Gojira – Fortitude

Le plus connu des groupes de métal français fait son retour en grande pompe :

Gojira sort son 7ème album studio, Fortitude, le 30 avril 2021.

Evidemment, l’album fini dans les tops mondiaux à sa sortie et est acclamé par la critique.

Un album en production depuis 2018 et dont la sortie était initialement prévue en juin 2020, Andy Wallace avait alors reporté le mixage à cause du Covid-19.

J’apprends la sortie de l’album à la révélation du troisième single, « Amazonia » accompagné de son clip. Vous l’aurez deviné, il y a un message derrière : c’est un morceau engagé, dénonçant la déforestation et la situation alarmante du peuple amazonien.

Des métalleux écolo donc ?

Au même moment est lancée deux campagnes caritatives et une vente aux enchères sur la plateforme Propeller, en faveur d’une ONG pour la défense des peuples indigènes qui souffrent de la déforestation et de la perte de leurs terres. De nombreux groupes rejoignent l’initiative : Metallica, Lamb of God’s, Slayer etc…

Pour ce qui est de son contenu, il déçoit une partie de leurs fans, il leur est reproché un manque de pep’s et de puissance. Avec le succès de « l’Enfant Sauvage » et « Magma », difficile de satisfaire les fans après avoir mis la barre si haute.

N’étant pas un fan absolu du groupe, j’ai écouté cet album sans attentes, et j’ai particulièrement apprécié l’effort d’y installer une ambiance travaillée tout du long, propre et sans excès.

Il ne sera peut-être pas un classique du groupe, mais restera un bon album de Gojira.

Bobby Ramone – Rocket To Kingston (Guerilla Asso)

Les meilleurs idées sont celles qui sont instinctives. La preuve !!!

Durant le premier Lockdown, les membres de Bias ; Tiny Voices (ex Wank for Peace) ; Lame Shot! se sont fait chier, et là, jailli une idée :

Imaginez qu’à la fin des années 70, Bob Marley ait croisé la route des Ramones au comptoir du CBGB et qu’ils aient décidé de faire un disque ensemble. Voilà le résultat : 10 classiques rasta à la sauce punk rock 1-2-3-4 ! Attention si on laisse tomber une oreille là dessus, on devient immanquablement accro !

… et la cohérence est incroyable, d’une évidence totale. Il y a 20 ans, le groupe Belge Soulwax invente le notion de Bastard Pop avec As Heard On Radio Soulwax, soit prendre en compte deux styles qui n’ont aucun rapport, et apporte une fraicheur inédite comme un doigt d’honneur aux Majors. Dans Bobby Ramone, la joie est la même, le Punk illustre la voix Soul de Bob Marley, et (l’autre) doigt d’honneur est faite aux majors, pour le plaisir de la musique et du partage. Voici le disque dit batard qui illustrera les années folles Post-Covid … en tout cas, on l’espère.

Plus d’informations : BANDCAMP / VINYL / OFFICIEL

FANTOMES – It’s OK

MAIS??
D’où vient ce vent de fraîcheur qui s’en vient dépoussiérer mes cages à miels? Est ce le nouveau Weezer? Un vieux Red Hot? Un nouvel EP des généralissimes Canadiens de PUP? Une hymne cachée d’une b-side de Nada Surf? Un nouveau single de Totorro? Et pourquoi Kurt Cobain se tape t’il l’incruste sur le refrain du premier titre?

https://paneuropeanrecording.bandcamp.com/album/its-ok

Voici toutes les questions que je me les suis posé à la première écoute des Parisiens de Fantômes. Un groupe pour moi inconnu au bataillon qui réuni dans ce premier album « It’s OK » touuuus mes ingrédients préférés pour faire un bon disque :
– Des accords majeurs.
– Des titres mid tempo, bien au fond du temps, à la limite de la nonchalance.
– Des mises en places pleines de simplicité et d’humilité.
– Une intelligence de composition tout à fait subtile.
– Un mix naturel, qui n’en fait pas des caisses.
– 10 titres pertinent, un album zéro déchet.
– Des tubes power pop ultra frais, qui m’ont fait penser à mes chouchoux tourangeaux de Strawberry Seas.

Ultra conquis par cette découverte dès le premier titre, je creuse et finis par poncer l’album en boucle toute la semaine, un album pour moi tout à fait réconfortant.

Car n’est-ce pas de réconfort dont il est question pour être disque de la semaine sur Radio Béton en cette période trouble? (à l’instar du « We Will Always Love You » de The Avalanches, disque de la semaine en décembre 2020).

Saupoudré par une bonne dose de fougue, ce premier album (après un EP sortit en 2018) met clairement la patate.

Pris d’une grande affection musicale pour le groupe, j’ai alors décidé d’aller voir ce que ça pouvait rendre en live, et quelle ne fut pas ma surprise de constater que Fantomes est un duo ! Il ne m’en fallait pas plus pour définitivement valider cette découverte de la semaine.

Une sortie du label « Pan Européan Records » – 26 Février 2021.

SAN SALVADOR – La Grande Folie

SAN SALVADOR – La Grande Folie

Sorti : 22 janvier sur Pagans / MDC / Pias

L’histoire des San Salvador est née avant eux. Elle a germée tout d’abord chez Olivier Durif, dans les années 70. C’était un chanteur, accordéoniste et violoniste dans le Grand Rouge, groupe acteur d’une certaine révolution du folk aux côtés des Malicorne ou encore de Mélusine. Olivier est natif de San Salvadour, un petit village perdu en Corrèze. Il y a côtoyé et écouté les personnes âgées de ce territoire rural, et y a découvert une tradition musicale orale, loin des partitions et de l’éducation musicale savante. Une musique qui ne s’était jamais figée, et qui a continué à garder une certaine contemporanéité.

Plus tard, Olivier a eu des enfants. Un frère et une sœur, qui se sont liés avec une autre famille du même village, un frère et une sœur aussi. Et ils ont joués avec un autre petit garçon et une autre petite fille. Ils sont 6 amis et chantent ensemble depuis l’enfance, baignés dans l’isolement sans âge de San Salvadour, guidé par Olivier Durif et son expérience. Petit à petit est née la musique incroyable et intemporelle des San Salvador …

San Salvador, c’est d’abord un langage oublié. Celui de la langue Occitane de l’ouest du Massif Central. C’est aussi le langage des corps, comme percussion, comme faiseurs de mélodie. Le sextet peut jouer n’importe où. Le monde peut s’écrouler, la civilisation s’effondrer, les San Salvador pourront toujours garder intact leur répertoire. Six voix, douze mains, un tambourin et une grosse caisse pour tout instrument. Aucune électricité, aucune machine ne vient s’immiscer dans leur polyphonie vocale qui fait appel à nos tripes, à nos racines, à un temps que nous avons oublié dans nos grandes villes.

Avec si peu, il font tant. Capable de ressusciter en nous notre capacité la plus profonde à sortir de notre corps avec les sons qui sont à notre portée de mains et d’oreille autour de nous, comme des générations et générations pouvaient le faire avant nous. Entrer en transe sans produit chimique, danser frénétiquement sans le kick d’une TR-808, c’est l’expérience bouleversante que propose la musique de cette petite famille de Corrèze. Et c’est un carton plein depuis plusieurs années à chacune de leurs apparitions live, que ce soit en acoustique dans des festivals de musiques traditionnelles que sur l’une des plus grosses scènes des Transmusicales de rennes en décembre 2019, où je les ai découvert. Bien sûr, en commençant l’écoute de ce toute premier album des San Salvador, j’étais à la fois fébrile et inquiet. Fébrile de retrouver cette sensation lorsque je les ai découvert sur scène. Fébrile car fixer cette énergie sur disque ne me semblait franchement pas gagné d’avance.

Mais le pari est réussi haut la main et c’est une belle prouesse ! Les arrangements sont fait pour nous amener au plus près des voix et des corps des six musiciens, plusieurs titres n’ont pas été cédés aux besoins temporels de diffusion radiophoniques et prennent le temps de développer les rythmes nécessaires pour atteindre l’état de transe (plusieurs oscillent entre 9 et 14 minutes, comme La Liseta et son final explosif). Néanmoins soucieux de se rendre accessible, on appréciera aussi quelques « single » au format plus classique qui fonctionnent tout de même très bien (comme Fai sautar), comme une introduction à leur univers plus foisonnant. En tout, c’est un album d’une heure sur 8 morceaux qui nous transporte loin, très loin de chez nous.

San Salvador signe avec ce premier album une entrée dans le paysage discographique Français totalement hors normes. Il n’y a pas lieu de les comparer à d’autres, leur musique est unique : puisant à la fois dans des références ancestrales que notre cerveau a peut-être oublié mais pas nos gênes, tout en gardant une actualité improbable en rappelant le jazz de John Coltrane, la techno brute, ou le bain sonore de My Bloody Valentine. Tout ça, sans électricité.

Allumez votre cœur, laissez-vous emmenez par l’ivresse intemporelle des San Salvador. Et rendez-vous à Aucard de Tours 2021 pour la grande communion lors de leur live !

The Avalanches – We Will Always Love You (Modular / UMC)

Un univers secret qui mélange l’origine du monde et des sons.

Un univers secret qui mélange l’origine du monde et des sons, entre 10CC, Beach Boys & Larry Levan.

Au début du XXIème siècle, The Avalanches sort « Since I Left You » un délirant album de collage sonore entre Funk ; Sunshine-Pop ; New-Wave ; Breakbeats ; Rock ; Folk ; Disco… précisément en novembre 2000, uniquement en Australie et la Nouvelle-Zélande. Pourquoi ? Parce que pour le sortir dans le monde entier, il fallait que le label Modular et l’équipe du label XL Recordings face un maximum d’effort pour Clearer… presque 3500 samples. Vous allez me dire, mission impossible ? Presque. Au final, c’est presque 900 samples qui sont Clearer pour une sortie dans le monde en avril 2001. Un disque de Diggers, qui passera vers le succès publique et critique en Angleterre avec un morceau, Frontier Psychiatrist, arrivant dans le Top 10 des Charts UK, suivi par les Etats-Unis et… timidement, comme très souvent en France, mais pas ici sur Béton car l’album fut « Album De La Semaine » .

Entre 2001 et 2016, Robert Charter & Anthony Di Blasi sont assez retournés du succès dans le monde de l’album, difficilement défendable sur une scène, et décide de faire une longue pause avec l’apprentissage d’instruments de musique, idéal pour parfaire un background parallèle aux samples qu’ils utilisent. Malgré la valeur sentimentale de celle-ci, un des membres décida de prendre un nouveau départ, en proposant sa collection à une association caritative et sa boutique de Melbourne Licorice Pie Records, afin de mieux repartir sur une création singulière entre l’organique, les samples et les voix. Ce qui a donné d’ailleurs « Wildflowers », bien plus Hip-Hop et Funky, assez logique d’une technique qui fait la force de ce style depuis des années.

Aujourd’hui, le duo propose un nouvel album qui s’intitule « We Will Always Love You », qui est inspiré en partie par le projet Voyager Space Probes, et son idée dit Golden Records, soit des disques destinés à être entendus par les civilisations extraterrestres, et qui contenaient des sélections du monde entier et des salutations en 55 langues. Une idée universelle, et de l’amour qui en découle, via la relation entre Carl Sagan (le président du comité d’assembler le matériel pour les disques Voyager) et l’autrice et réalisatrice Ann Druyan (sur la pochette), qui se sont mariés après leur rencontre en travaillant sur le projet. Comme vous pouvez le comprendre, le 3ème album est fortement conceptuel, et il est loin d’être anecdotique dans une époque qui aime les titres à la chaine et le dégueuli de la production « More is more » qu’adore le fucking assault Spotify et ses pas mieux actionnaires.

Music is The Light, et les contrastes que propose l’album sont en accord parfait avec la terre et l’espace, tout en aller-retour, entre traduction en son d’une image ou celui du codage en l’encontre des E.T qui fini l’album. La ligne directrice est celle d’une voix en introduction, une histoire de fantôme qui ramène les morts et les vivants sur un même pied d’estale. Une mélancolie s’installe, sous une voix Soul, hommage à une actrice fort mal connue du cinéma Américain : Barbara Payton, comédienne pour Trapped (1939) de Richard Fletcher et d’autres films noirs des 50’s. Malgré une suite mielleuse avec Blood Orange (titre de l’album, pas le meilleur paradoxalement, comme Interstellar Love) c’est avec « The Divine Chord » que l’album démarre réellement, genre de Sunshine-Pop aux voix célestes avec MGMT & Johnny Marr… car, au niveau distribution, on ne rigole pas : Tricky ; Neneh Cherry ; Cola Boyy ; Mick Jones ; Denzel Curry ; Sampa The Grea… du coup vampirisation des artistes pour disque inégal ? Heureusement, pas du tout, la densité rassurante & modeste du duo s’imprègne dans une fluidité qui instaure avec douceur la Pop autant que la Space Synth-Pop ; la Disco ; la House ; la Soul ; la Trap et et Gospel. L’amour, la spiritualité, la voix rocailleuse de Tricky dans le Dub hypnotique et House Downtempo « Until Daylight Comes » ou le Disco Uplifting « Music Makes Me High » qui rappelle la même attitude que le morceau « Over & Over » de Sylvester rappelle la puissance de l’écriture des Australiens, tandis que « We Go On » ou « Reflecting Light » ramène à « Since A Left You ». Le 3ème album transpire sans aucun doute la plus grande honnêteté dans la carrière du duo, tout comme « Dots & Loops » de Stereolab dans sa même thématique (mais ça, je sais que tout le monde ne sera pas d’accord).

STREAMING & DIGITAL / PHYSIQUE / OFFICIEL

Album de la semaine : OPAC – In Fragments

OPACIn Fragments

Label : Ampersound

L’une des plus belles surprise 2020 de la prolifique scène Tourangelle nous vient très probablement du jeune OPAC et de la toute récente sortie de son 1er album : In Fragments.

On découvre avec un tout petit peu de stalking qu’OPAC est un ancien membre d’un groupe phare de la scène rock Tourangelle depuis deux ans : les Stuffed Foxes. Si le goût du fuzz et de la reverb est un pont évident entre OPAC et son ancien groupe, la comparaison peut s’arrêter là.

Pour définir la musique d’OPAC, il faut penser à l’automne. L’automne d’une manière romantique, comme peut la voir un peintre ou un poète. La lumière d’automne est inspirante, jamais franche, toujours légèrement voilée même lorsqu’aucun nuage n’embrume le ciel. Soucis de cohérence ? Heureux hasard ? L’opacité est finalement ce qui correspond le mieux à la musique d’OPAC. L’automne c’est aussi la mélancolie de la fin d’un cycle, les petites morts par centaines qui se font belles et rendent la nature fragile, contrastée mais aussi flamboyante.

Toute cette belle complexité automnale est ancrée dans ce In Fragments. C’est un disque intime qui peut sembler fragile, et qui pourtant ne manque pas de force et de puissance dans certaines orchestrations quasi épiques (on pense au final de The Coachman par exemple). Cela grâce à un instrumentarium qui s’éloigne complètement de l’univers folk pour lorgner du côté du classique et du rock : harmonie vocale, guitare, arpège, violoncelle, piano, cloche, bruitage … OPAC manie ces instruments à merveille, trahissant une solide formation classique qui lui a permis de composer ce disque en totale autonomie.

OPAC nous fait donc découvrir une musique avec beaucoup de caractère et d’identité, qui en fait un projet unique dans le paysage musical Tourangeau pourtant déjà bien riche. Sa folk intime, obscure, parfois aux accents psychédélique qui tire vers le chamanisme nous touche. In Fragments est un beau disque à la fois accessible et complexe, qu’on espère pouvoir découvrir dès que possible en live. Car soucieux de faire les choses au mieux, OPAC s’est entouré de quatre autres musiciens pour porter cet album solo à la scène. Un effort et une ambition qui méritent que ça se concrétise au plus vite !

Surveillons donc avec toute bienveillance ce nouveau projet Tourangeau touchant et plein d’espoir. Car après l’automne et l’hiver, reviens le printemps et les jours meilleurs.

GIRLS IN SYNTHESIS – Now Here’s An Echo From Your Future

La scène rock anglaise effectue depuis quelques années à présent un grand retour à la revendication, au populaire , au contestataire, à la résurgence de l’esprit punk, à l’instar des têtes de gondole IDLES ou des plus alternatifs Bad Breeding. Une scène qui scande des mots contre les maux, une scène aux sonorités abrasives, une scène incitant à la rébellion. Et cette scène ne peut être factieuse non seulement par son contenu lyrique, mais aussi par sa forme, sa structure, sa texture.

Ce qui nous amène à Girls In Synthesis. Le Trio nous gratifie de leur 1er album « Now Here’s An Echo From Your Future », véritable pamphlet amer visant leur nation, pamphlet dont l’écho ne peut qu’être intense dans les autres pays dont les économies libérales écrasent leur peuple. Dans une ère où les tensions sociales s’accruent, les trois londoniens alimentent la fibre vindicative de leur auditoire.

 

 

Leurs précédentes sorties, un flux constant de singles ultra-limités de 45tours, qui ont été rassemblés en 2019 pour le «Pre / Post: A Collection 2016-2018», canalisaient déjà toute l’aliénation stressante, anxieuse et précaire d’une classe ouvrière mise à rude épreuve. « Now Here An Echo From Your Future » (Voici maintenant un écho de votre avenir) en assombri encore un plus les perspectives. Un constat pragmatique de la sitation vécu en Grande-Bretagne. Une ambiance maussade et inquiétante que le groupe contrebalance en nous incitant à nous tourner vers les ressources culturelles et sociales disponibles; l’importance de la communauté égalitaire, la confiance, le respect mutuel, et l’espoir.

 

 

G.I.S. Se situe dans une veine post-punk corrosive , avec le duo basse- batterie mise en avant auquel se rajoute les distorsions sonore notamment par la guitare. Le rythme frénétique est, à la première écoute, fracassant, déstabilisant, voire intrusif. Il est même possible de le trouver linéaire. « NHAEFYF » est un album qui ne se laisse pas facilement apprivoisé. Il faut plusieurs écoutes pour se l’accaparer, puis le savourer, ce qui n’en sera que plus jouissif à la perception de chaque relief, à chaque brutalité, grâce à ces guitares hurlantes, à ces rythmiques frénétiques, à ce groove de basse affûté et brusque, à ce chant hurlant, bredouillé et égosillé .

 

 

[ « They’re Not Linstening » est un rappel important aux gens de la classe ouvrière qui ont fini par croire que Boris Johnson est leur compagnon, que l’aile droite du parti conservateur a toujours ses propres intérêts à cœur.  Pour citer le communiqué de presse, ce titre reflète le fait que «la tradition séculaire de la droite accostant les gens désespérés de la classe ouvrière est revenue». Les paroles semblent exprimer l’expérience décevante et réductrice d’être ignoré, négligé, sans conséquence dans un système instrumentiste où tout ce qui était voulu était votre vote. ]

 

« NHAEFYF » est une réussite absolue, enregistré au printemps 2019, il trouve une résonance tout particulière en cette période 2020. Girls In Synthesis signe un brûlot rempli de cynisme et de colère, qui cherche à nous faire tendre vers un optimisme nécéssaire, éminent, et, espérons le, imminent.

Sorti sur le label punk expérimental Harbinger Sound.

 

 

Girls In Synthesis

Now Here An Echo From Your Future

28.08.20

 

WESTERMAN – Your hero is not dead

WESTERMAN
Your Hero Is Not Dead
5 Juin 2020 – @Play It Again Sam

 

Après un 1er EP paru en novembre 2018, l’auteur-compositeur-interprèete londonien Will Westerman signe de son nom son 1er long format : « Your Hero is not dead » sorti le 5 Juin dernier dans une Angleterre encore bien confinée, malgré les déconseille de certains, ravi de pouvoir partager sa musique aux mélomanes en manquent.

On y trouve ici douze titres d’une magnifique folk pop lumineuse et astrale, aux influences psyché, aux sonorités légèrement électroniques, saupoudré de jazz ; et pour ce faire, des guitares acoustiques, des boîtes à rythmes et des claviers en écho.

Des textes qui traitent entre autres de la faillibilité de l’être humain, les batailles intérieures, la douleur morale comme physique (que lui-même expérimente tous les jours du fait d’une maladie chronique dont il est atteint), l’anxiété sur l’avenir de la vie sur Terre, le changement climatique, des zones grises – morales comme politique ou éthique-, de lutte, de libération…

La voix n’est jamais tirée, toujours élevée, elle plane au-dessous des arrangements comme un doux nuage. Et lorsque l’on se noie dans cette douceur, quelque morceaux plus dynamiques sont là pour nous retenir, sans jamais nous énerver.

Douze morceaux qu’il faut absolument écouter sans modération.

#NeilYoung #NickDrake #TearForFears

RUN THE JEWELS – RTJ4

“Et puis merde, pourquoi attendre. Le monde est infesté de conneries alors voici quelque chose à écouter pendant qu’on règle la question. On espère que ça vous apportera de la joie. Prenez soin de vous, gardez espoir et merci de donner la chance à deux amis d’être entendus et de faire ce qu’ils aiment.” 

C’est sur cette note que vous serez accueillis en découvrant le site de Run The Jewels. La Gueule de bois politique continue pour le duo Killer Mike/EL-Paussi électrique qu’engagé, qui nous livre RTJ4, leur quatrième album depuis 2013, le second depuis l’ère Trump. Les deux vétérans, super-héros du rap, sortent une fois de plus un brulot : des textes évocateurs, véritable pamphlet auditif,  autour du racisme, de l’éducation, de système judiciaire, des brutalités policières, des inégalités socio-économiques, des médias et de la violence. Une ambiance résumée par le brillant MC d’Atlanta Killer Mike dans le titre Walking in the Snow:

« They promise education, but really they give you tests and scores
And they predictin’ prison population by who scoring the lowest
And usually the lowest scores the poorest and they look like me
And every day on evening news they feed you fear for free
And you so numb you watch the cops choke out a man like me
And ’til my voice goes from a shriek to whisper, “I can’t breathe
And you sit there in the house on couch and watch it on TV
The most you give’s a Twitter rant and call it a tragedy

‘Ils promettent l’éducation mais ne donnent que des tests et des scores
Ils prédisent la population carcérale avec les scores le plus bas
Généralement ce sont ceux des plus pauvres qui me ressemblent
Chaque jour, les nouvelles du soir vous abreuvent de peur gratuitement
Comme engourdi, tu regardes les flics étouffer un homme comme moi
Jusqu’à ce que ma voix passe d’un cri à un murmure : ‘I can’t breathe’
Et tu es assis là, à la maison, sur ton canapé, à regarder ça à la télévision
Et le mieux que tu puisses faire est une diatribe sur Twitter, qualifiant cela de tragédie’.

Killer Mike monte encore d’un niveau aussi bien dans son flow que dans son engagement politique, fervent partisan de Bernie Sanders ou encore à travers sa série drôle et provocatrice Trigger Warning with Killer Mike ou le rappeur et activiste entend transformer la société en allant au bout de ses idées révolutionnaires.

Le duo avait annoncé que RTJ4 serait leur meilleur album. Un effet d’annonce que l’expérience nous aura appris à nous méfier. Cet album est une pure perle. Les deux MC sont plus incisifs et sarcastiques que jamais, les prods de EL-P  sont lourdes, percutantes, sublimées par le travail dans le studio de Rick Rubin. L’esprit d’un hip hop conscient plus que vaillant, aux sonorités très 90’s, qui auront marqué les deux êtres dans leur construction artistique. En témoigne ce sample extrait de « DWYCK », le morceau des mythiques Gang Starr, pour leur titre « Ooh LA LA ». Rien de plus alors pour la paire que d’inviter DJ Premier et Greg Nice sur ce futur classique, qui incite le peuple à la rébellion pour mettre fin aux institutions du pouvoir et de l’argent roi.

Ils sacralisent l’âge d’or du Hip Hop, mais l’équilibre avec des sonorités plus modernes est toujours savamment dosé, avec des influences plus larges pouvant toucher au punk, rock, trap ou encore electro en compagnie d’invités prestigieux qui se succèdent : 2ChainzPharrell Williams, Josh Homme et Mavis Staples, la participation de Zach De La Rocha.

Run The Jewels ne nous aura pas menti : cet album est une réussite, et très certainement le meilleur de leur carrière à présent. Et plus encore, cet album est la B.O parfaite pour changer le monde actuel.

Album disponible gratuitement sur runthejewels.com, avec une possibilité de donation dont les bénéfices seront versés au MDC (Mass Defense Committee) qui est un réseau d’avocats, de juristes et d’étudiants en droit fournissant un soutien juridique aux militants politiques, aux manifestants et aux mouvements pour le changement social.

Version Vinyle: Sept 2020

Run The Jewels
RTJ4 
04.06.20
Label: Jewel Runners

TRACKLISTING :

01. Yankee And The Brave
02. Ooh La La (feat. Greg Nice & DJ Premier)
03. Out of Sigt (feat. 2 Chainz)
04. Holy Kalamafuck
05. Goonies Vs E.T.
06. Walking In The Snow
07. Just (feat. Pharrell Williams  Zach de la Rocha)
08. Never Look Back
09. The Ground Below
10. Pulling The Pin (feat. Mavis Staples & Josh Homme)
11. A Few Words For The Firing Squad (Radiation)

OTHER LIVES – For Their Love

OTHER LIVESFor Their Love // (ATO Record)

C’est donc l’heure du grand disque, du succès pour Jesse Tabish et ses Other Lives !

Après quatre albums « bien mais sans plus », d’une pop assez convenue entre Radiohead et référence country, le groupe fait table rase de ces morceaux trop pâles et sort l’orchestration lourde, sans timidité. Ça y va à fond dans la recherche du frisson, inspiré par les grands espaces américains, et si ça pourrait tomber dans la parodie de sois même, c’est tellement bien arrangé qu’on ne peut que se laisser prendre au jeu.

« J’ai fait For Their Love avec mon cœur et mes tripes » explique Jesse en interview. Un retour aux sources qui a souhaité se libérer de la musique par ordinateur, et se recentrer sur une vie de groupe en autarcie. Pour la composition et l’enregistrement de ce disque, le trio s’est isolé dans une maison familiale paumée dans la forêt, avec en son cœur un gigantesque salon ouvert sur la nature. Une immersion et une isolation qui se sent dans le côté très cinématographique de cet album. On sent bien que le lieu est le quatrième membre décisif du groupe sur la création de cet album. On le retrouve sur la pochette du disque, et également dans le clip de « Lost Day », directement tourné sur place.

Avec For Their Love, Other Lives abandonne les incursions électroniques de leur successeur afin de retrouver les aspects naturels pour briller au plus haut point. Leur indie folk psychédélique et baroque redevient céleste afin de se rapprocher du spleen digne de The National et de Bon Iver avec des arrangements romanesques qui rappelleront les premiers albums de Balthazar pour relever le tout.

Instrumentation arborescente, vocalises entremêlées entêtantes, architectures complexes et textures luxuriantes, pour des morceaux finalement limpides et mémorables. Un disque de grands sentiments, un disque qui se veut immédiatement accessible, sans autre but que le plaisir immédiat d’une mélancolie doucereuse.