THE INTELLIGENCE – Crepuscule with Pacman

The Intelligence est un groupe déjà culte. Formé en 99, ce groupe originaire de Seattle est une des figures de prou d’un vaste mouvement qui mêle punk, no wave, pop et noise dans un esprit DIY/garage poussé à l’extrème. Ce qui en fait un groupe culte c’est surtout Lars Finberg, le principal compositeur et génie du quatuor. Il a le don pour faire sonner ses claviers et guitares cheap comme personne. Avec une apparente nonchalance il pond des morceaux à la pelle, à la foi tordus, joyeux, tarés, groovy, pop, rugueux et complètement entêtant… Ultra prolifique, The Intelligence nous habituent à 3, 4 sorties de disques par an, de l’obscure 45t. aux albums plus largement distribués. Leur quatrième album et première sortie sur le label français Born Bad Records a été enregistré à l’arrache sur un 4 pistes cassette dans un salon. Crepuscule With Pacman est une excellente démonstration du talent de The Intelligence à rendre la combinaison sauvage et brute de guitares dissonantes, de claviers malades et de chants possédés planant très haut, complètement addictive.

A venir d’ici très peu, un nouvel album (déjà ?) sur In The Red Records et une énorme tournée européenne qui les mènera notamment jusqu’à Tours pour le prochain festival Aucard de Tours en juin. Wooouh !!
http://www.myspace.com/theworldisadrag

CROSSING THE RUBICON (Guerilla Asso)

1e album surprise en provenance de Paris. Tellement récent qu’on a pas encore d’info précise (à part qu’un membre de JETSEX s’y commettrait…), c’est d’autant plus étonnant que la maitrise du sujet sur ce coup d’essai est impressionnante !

Imaginez une base stoner bien lourde ayant la patate du punk hardcore classique, enrichi de passages noisy, certes courts, mais d’autant plus efficace, le tout mené par une voix qui fait inévitablement penser à THE BRONX. Voix qui d’ailleurs emmène l’album vers lers sommets, en parvenant à trouver sa place et emmener les morceaux sans jamais faiblir.

Oui, c’est ça ! le chanteur de THE BRONX qui ferait un groupe avec les types d’AKIMBO. C’est redoutable d’efficacité, compact et cohérent.

Passé une intro (courte) nourrie de sons psychés, les morceaux s’enchaînent, toujours bons, toujours relancés par des breaks de folie et un gimmick imparable à chaque fois (refrains (« Dynamo« ), riffs (tous ?), pont de basse bien saturés (yeah !), solos 80’s même (« A Smile« ) ! diantre) et parvient à passionner sans lasser (en variant les rythmes pour plus d’impact et de dyanmique) , ce qui est quand même très fort.

Pas de tubes à dégager particulièrement, mais pas de morceau faible. Si tu aimes un morceau, tu aimeras tout, pas de souci.

Du coté des (petits) bémols, on aurait aimé que la très belle pochette dépliante bénéficie d’une qualité de papier supérieure pour mieux rendre et que les paroles y soient intégré. C’est histoire de dire, parce que sinon, c’est le sans faute et fait de CROSSING THE RUBICON digne de rivaliser avec ses modèles US ! Album de la semaine donc !

DJ KOZE : Reincarnations The remix chapter 2001-2009

DJ KOZE : Reincarnations – The remix chapter 2001-2009 (Get Physical /
La Baleine)

Une collection en forme de rêve parfait par un des producteurs
électronique le plus talentueux de cette décennie !

Si vous écoutez de la Techno depuis la fin des 90’s, le nom de DJ
Koze vous dit surement quelque chose, et il y a des chances que ses
morceaux vous aient bercés en clubs ou chez vous, tout simplement.

Stefan Kozalla possède une touche unique dans la scène électronique, à la fois expérimental et Ambiant (Adolf Noise) ou sous le nom de DJ Koze ( l’adorable & profond morceau « I want to sleep », qui a reçu les honneurs de bon nombre de Dj’s en 2008 ) et, içi, en forme de remixeur pour un bon nombre d’artistes.

Le travail fluide & dépouillé sur les textures, les voix, et
l’hyper-profondeur des morceaux reposent sur la souplesse et surtout
l’effet très sexe qui en découle ( Naked de Koze vs Sid le Rock ); le
psychédélisme frapadingue ( Atlas de Battles ); l’étrangeté futuriste (
Mango Cookie de Sascha Funke ); ou la post-pop très personnel (Elementary lover de Matthew Dear ).

A côté, des exercices de style en forme de Deep-House baléaric et French-Touch ( Minimal de M.Aguayo ); House des premiers amours ( H. Voss ) et funky, sans concession ( Malaria! ).

Un moment formidable, réalisé comme un album et d’une grande
cohérence, d’un artiste qui trace son chemin sans se soucier des modes
et transcende littéralement le remix.

PS : Vous retrouverez dimanche dans l’émission « Electrons Libres » ( 23h ) une spéciale sur DJ Koze avec un mix réalisé il y quelques semaines au club Indigo (Istanbul) , et qui durera toute la nuit. Et le site Resident Advisor propose en podcast ( inscription gratuite ) son mix.

http://www.residentadvisor.net
http://www.myspace.com/djkozeakaadolfnoise
http://fairtilizer.com/users/charles1

NLF3 – Ride on a brand new time

Depuis la sortie du EP Echotropic, qui a bercé notre été 2008, nous attendions avec impatience ce nouvel et 4eme album de NLF3. Ce trio s’est formé autour des 2 frères F.Lor et Don Nino, par ailleurs fondateurs du fameux label Prohibited Records à qui l’on doit des albums de Prohibition (projet précédent des 2 frères), Don Nino, Heliogabale, Purr, Pregnant, Herman Düne, … Créateurs d’imaginaires sonores, ils excellent dans l’art du ciné concert et se sont faits un nom notamment grâce à la mise en musique du film d’Eisenstein « Que Viva Mexico« .

Instrumental, On a ride … » le dernier album de NLF3 inspire la rêverie et le voyage sur une musique hybride tout à fait inclassable. La profusion de sons peine à nous faire croire qu’ils ne sont que 3. Autour d’une formation basse, batterie, guitare/clavier et munis de quelques percussions, leur science des boucles leur permet de passer d’un instrument à l’autre, de travailler les textures jusqu’à créer des effets qu’on croirait électroniques. Les influences de ce groupe semblent infinies, le rythme totalement hypnotique de cet album convoque les maîtres de l’Afrobeat, du Tropicalisme ou du Krautrock. En live, leur musique enfin incarnée relève de la transe. Les douces voix aigues se confrontent au magma sonore et provoquent une confusion des sens digne d’une dérive psychédélique.

NLF3 parvient à imposer une nouvelle musique. Une musique d’explorateur qui nous emmène au coeur d’une jungle tour à tour humide (Shaadonga Falls), mystique (Oxala mon amour), luxuriante (Bird no birds), puissante (Hurricane). On ne sait où se situer sur le globe, sommes nous sous les tropiques d’Afrique ou du Brésil? Parfois on s’imagine dans une jungle polaire (Stellar Subkingdom).

nico

ORELSAN – Perdu d’avance

ORELSAN : Perdu d’avance (7th magnitude/3ème bureau/Wagram)

 La vie et un regard acide sur la jeunesse … perdu d’avance ?

 Orelsan. Caen. La province. Un terrain et une ville qu’il connait très bien car il a crée il y à quelques années « Casseurs Flowters » avec Gringe. Pas mal de soirées plus tard, il décide de partir en solo, confiant, sur de lui.

 Début 2008, il poste sur le net le morceau « Changement », un regard sur une jeunesse d’aujourd’hui tellement transgressive que les repères n’y sont plus. Pratiquement un an plus tard, le « geezer » frenchy arrive très fort pour un premier opus qui joue l’effet double-couche. En effet, dans le fond Orelsan pourra être vivement critiquer pour son côté délire égo-trip (Logo dans le ciel), voir misogynes (pour le pire), mais une chose est sure, c’est que rarement dans le hip-hop Français ont à été dans une précision quasi-chirurgicale en parlant d’un mal-être « d’une génération de chômeurs en quête de bonheur » (no life). L’ironique (ou pas) « perdu d’avance » joue dans le délire et le sérieux, ce que Fuzati n’a jamais réussi, à force d’être trop six pieds sous terre. Le reste est servi d’une plume, jamais pessimiste. Niveau forme, les instrus sont parfois léger voir naïf, mais paradoxalement, ça passe ( d’où l’effet double-couche ) . Mais là ou il est très fort, c’est quand il joue le rôle de « Jimmy Punchline ». Du très lourd, sur un son bien « fat’, en forme de clash ( pour Seph Gheko ? ) autentik.

 En clair, malgré certains moments inégales (défauts du 1er album), son mélange « Mike Skinner vs Eminem dans la province Française » n’est vraiment, mais alors vraiment pas perdu d’avance. Check it !!!

BRANKAL – Deuxième Demo // FORDAMAGE – Belgian Tango

Brankal – 2eme Demo (Autoprod)

Un an et quelque après une première démo, déjà Démo de la Semaine en son temps, le trio tourangeau Brankal revient à la charge avec sa deuxième démo 5 titres (décidément j’aurais toujours du mal à appeler « demo » des disques aux si belles pochettes, et à la production soignée, le disque fut-il un Cdr). Au programme toujours ce son noisy aux influences post punk (à moins que ce ne soit l’inverse) tout en minimalisme : boucles de guitare et batterie pour l’instrumentation. La voix de Wareen a gagné en nuances, son registre s’est élargi sans pour autant perdre de son originalité. Au rayon surprise: une belle reprise de She lost Control de Joy Division. Il fallait oser s’attaquer au monument et c’est une réussite loin de l’anecdote.
http://www.myspace.com/brankalpr

Fordamage – Belgian Tango (Kythibong)

Sur la lancée d’un premier album déjà plébiscité sur nos ondes, Fordamage enfonce le clou. Clou rouillé s’il vous plait. 2eme album toujours noise donc. La basse énorme est toujours là encore plus puissante. Les guitares se la jouent grincantes, atonales pafois à l’unisson avec la basse, notament sur des break fracassants. D’autres fois elles peuvent évoquer une musique traditionnelle d’on ne sait où comme savent le faire The Ex. On pense aux hollandais aussi sur ces quelques passages chantés en coeur masculin/feminin, surprenantes bouffées d’air pas désagréable. Le traitement du chant est beaucoup plus fluide qu’auparavant. Le coté « foutoir », tout le monde crie comme il peut, qui faisait aussi le charme du premier album, est ici délaissé au profit de lignes de chant plus claires (plus écrite?) et sur la longueur plus facile à digérérer. En somme, une maitrise parfaite du son et des compositions qui font désormais de Fordamage un des groupes incontournables de la scène noise française.
http://www.myspace.com/fordamage
http://www.kythibong.org

MAGIC BARBECUE – Magic What?

Ça commençait à faire un petit moment qu’on avait pas élu un !!!Album de la Semaine!!!. Malgré les innombrables nouveautés qui rentrent chaque semaine dans les bacs et sans les déprécier, on attendait patiemment le truc qui sorte du lot, le truc qui mette sa claque. Et bien Ayé! On l’a!!!
Ceux qui connaissent le duo Pneu ont pris l’habitude de dire  » ‘tain le batteur c’est un ouf, y tape et gigote comme un malade, trop puissant, ah ‘tain! « . Et oui et bien mettez le aux claviers, collez lui un micro au fond de la gorge, greffez lui des pédales d’effet où vous pouvez et chazam!! : vous avez Magic Barbecue!
Concrètement ce sont 5 morceaux qui évoluent entre noise instinctive improvisée, psyché, dansante, débile et drone pour un résultat totalement furieux par dessus un bon bruit de fond qui sent bon le DIY.
Après quelques concerts d’échauffement dont ses premiers pas sur un concert Béton avec Death To Pigs, Hallux Valgus et Basement et une récente petite tournée avec Anes et Bateaux (dont il est aussi le nouveau batteur!!), on peut désormais écouter Magic Barbecue en haute fidélité! On peut trouver ça en K7 chez Force Béton (des cousins?) ou en Cd chez sur les stands du Temps qui sèche (remember la Bourse aux Disques).
On en redemande!!

nico

LES EVADES – Aucun Appel Au Calme

Rares sont les groupes de rap à préférer peaufiner leurs textes et leurs flows dans l’ombre plutôt que flamber sur le web en privilégiant la forme sur le fond au profit d’une pseudo gloire sans lendemain.

LES EVADES ont résisté à ce piège. Trop malins pour ça, trop de passion et de lucidité pour tomber dans le piège…

Le groupe a préféré avancer dans l’ombre et faire son chemin dans l’underground durant 10 ans avant de se décider à sortir ce 1e album « Aucun Appel Au Calme », 10 ans mis à profit pour investir les scènes les plus obscures comme les plus prestigieuses (en 1e partie de la RUMEUR notamment), à poser sur des mixtapes et surtout à observer et analyser un monde (et pas juste celui du hip-hop) qui tourne (mal).

L’attente en valait le coup tant ce 10 titres est un coup de maître ! : instrus sombres mais qui claquent, propos pessimistes mais combattifs et flows en place,le tout accompagné d’une démarche indépendante (en punk on dirait DIY) choisie (par opposition à tous les pseudos MC pseudos indés prêts à sucer Skyrock/Sony si une opportunité se présentait), tous ces éléments rapprochent le collectif de BOURGES de leur modèle LA RUMEUR (et CASEY ) .

Car si on ne note aucun faux pas tout au long du disque, on doit tout de même noter que l’ensemble sonne presque plus LA RUMEUR que l’original, à tel point que, lorsque EKOUE vient poser sur le titre « Vous Avez Tiré Les Premiers  » on pourrait presque ne pas remarquer sa présence !

Ce serait le seul bémol (et je ne dois pas être le premier à l’écrire ou le penser, pas la peine d’en rajouter) de ce disque, qui d’ailleurs, n’abuse pas des featurings (EKoue, Specio) et qui redonne fois dans l’underground rap français et dans la lutte !

http://www.myspace.com/lesevades

A noter que les Tourangeaux pourront voir le groupe en live le 26 Novembre 2008 en compagnie de ALI’N et KITCHAO au Bateau Ivre (Tours) dans le cadre des soirées PERMIS DE JOUER organisées par LE PIMANT & RADIO BETON

VAROSA

Mel Team Plugs – Be Poor And Die

Si vous pleuriez les Burning Heads depuis Escape , séchez vos larmes et précipitez vous sur cet album !
Originaire de La Rochelle, en activité depuis 2000, MEL TEAM PLUGS reste un groupe trop méconnu. La faute à des apparitions live trop rares ? Pourtant, depuis leur premier démo, le groupe a toujours joué un punk-hardcore à la fois mélodique et hargneux de premier choix, oscillant entre Strike Anywhere et les Burning Heads déjà cités.

Silencieux depuis 2003 (!!!) , le retour ne s’est pas fait à moitié : bonne prod, à la fois puissante et « naturelle » (comprendre pas boosté outre mesure gonflée aux hormones pro-tools surcompressé comme 90% des groupes français) au service de chansons directes, efficaces et speeds.

La recette n’a pas changé, elle s’est juste améliorée : rapide, hargneuse, accompagnée de refrains accrocheurs, simples et directs, mais suffisamment variés pour ne pas lasser, (on pourrait résumer ça très simplement, pour paraphraser Kid Dynamite « shorter, faster, louder »), c’est le hold up parfait !

Pour faire rapide et simple, ce disque est tout simplement le meilleur disque punk-hardcore français sorti cette année, à ranger entre B.H, Good Riddance, Strike Anywhere et Propaghandi. Tout simplement.

Maintenant, il faudrait enfin que le groupe se décide à transformer toutes ces bonnes intentions sur scène ou ce disque reste de rester un chez d’Å“uvre inconnu de plus !
Sorti chez Chanmax en digipack,c’est un sans faute (presque, si on oublie la pochette…)

Metronomy – Nights Out

« La nuit est chaude, elle est sauvage… » c’est par cette phrase d’un groupe Français 80’s de mauvaise passe qu’on peut traduire l’état d’esprit du 2ème album de Metronomy, conduit sous la houlette de Joseph Mount. Crée il y a dix ans, et maintenant sous les projecteurs d’une petite hype en Angleterre gravement inutile (les journalistes les comparent aux Klaxons et cette scène morte-vivante « new rave »), l’évolution est plus qu’intéressante.

Nights Out pour une nuit donc, où tout est permis sur le dancefloor, mais orchestré par une espèce de spleen et de mélancolie plutôt rares dans ce style, pop aux variations post-funk synthétiques et, au final, n’appartenant qu’à eux.

Une vraie innovation musicalement, avec une recherche de la mélodie accrocheuse et aux textures singulières ( Heartbreaker , avec cette idée d’incorporer le son d’une porte qui grince), qui porte beaucoup à cette album. Ludique et joyeuse, une vision drôle (le funky The end of you too ) et parfois borderline (le disco post-pop My heart rate rapid ). Les influences de Devo s’opèrent de très bonne façon dans On the motorway , et la funk-disco de Holiday est de la trempe de Talkings Heads mais plus sous une boule à facettes aux allures cradingues.

Un disque qui va traverser les époques de par sa singularité, une écriture ne virant jamais dans le glauque et le racoleur, et surtout un avenir de la pop ambitieux. Un grand disque !