradition et rythme moderne, se laissant même aller sur la fin à un parfait titre disco/italo qu’on devine allègrement retourner les foules dans nombre de leurs représentations.

L’âge d’or est par définition propre à la nostalgie, une utopie du passé, les Altin Gün sont bien réels et les nuits qu’ils nous promettent lumineuses.

 

LA JUNGLE – Past//Middle Age//Future

L’abondante scène belge nous assène encore une fois d’un groupe qui ne peut laisser indifférent.
La Jungle est de retour, et ils ne sont pas là pour enfiler des perles. Plutôt pour présents pour relier des mailles afin de vous faire une cotte qui vous sera nécessaire à l’écoute de cet album.

Voici près de trois ans que nous attendions le successeur de II, avec l’impatience de retrouver la formule qui réussi si bien au duo Montois: du math-rock avec de douces notes de noise teinté de krautrock disco.

L’album est introduit par le titre « You Say Amen, I Say Sword » annonciateur de la branlée qui vous attend. Les chamans attaquent dans le vif du sujet dès le deuxième titre « The Invisible Child » et toute une série de compositions totalement frénétiques. Mais heureusement, ces belges sont sympa et nous insèrent deux interludes sur l’album (« Lost In Tansition », In The Trance »): des moments de répit nécessaire tant l’enchainement est intense. Des riffs impétueux, des breaks salutaires, et de boucles rythmiques transcendantales. La transe rythme tout l’opus, de « And The Serf Caresses The Head of His Lord » à « The Boring Age », avec « The Knight The Doom » qui clôture ce 3ème album en apothéose. Un album définitivement conçu pour provoquer une descente d’organes.

Past//Middle Age//Future paraît chez Rockerill Records, A Tant Rêver Du Roi et Black Basset Records, avec une pochette réalisée par Gideon Chase. Une peinture qui pourrait être à l’image du groupe où malgré le côté tout doux de l’oreiller, il vaut mieux être bien équipé pour encaisser les attaques du groupe. 

La Jungle réussit largement donc à combler nos attentes sur disques, mais l’espace où ils nous comblent irrésistiblement, c’est sur scène. Le groupe excelle dans ce domaine. Ce qui tombe bien puisque vous pourrez les retrouver le samedi 8 Juin 2019 à la Plaine de la Gloriette dans le cadre du festival Aucard de Tours!

La Jungle

Past//Middle Age//Future

Sortie le 19.04.2019

LE PRINCE HARRY – Be Your Own Enemy

3ème album du groupe Le Prince Harry, une sortie attendue pour ceux qui connaissent déjà la formation Belge, une découverte à faire d’urgence pour tout le reste du monde.

L’urgence, c’est ce qui caractérise le son du duo. Ils font du Synth-Punk, autrement dit, du post-punk synthétique. Le groupe use ses boîtes à rythmes, assomme ses synthés, et se saigne les doigts sur les guitares et ça va vite, très vite. Il le faut, parce que la fin est proche, et les liégeois de manière objective nous l’affirment dès le deuxième titre: All Is Lost.

C’est industriel, acide, violent, réaliste. Tout ce précite, un reflet du malaise ambiant, angoissant de ce début de deuxième millénaire. Pas le temps de niaiser, il faut régler ça vite et bien.

 

 

Faire ressortir un, deux ou trois titres de cet album serait lui manquer de respect tant tout est efficace.

Une sortie du label franco-belge Teenage Menopause mérite toujours une écoute attentive tant son catalogue est de qualité avec des groupes comme Go!Zilla, Catholic Spray, Jessica 93, JC Satan, Jack Of Heart ou encore Violence Conjugale.
L’occasion de faire un bond en 2015 avec l’une des sorties du label, celle du split entre Duchess Says et Le Prince Harry et cet excellent titre:

 

La pochette de Be Your Own Enemy mérite aussi une attention particulière. C’est Elzo Durt s’en charge, graphiste maître du collage psychédélique, D.A du label Teenage Menopause, à qui l’on doit aussi approximativement les trois quarts des pochettes du label Born Bar record. Ici, On se croirait dans un cabinet de curiosité avec des faces d’anatomies disloquées, un côté rétro-futuriste avec la présence d’éléments bioniques. En parfaite avec adéquation avec la vision post-apocalyptique de l’homme que propose Le Prince Harry.

 

Le Prince Harry

Be Your Own Enemy

Sortie le 29.03.2019

 

 

BRAIN DAMAGE – Combat Dub 4 Revisited

Cette année, ce sont les 20 Ans de Brain Damage. Et Martin Nathan ne se contente pas de souffler quelque bougies dans son coin, non, il nous offre un album de remix aux petits oignons !

Depuis 1999, le génie fou de Martin Nathan explore le monde sonore et nous partage ses expérimentations en sillonnant les routes de la planète. Brain Damage, avec une poignée d’autres, ont façonné ce à quoi ressemble aujourd’hui le dub. Et depuis 20 ans, il s’en est fait des amis, à qui il a ouvert au remix l’intégralité de sa collection.

Combat Dub 4 Revisited est le 4e opus opus de la série Combat Dub chez Jarring Effect, compilations réunissaient des tracks remixées par les acteurs de la scène dub mondiale du moment, commencé conjointement par Brain Damage et Fedayi Pacha.

Sur ce disque, on y trouve les noms de tous les acteurs du dub et de la culture sound system : Vibronics, Alpha Steppa, Stand High Patrol, Fedayi Pacha, Zenzile, Zion Train, Dub Invaders, OBF, Dub Addict… et on se rappelle alors que le paysage du dub est riche d’une grande famille.

Sur les 14 titres que composent cet album, on navigue dans tous les styles du dub et on apprécie retrouver les voix que l’on connaît bien : Horace Andy, Harrison Stafford, Sir Jean, Tena Stelin… Et chaque titre est un réel mélange entre la patte Brain Damage et l’artiste qui le remix.

 

Nos titres préférés :

Youts Dub : 1er titre qui pose l’ambiance, extrait de l’excellent album Walk The Walk, revisité par les italiens Moa Anbessa, qui en font une magnifique version

Fyah Dem extrait du même opus, remixé magistralement par un des pionniers du Dub Uk, Vibronics

Pray fi di youths : remixé par les vétérans de Zion Train, qui ont fêté leur 30 ans il y a peu, du roots à la basse bien énervée, également issu de Walk the Walk (décidemment!)

Royal Salute : un chant guerrier, hommage de Sir Jean aux Rubadub Soldiers, repris efficacement par Culture Dub Sound.

Shake Up : réinventé par Dub Invaders, un stepper aussi envahissant qu’une armée d’aliens survoltés hurlant « Violence everywhere » (un titre qu’on retrouvait sur High Damage, le projet commun d’High Tone et Brain Damage).

 

Du Dub rien que du Dub, Roots, Digital, Steppa, Ethno ou Electro, puissant du début à la fin…

From Bogotá to New-York, from London to Guadalajara, from Kingston to St Etienne …


From 1999 to 2019…


Happy birthday … dubwise ! »

 

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THE PSYCHOTIC MONKS – Private Meaning First

Il existe de rares groupes qui vous saisissent, vous happent, jusqu’à vous emmener au plus profond de ce que vous pouvez être. The Psychotic Monks en est certainement l’un des exemples les plus probants.

Le quatuor fait paraître ce vendredi 29 Mars son deuxième album Private Meaning First. Telle la Bande Originale d’un monde où tout va à vau-l’eau, nous faisons face à 9 titres repartis en 2 chapitres et un épilogue. Les quatre parisiens nous englobe dans une douceur apaisante pour mieux nous confronter à une désillusion contemporaine. Une dualité entre pulsion vie et pulsion de mort. A travers une énergie jouissive, progressive, envoutante voire chamanique, cet album est un véritable exutoire nous permettant d’appréhender de manière plus paisible le monde qui nous entoure.

Nous pourrions évoquer diverses étiquettes musicales pour définir le style des Psychotic Monks , tels que Post-Rock, Post-Punk, Noise, Garage encore Stoner tant tous ces styles s’entremêlent dans les structures de leurs morceaux. Ce qui les caractérise le mieux est peut-être « Musique contemplative nihiliste »

Private Meaning First paraît chez Vicious Circle, une très belle signature pour le label Bordelais qui ne cesse de nourrir son catalogue de très belle sélection artistique. L’on y retrouve entre autres Lysistrata, It It Anita, Mansfiel.TYA, Troy Von Balthazar, etc… Un label que nous vous conseillerons vivement de suivre par cette occasion.

 

The Psychotic Monks
Private Meaning First

Sortie le 29 Mars 2019 chez Vicious Circle

CHAI – PUNK

La sortie de leur premier album fut plutôt discrète en Europe malgré sa qualité indéniable et son édition par le label anglais pourtant émérite Heavenly Records, mais il n’en est rien concernant ce second effort.

Formé officiellement en 2012, CHAI est composé de quatre amies issues de Nagoya au Japon. Après deux EP parus respectivement en 2015 puis 2017, elles sortent, d’abord sur le label japonais Otemoyan Record leur premier album fin 2017 avant d’être éditer par le label Burger Records aux Etats Unis et Heavenly Records pour l’Europe fin 2018.

La faute aux différences culturelles entre les sociétés japonaise et occidentale peut être, la faute à ce contre quoi elles se dressent, surement. Qu’importe, aujourd’hui le trou semble fait et on voit mal ce qui pourrait stopper l’ascension de la formation tant l’efficacité et la fraicheur de leurs compositions laissent pantois.

Baptisé PUNK, ce second album ne l’est pas tant dans son approche musicale que dans les valeurs qu’il défend, mais finalement le punk n’a-t-il jamais été autre chose ? Ainsi, c’est une petite dizaine de pépites power/garage pop que CHAI nous distillent sur cet album, proposant tantôt une énergie ravageuse (Choose Go!; Great Job; This is Chai) mais sachant également nous embarquer dans des mélodies pop irrésistibles (I’m Me; Fashionista).

Mais cet album tient aussi son importance dans le message qu’il porte, humblement, d’émancipation aux dictates patriarcaux, d’empowerment et d’acceptation de soi.

Cyniques, passez votre chemin, il n’est ici question que de positivité, et lorsque elle est communiquée avec tant d’enthousiasme, difficile d’y résister.

MUTHONI DRUMMER QUEEN – She

Juste après le 8 Mars et la journée internationale des droits des femmes, ça nous fait bien plaisir de vous présenter cet album grrrrrr power afro-pop d’une artiste engagée et à l’énergie débordante !

Cette artiste c’est Muthoni Ndonga, aka Muthoni Drummer Queen, une des étoiles montantes du la scène Kenyaise. Percutionniste, productrice, rappeuse, elle vient tout juste de sortir son 3e album : « She » (2e album enregistré avec ses acolytes beat-makers suisses de GR & Hook!)

Un album aux multiples facettes, notamment par les genres musicaux qui le traversent qui vont du rock, au hip-hop en passant par des élans de ragga, rnb et la bass music. Mais aussi par sa thématique autour de la femme, des femmes. En effet, chaque titre est un portrait de femmes. Des femmes « héroïnes ordinaires » du Kenya. Une réfugiée, une copine qui rêve d’ouvrir un salon de coiffure, une médecin qui lutte contre le gouvernement et la déliquescence de l’hôpital, … Un album que l’on dit être hommage au « The Message » de Grandmaster Flash.

Muthoni Drummer Queen est à l’aise dans ton les styles et étonne autant par son flow de rappeuse que par ses envolées soul et sa rage de rockeuse et c’est pour ça que cet albul « She » plaira au plus grand nombre.

« She », un album féminin autant que féministe à découvrir toute cette semaine sur les ondes de Béton !

Et si vous avez loupé son show aux Transmusicales de Rennes en décembre 2018, on vous conseille fortement d’aller regarder ses prochaines dates de concert !

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The Claypool Lennon Delirium – South Of Reality

Vous étiez peut être passé à côté de leur premier album Monolith Of Phobos (2016) ou d’un EP sorti l’année suivante et constitué uniquement de reprises de classiques du genre : Lime And Limpid Green (2017). Ce 22 février, The Claypool Lennon Delirium sortait son deuxième album South Of Reality.

Formé de Les Claypool, bassiste émérite du groupe Primus, et de Sean Lennon, digne héritier de John Lennon et Yoko Ono, The Claypool Lennon Delirium est la réunion de deux barjots que le destin a bien fait de réunir. En sortant ce second album, composé et mixé en seulement deux mois dans le studio perso du bassiste, le Rancho Relaxo, ils arborent fièrement la descendance de la musique psychédélique et progressive telle qu’on pouvait la penser dans les années 60/70. South Of Reality est l’enfant immaculé de Pink Floyd, des Beatles et de King Crimson à la fois.

Avec Les Claypool à l’enregistrement et au mixage, en plus de jouer de la quatre cordes comme un furieux, et Sean Lennon qui n’a plus à prouver qu’il a au moins autant de talent que son père, on risque d’avoir le meilleur album de psyché/prog de l’année. Les pistes s’enchaînent dans l’imaginaire absurde de ces deux tarés, combinant lignes de basse à couper le souffle et parties de chant pour le moins oniriques, créant une grande fable psychédélique de presque 48 minutes. Le clip du morceau Blood And Rockets: Movement I, Saga of Jack Parsons – Movement II, Too The Moon illustre bien l’univers du duo. On y voit un tas de collage complètement perchés, pleins de couleurs et de symboles, témoignant bien que les deux musiciens sont partis dans des sphères très lointaines de la Terre.

Le disque est sorti chez ATO Records, où on pouvait déjà y voir les galettes de Primus et de King Gizzard & The Lizard Wizard.

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CROCODILES – Love is here

C’est en 2008 que Brandon Welchez et Charles Rowell décident de monter Crocodiles ! Depuis les deux californiens que l’on disait héritiers de The Jesus and Mary Chain ont écumé les scènes du monde entier et enregistré plusieurs albums.

Après deux albums chez Fat Possum records, deux albums chez French Kiss et deux albums chez Zoo Music, ils sont de retour en 2019, avec ce 7e album « Love is Here (The End is Near) » qui sort sur le label Strasbourgeois de Deaf Rock records !

Les deux acolytes nous présentent ici une pop noisy aux influences post-punks et californiennes, un savant mélange dont eux seuls ont le secret !

Dès le premier titre, Crocodiles nous montrent qu’ils ne sont pas là pour rigoler : il font nous parler d’amour, ou plutôt de la fin de l’amour, du chaos planétaire, et il nous en parlent avec guitares fuzz sursaturée, distorsion et réverb’ à fond ! Nuclear love nous plonge donc direct dans un disque qui tabasse des têtes et puis c’est l’enchaînement de tubes : « Wait until tomoroow », « Rats d’Amour », « Voyeur under glass » et le titre éponyme de l’album « Love is Here (The End is Near) » qui accélère le rythme en fin d’album.

Juste une petite tuerie qu’il est bon d’écouter en boucle jusqu’à ce que mort sans suive !

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UTRO – First Album

On y voit une vieille photo en noir et blanc, quelques bâtiments, rien d’extravagant mais on remarque vite que tout est vide. Volets fermés, salon déserté, c’est comme ça que l’on peut ressentir ce qu’Utro a à nous offrir. Rien de bien gai sans pour autant être malveillant, une musique sombre qui n’est pas sans rappeler le post-punk des Joy Division. Un album d’une trentaine de minutes qui oscille entre incantations amères, lignes de basse furieuses, ambiance pesante quasi constante et chant en russe. On n’en sort pas intact, mais on en redemande, comme une catharsis, comme si First Album purgeait toutes nos idées noires.

 

 

Le premier album du groupe russe s’offre un renouveau avec Talitres, label bordelais, qui lance une série limitée à 292 exemplaires vinyles le 15 janvier dernier. L’album sortit initialement en 2010 vient compléter la collection du label qui avait édité le troisième d’album d’Utro en 2017 et réédité leur deuxième en 2015. Une réédition en cassette avait également vu le jour au début de l’année 2018 mais déjà en rupture de stock.

 

 

Vladislav Parshin, que l’on voit chez Motorama (leur dernier album Many Nights avait été beaucoup défendu sur nos ondes il y a quelques semaines) a formé le groupe en 2010. Avec certes moins de succès que cet autre projet, Utro reste actuel et enchaîne plusieurs dates en France et en Russie principalement.

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