PIANO CHAT – Ours Molaire

Que l’on soit auditeur de Radio Béton, public d’Aucard ou simplement tourangeau, on ne peut pas ne pas connaître Piano Chat.

Juste au cas où, pour re-situer, Piano Chat, c’est un one man band composé d’une loop-station, une guitare, une mini batterie et l’ex leader du Ladybird LALAband.

Cet album, nous l’attendions avec impatience et pour cause: Des lives toujours réussis malgré les galères techniques, de vrais performances: étonnantes, captivantes, un peu folles et très personnelles. À chaque fois je suis surprise de l’énergie et de l’implication de Marceau dans ces lives. Il donne tellement que le public ne peut que se laisser impliquer, un vrai partage, presque une communion. D’ailleurs, les programmateurs d’Aucard et de Vendôme ne s’y sont pas trompé! Programmé à Aucard en 2010 et tous les soirs des Rockomotives, ce n’est pas rien!

Alors oui, nécessairement, nous attendions cet album. Comment passer de l’émotion live à un album qui tienne la route? Tout simplement en ne changeant rien, en restant généreux, impliqué et sincère. C’est en tout cas la formule choisie par Marceau et elle fonctionne à merveille. Des pop song efficaces et rythmées qui restent en tête toute la journée et ce je ne sais quoi qui fait le différence.

Cette différence ce situe peut être dans l’humanité qui entoure le projet tout entier né, enregistré et mixé au label bleu à tours, par Jey de pneu s’il vous plait. Masterisé par Ivan Chiossone de Zëro et sortie par les copains sur deux labels: Pourricord et Kithybong… Je ne sais trop quoi ajouté si ce n’est, comme le veut l’expression désormais consacrée, la belle beauté que cet album!

http://www.pianochat.fr/

BRAT PACK – Stupidity returns – Shield recordings

Nijmegen, CA

Comme je vis dans un endroit où le punk rock fait l’objet de 85% des conversations, il est évident que j’avais entendu parler de Brat Pack, groupe hollandais formé en 2006, avec des ex et actuels membres de Citizens Patrol et Frightening Fiction. Ils ont d’abord été désignés meilleur groupe live européen par des amis qui avaient partagé la scène avec eux. Je cite :
« Ils nous ont mis une grosse raclée.»Dans un second temps, leur superpuissance a été saluée sur un autre terrain (l’alcool, ndlr) par un ami qui les avait fait jouer. Je cite :
« Ils m’ont couché. »

Je passerai les détails, restait que dans ma tête le mythe Brat Pack était construit, c’était de vrais sales gosses qui même ivres morts mettaient tout le monde à l’amende, jouaient comme des brutes en faisant des gros fucks au public, pour ensuite rentrer chez eux en skate board. (=cool, ndlr)

Du coup, dès les extraits du nouvel album disponibles sur leur bandcamp, on s’est précipité tous fans qu’on était, et on n’a pas été déçus : suivant en partie des pistes déjà esquissées dans le premier album (Hate the neighbours) –punk rock teigneux et rapide, une batterie très breakée, chant qui crache, guitare s’inscrivant dans une esthétique plutôt rock’n’roll et solos plutôt travaillés – Stupidity returns élargit les possibilités en exploitant encore davantage la variété d’influences et de possibilités rendue possible par un groupe assez hétéroclite. RKL (Rich kids on LSD , groupe de punk hardcore formé en 1982 à Montecito, Californie, ndlr) semble une influence assez évidente et en règle générale Brat Pack sonnent complètement West Coast malgré les minimes influences DC HXC (hardcore de Washington DC, ex. Minor Threat, ndlr). Mais lorsque j’ai avancé cette théorie, on m’a assez vite signifié que j’oubliais mes fondamentaux. Je cite :

« Surtout tu vois, l’influence c’est S&M Airlines (2e album de NOFX, ndlr), écoute les guitares (vérifiez vous-mêmes en écoutant Church of Abuse) ,il y a vachement de mélo dans Brat Pack , si t’écoutes bien ça breake toujours en l’air (métaphore skateboard illustrée d’un petit geste des bras qui semblent mimer un « ollie » approximatif), comme Lagwagon. »

Tout est là, avec un peu de Bad Religion pour les chÅ“urs et les refrains fédérateurs, et pas mal de SNFU. Stupidity returns remanie et secoue les classiques du punk rock avec une énergie juvénile et crado et piétine à coups de stupidité feinte la stupidité crasse et bien réelle de leurs concitoyens de l’est des Pays-Bas grâce à qui là-bas en ce moment, c’est de nouveau la fête à neuneu de l’extrême droite, hélas. Comme quoi il n’y a pas qu’à Venlo que cet album tombe à pic.

BEASTIE BOYS « Hot Sauce Committee Part II »

Le problème des heros de jeunesse c’est qu’il peuvent devenir un peu embarrassant en vieillissant…

Dans le cas des Beastie Boys par exemple, la posture « jeune branleurs pré-Jackass » à près de 50 ans ça peu devenir un peu gênant…. Comme si vos parents voulait trainer avec vos potes en soirée…

Le coté defenseur du Tibet sérieux aussi ça peut plomber. Comme si vos parents voulait vous trainer le week-end à des rassemblements de faucheurs d’OGM pour écouter du swing manouche en dissertant sur la décroissance et l’urgence a faire son propre pain bio…

Ceci dit, secrètement, on espère toujours au fond de soi-même que le nouvel album nous premttra de retrouver l’excitation ressenti lors des découvertes de LICENSED TO ILL, ILL COMMUNICATION ou CHECK YOU HEAD…. et on espère qu’on evitera les instrus funkys chiants (non mais ouais, t’as mis 2 fois l’album THE MIX UP (2008) ou THE IN SOUND (1996) à l’apéro, mais serieusement, qui a ECOUTE plus de 2 fois ces disques ?)

Bref on espère mais on y croit pas trop…

et pourtant…

Et pourtant, cet album maints fois annoncé et repoussé est un réjouissant retour aux sources du groupes qui livre un album de hip hop old school qui a fait son style sans sonner passéiste, grâce notamment à la production « old school mais actuelle » de Zdar (Cassius).

Le propos est recentré autour du hip hop, si l’on excepte le reggaeisant et très resussi  » Don’t Play No Game That I an’t Win » qui accueille Santigold (décidement jamais meilleur que quand elle se contente d’un featuring) ou l’un peu enervé (et très efficace) Lee Majors Come Again.

Ce qui donne un album homogène et efficace, qui ne délivre pas de réels tubes mais qui s’écoute FORT pour délivrer ses reliefs de production (le très West Coast 90’s Funkey Donkey par exemple.

En bref, les Beastie n’essayent plus d’inventer le futur, mais restent en contact avec le présent tout en continuant à perpétuer leur son venu du passé avec classe et de manière efficace. C’est fort hein ?

Un disque qui se vit en fait : si tu écoute ça pas trop fort le cul posé derrière ton ordi comme un geek de chez Pitchfork, tu va t’emmerder et dire que c’est chiant.

Si tu pousses le son et que tu bouges ton cul, ta tête suivra et tu t’apercevra qu’on peut continuer a e battre pour son droit la la fête a près de 50 ans sans pour autant essayer de paraitre avoir 16 ans… La classe !

(Varosa)

AMON TOBIN – ISAM

Enfin, le nouvel Amon Tobin est dans les bacs de Béton !

Le bricoleur touche-à-tout anglo-brézilien nous offre une nouvelle pépite mariant accessible et abstrait: elle s’appelle ISAM.

Nous étions quelques un(e)s à l’attendre avec impatience. Et nous ne sommes pas déçu(e)s; la preuve, il est « Album de la semaine ».

Je t’entends d’ici: une sortie Ninja Tune en album de la semaine, c’est peut être un peu facile… Détrompes toi ! Nous sommes loin de l’electro hype, dansant, un peu facile et parfois franchement indigeste que nous sert le label ces temps ci.

Évidement, on l’attendait au tournant après Foley Room ce cher Amon.

Et bien, le challenge est relevé.
Et ce parce qu’il y a une vraie continuité dans son travail. ISAM a quelque chose de Foley Room, qui lui-même a quelque chose de Chaos Theory, etc.
Ce sont les côtés les plus expérimentaux du premier qui constituent la base du suivant, lui permettant de pousser la recherche sonore, l’expérimentation et l’approche concrète de plus en plus loin sans que cela ne soit choquant, sans perdre l’auditeur en route.

On pourrait lui reprocher l’absence de « Tubes » sur cet opus, néanmoins, s’ils ne le sont pas nécessairement à la première écoute, certains de ces titres risques tout de même de devenir des classiques. C’est un travail tout en finesse, un univers doux et tortueux à l’esthétique raffiné qui est confié ici. De bruits d’insectes, des bruits de rue, des bruits du quotidien en sommes, assemblés pour donner vie à un monde parallèle enveloppant dans lequel on a envie de se perdre encore et encore afin d’en déceler toutes les subtilités.

Je ne pousserais pas plus loin la description de cet album : son interprétation onirique me semble toute personnelle et pour ce qui est de la description « mécanique », Amon Tobin l’a faite lui même. Ça se trouve ici. Chaque titre y est commenté par le producteur : influences, inspirations, techniques, anecdotes… et surtout la possibilité d’écouter l’album entièrement. Tout y est, ce qui rend cette longue chronique un peu inutile…

SISTERHOOD ISSUE !!!

SISTERHOOD ISSUE – RETURN TO SENDER (Mass prod/Dirty guys rock/No way asso/Counteract records/Crapoulet/Don’t trust you) – 33 Tours – Vinyl rouge

Ca faisait longtemps que nous n’avions pas eu un disque de Punk hardcore en disque de la semaine ! et pourquoi SISTERHOOD ISSUE alors ? Dire qu’ils et elles sont de Tours serait une réponse évidemment trop facile.

A la base, Trio Féminin, composé d’ex membres de FURIOUS BELLY et de GIRLFIXER, qui avait 1 Ep et un mini album de 8 titres. Après pas mal de dates remarquées partout dans l’hexagone et une tournée en Espagne, le groupe s’offre une petite pause et en profite alors pour changer de line-up. Désormais composé de Giny (guitares/Chant, membre fondateur), de François à la batterie, de Delphine (ex URBAN STRUGGLE) au chant lead, et de JB (ex FREE FOR ALL/SOYUZ) à la basse, le groupe nous revient donc avec cet album tant attendu, Return to sender, album qui va droit au but, avec des morceaux courts (« Getting trashed« ), Emo (« Right to be there »), Crustcore ala Ekkaïa/Tragedy (« This is not bound to happen »), ou Hardcore pur et dur et ses éternels choeurs du Stade de Liverpool (« A story ends »).

Je n’aime pas l’utilisation de la formule « album de la maturité » car ils et elles ont déjà de la bouteille, et leur expèrience scénique n’a plus à être prouvée. Néanmoins, le groupe a su profiter de toutes ces années de concerts pour peaufiner leurs compos et leurs textes engagés, énervés et lucides sur le monde qui nous entoure, et qui laisse présager un avenir radieux pour le combo, et cet album est d’ores et déjà à graver d’une pierre incandescente dans le marbre de l’histoire du hardcore Tourangeau, car, oui, monsieur, SISTERHOOD ISSUE est de TOURS, et ce sont nos compatriotes de DIRTY GUYS ROCK qui co-produisent cet album, alors Champagne !!! PLAY FAST OR DON’T !!!!!

THE VACCINES

Pour une fois qu’un buzz est justifié : hourrah ! What did you expect from the Vaccines ? est sorti en digital le mois dernier.

En deux semaines, ce groupe jusque-là inconnu (ils se sont formés l’année dernière et ont sorti un premier single en novembre) se sont propulsés en tête des charts, on les entend partout, on les attend impatiemment sur tous les festivals de l’été.

Mais valent-ils réellement le détour? Oh oui.

The Vaccines sont quatre, ils viennent de Londres et comptent parmi eux le frère d’un membre des Horrors , ils ont donc jusque-là tout bon pour rentrer dans la hype.

Reste que même dans le petit monde de l’indie britannique, la barre est haute. Or, les Vaccines réussissent haut-la-main ce que personne n’avait réussi à faire depuis plusieurs années : composer un classique, un album simple, évident et excellent, avec, cerise sur le gâteau, un énorme tube (Post break-up sex).

Leurs influences sont parfaitement attendues mais du meilleur goût: « ’50s rock ‘n’ roll, ’60s garage and girl groups, ’70s punk, ’80s American hardcore, C86 and good pop music » et selon celles-ci ils composent donc un album dansant, excitant, triste, en trois accords, avec une paire de chansons d’amour poignantes, un tube dance floor d’1’24 débile, le tout capable de plaire au plus grand nombre.

Le NME y voit l’équivalent anglais du Is this it ? des Strokes et la comparaison est méritée, le succès critique concordant parfaitement avec la réception du public. On reconnait du Jesus & Mary Chain période Darklands dans ces pop songs simples et floues, ce chant de baryton sur des guitares cinglantes et un goût assez prononcé pour la reverb.

Il y a du Ramones dans la simplicité et le romantisme naïf parfaitement assumé, il y a du Smiths dans la façon de chanter les banalités que sont l’amour et le sexe, un sens de la formule amère à la Morrissey, le regard ahuri et le verbe lucide.

Le groupe en lui-même n’a rien d’interessant, ce sont des mecs normaux qui, comme tous les anglais, font un groupe de rock. Ils ne sont ni beaux ni moches, ont une vie normale, ressemblent à n’importe quel autre groupe de rock anglais.

Après tout ce qui nous a été donné d’écouter depuis pas mal de temps, cet album sonnerait presque comme un plaisir coupable, à croire qu’il serait inacceptable de vraiment aimer un album simple d’indie rock.

Et bien laissez-vous aller et que crèvent les cyniques, on tombe amoureux des Vaccines comme on tombe amoureux en vrai, en se laissant porter. C’est aussi con.

PNEU « Highway to Health »

Le nouvel album de PNEU va faire crisser ta platine. Comme indiqué dans le titre, le duo tourangeau gonflé à bloc nous ouvre les portes de « l’autoroute de la santé » avec ce 2e album (qui fait suite à Pince Monseigneur).

Autant dire que tu n’as qu’à allumer le moteur et passer directement en 5e, voire 6e, avant d’avaler d’une traite ces 9 titres déjantés. À aucun moment tu ne chercheras la sortie durant ces 26 min 48 de bonheur ; éventuellement pour faire demi-tour et recommencer!

« Highway To Health » roule dans les clous du math rock/noïse, comme l’on pouvait s’y attendre. Avec des ribambelles de riffs de guitare et la tornade rythmique qui les caractérisent. Pour autant, Pneu nous réserve son lot de surprises, notamment avec une déviation de trajectoire limite zouk sur les morceaux Tropicon ou Batatanana où une odeur de banane et des bulles calypso s’invitent heureusement. Peut-être un souvenir de « La Colonie de Vacances » ou une réminiscence de « Papaye » ?

Autre belle surprise : une voix s’est frayée un passage entre les increvables guitare et batterie. Sur Knife fight, Eugène S. Robinson (Oxbow) embraye dès les premières mesures un chant aigu, frénétique, déchaîné.

Et pour la première fois, les deux compères se sont offert une vrai session studio à Salem avec l’excellent producteur Kurt Ballou (Converge). Ce qui ne fait qu’ajouter à cette traversée brutale, excitante et rocambolesque de cette satanée « autoroute ».

Vous êtes donc cordialement invités à passer au péage : l’album de Pneu est disponible sur le label Head Record depuis le 29 mars 2011.

THE SHOES : CRACK MY BONES

Tu chausses du combien? Don’t Panic, cette paire est terriblement additive une fois enfilée.

L’aventure des Shoes débute en 2001 du côté de Reims. Une ville « In The Place » que l’on déclarerait presque « monument culturel contemporain » depuis qu’y sont arrivés Brodinski, Yuksek, les Bewitched Hands … D’ailleurs, ca n’est pas par hasard que l’on retrouve Anthonin Ternant (du dernier groupe cité) dans ce premier album. Après plusieurs EP scintillants comme « Stade de Reims 1978 », c’est direction Londres pour les Shoes qui y prendront la température avant de lâcher une matière squelettique à Lexx, l’un des producteurs Anglais en vogue. Ainsi, ce dernier a transfiguré la base même de l’album pour en donner une dimension et un relief unique, techniquement parlant. Il faut dire que les Shoes ont capté quelque chose qui tient du mémorable, forcant l’admiration, et qui sans doute marquera plus qu’une saison.

La science de l’écriture Pop et du roulement « Dancefloor » électronique tient la route sur la longueur de l’opus. On parle ici de roulement ; car ce qui marque aux premiers abords c’est le côté percussif. Beaucoup de Drum et de Tom, comme par exemple sur Cover Your Eyes qui débute avec cet esprit catchy comme du Neptunes. Le tout pourtant avec une approche plus Pop, via la voix du chanteur de The Wave Machines. Le plus atmosphérique Wastin’ Time calme le pas avec une mélancolie imposée par les synthés. A l’inverse, Time To Dance est dans l’optique, et ce, sans aucune prétention, de faire bouger comme un gogol like The Go Team. Enfin, l’ancien morceau People Movin’ fait toujours son effet, retro-Breakbeat Pop crée au poil.

Ce qui fascine chez ce groupe, c’est cette simplicité immédiate, mais qui paradoxalement, n’a pas du être si simple à mettre en place. Parfois les morceaux simples sont porteurs des plus belles idées. D’un point de vu global, on assiste la à un véritable remise en question artistique. Les Shoes l’ont bien compris, et empochent le statut du coup de maître de l’année.

Le groupe sera :

Le mercredi 6 avril @ Nouveau Casino – Paris

Le samedi 9 avril @ Garorock festival – Marmande

Le vendredi 22 avril @ Printemps de Bourges – 22

THE SHOES – Stay the Same by NEUE from NEUE on Vimeo.

Et le dernier clip de The Shoes « Cover Your Eyes » … Les règles sont simples et expliquez au début du clip intéractif :

Vous devez vous couvrir les yeux pour entendre le son de The Shoes, autrement vous aurez droit à une vidéo assez « violente » (stressante mais pas sanglante) avec un ours.

http://www.coveryoureyes.fr/

The Shoes: Crack My Bones by Southern Fried Records

THE FINKIELKRAUTS smog (Another Records)

THE FINKIELKRAUTS smog (Another records)

Cette chronique étant très longue, et par souci d’économiser ton temps que je sais précieux, je te propose, si tu es pressé, de passer directement à la fin de cette chronique pour connaître les 4 raisons qui font que cet album est le disque de la semaine (enfin moi, je dis semaine pour pas dire autre chose).

Et puis un truc que j’ai appris avec le temps, c’est que c’est pas avec les disques qu’on aime le plus qu’on fait les meilleures chroniques, donc j’ai essayé de faire moins branlette que GONZAI mais j’ai peur que quand même ça ressemble davantage à un compte rendu de fan qu’à une chronique distanciée et objective… Enfin, bref, fait ce que tu veux, je t’aurais prévenu)

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On en était resté à Distance, premier maxi remarqué et remarquable, sorti de nul part (enfin si, de Tours) en février 2010.

Un Ep qui a tellement squatté les platines de la radio qu’il est resté classé dans notre playlist sans (presque aucune) interruption depuis (un record ?). A tel point et que le label a du nous le remplacer au bout de quelques mois pour cause d’usure ( !!!).

A en juger par les réactions autour de moi (amis auditeurs, inconnus, tout ceux que j’ai réussi à convaincre d’y jeter une oreille) ce n’était pas (seulement) une réaction monomaniaque obsessionnelle de ma part : TOUT le monde (-1) a adoré ce disque ! Les autres se sont probablement tus ou suicidés.

Une telle réaction entraine forcément une attente. Et des craintes. « Et si ce n’était qu’un one shot ? » « Et si il n’y’ avait jamais de 2e disque ? »

Le départ pour 6 mois du chanteur vers le lointain Chili et la dispersion des autres membres aux 4 coins de la France n’était guère rassurant. On n’est sérieux quand on a 20 ans. « Et si ils ne se réunissaient jamais ? Et si l’alchimie ne fonctionnait plus ? »

Reprise des concerts et soulagement : L’alchimie fonctionne toujours et des nouveaux morceaux prennent formes.

C’est là qu’on en arrive à l’enregistrement de ce 2e EP 6 titres, SMOG enregistré en UNE journée à la fin 2010 et enfin posé sur ma table !


Impatience.

Ça faisait longtemps que je n’avais pas attendu un disque avec autant d’impatience ! Un acte d’attente (forcé) et d’excitation qui a disparu avec les leaks et downloads instantanés sur le web.

Un sentiment qui m’a rappelé une autre époque. Et m’a rassuré. L’écoute de 40 disques par semaine depuis tant d’année ne m’a pas blasé, c’est juste que je n’ai pas eu le temps de les désirer ces disques et ces groupes. Bref, je m’égare…

Une mot qui marque ce disque PARTI PRIS. : Celui d’un visuel atypique (et superbe) dans un format qui l’est tout autant (le même que le précédent, carré) mais ce coup ci, disque est pressé) et une A-TT-ITU-DE.

L’ouverture du disque est un lien avec le précédent EP (Distance) puisque le morceau s’intitule…Distance. Une ouverture en forme de faux single new wave poppy ave gimmick guitare, rythmique enlevée et voix posée qui aurait pu s’appeler FEAR AND LOATHING IN FINKIELAND, tant il semble être une manière de boucler la boucle, et jeter au range de souvenir une période de doute, de remise en question, d’éloignement physique. (« Quel avenir » ? « Quelle évolution ? »)

YOUNG WAVE

Une fausse entrée en matière rusée qui permet de pénétrer dans le disque sans se méfier, en se laissant aller a apprécier la « production » (un son toujours rugueux mais plus ample, une basse toujours en avant et sautillante, rien de bling bling, juste ce qu’il faut pour faire ressortir les chansons) et surtout de poser les bases de la suite.

Petit à petit, les guitares et les synthés enveloppent la voix par petites touches tandis que la rythmique trace tout droit tout comme le chant tout en s’intensifiant au fur et à mesure du morceau

Un tube poppy mélancolique comme une manière de boucler une période que le groupe semble désormais considérer comme lointaine. Comme un dernier coup d’oeil vers le passé avant d’avancer résolument vers l’avenir. Pas le temps à perdre, ces gars là avancent vite comme va le prouver la suite..

Le cri ouvrant HAPPY BIRTHDAY MOTORIC semble effectivement annoncer que le disque commence réellement ici, avec la mise en place des éléments qui façonnent désormais le son FINKIELKRAUTS : hypnotique, menaçant, mélancolique et agressif.

Tout ceci se traduit par une rythmique basse/batterie bourrine et faussement dansante ( on dit disco-noise dans ces cas là ?) servant de rampe de lancement à un riff obsédant qui va très vite laisser la place à des nappes réverbérés guitare/synthé (qui fait quoi ? je m’y perds) imperceptible au premier abord mais qui font pourtant font l’essence du morceau.

Qu’ont ils fait pendant un an d’inactivité forcée ? Assimilé 2000 groupes de krautrock, noise, shoegaze, new wave, punk (rajoute des trucs si tu veux…),peaufiné LEUR son et reflechir à leurs priorités.

Résultat ? Tous semblent avoir trouvé leur place, leur rôle : la guitare avance par petites touches discrètes mais impressionnantes (en duo avec le clavier) quand on tend l’oreille tandis que le chant débite des mantras

(……………TELEVISION TELEVISION TELEVISION TELEVISION TELEVISION TELEVISION TELEVISION TELEVISION TELEVISION TELEVISION TELEVISION………),

et le tout crée une tension qui monte tout au long du morceau jusqu’à l’inévitable explosion finale (« We fuck Bob Dylan » ? C’est ce que je comprends en tout cas.Et si c’est pas ça, je trouve ça tellement parfait que je n’admettrais pas que ça soit autre chose. J’aurais aimé pouvoir lire les textes d’ailleurs… Dispo sur le site bientot ?).

La suite est à l’avenant. DID YOU SEE THE BLOOD. Basse et chant obsessionnels, agressivité en avant. Une même formule que le morceau précédent…qui explose avec HATRED SONG qui pose une atmosphère lugubre, lente, comme un post-rock mortuaire.

Vous êtes rentrés dans le disque ?

Vous y êtes piégé maintenant.


DEATH DISCO.

La suite est un lent développement qui bouffe le cerveau en te bloquant dans ton fauteuil. Une technique de dealer. Un début léger suvie d’une lente descente pour t’amener là ou ils veulent, c’est-à-dire à la pièce de résistance du disque, un BORDERLINE de 8 mn ( !!!) avec son riff Krautrock, ses breaks/fausse fin et des atmosphères à la AMANDA WOODWARD période Ultramort (cad euh…dub ?). Fausse fin qui te plante là avant de repartir en tempête noise.

Un morceau qui aurait eu sa place sur les compils VOYAGE de PAN EUROPEAN RCORDING au côté de KOUDLAM et AQUA NEBULLA OSCILLATOR.

Clairement, FINKIELKRAUTS maîtrisent un truc que peu de groupes comprennent : le sens de la dynamique, des nuances et des climats. Une sorte de groove morbide, lancinant avec une tension qui s’installe par petite touche souvent simplifié en « passage calme/passage bourrin sans subtilité.C’est comme le groove, ça s’apprend pas, ç’est là …ou pas.

L’épilogue INCORRECT permet de refaire surface avec un morceau semblant aire écho à la conclusion du début (DISTANCE), un chant faussement pop sur un rythmique plus aggressive, l’explosion finale, la remontée vers la surface avec un refrain à hurler en concert.


Conclusion ?
(il est temps…)

Oublie que tu aimais le skeud précédent ! Les morceaux ont 1000 fois plus d’ampleur, le son, l’artwork, la structuration de la tracklist (intro / HAPPY BIRTHDAY + DID YOU SEE / HATED SONG + BORDERLINE / conclusion, tu peux mettre « repeat all »direct, ca fonctionne, et ça donne conclusio + intro / Happy Birthday + DID YOU SEE etc ) rien a été laissé au hasard et pourtant, tout sonne frais et spontané. (ENREGISTRE EN UNE JOURNEE bordel ! ) tout en se permettant de citer quelques influences au détour d’un riff ou d’un break sans être le copier/coller de personne.

Ca s’appelle avoir son identité et ca devient rare les groupes qui se forment sans vouloir faire « un truc à la… » et c’est bien pour ça que le groupe frappe si fort à des années lumières des suiveurs de la dernière tendance.

Il y’a deux sortes de groupes : ceux qui sont piles dans leur époque et ceux qui la précèdent d’une minute. Une différence infime mais qui fait le tri entre les entreprises vaines et celles vouées à marquer (si tout va bien) les esprits. On est face au trop rare deuxième cas ici.

Rien à ajouter.

NB1 : Note pour ANOTHER RECORDS : Merci de nous livrer directement 3 exemplaires de ce Ep parce qu’on risque de l’user celui-ci encore plus vite que le précedent.

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NOTE SYNTHETIQUE : POURQUOI CE DISQUE EST ALBUM DE LA SEMAINE*

Ils sont le FUTUR. Young Wave !

Ils remercient Gérard Blanchard

Tubes, tubes, tubes, tubes TUBES TUUUUUBES !!!!

Ton (nouveau ?) groupe préféré

Le disque est en ecoute là

Le disque est en vente là

A Tours, tu peux te procurer SMOG au BUCK MULLIGAN (rue du Grand Marché) pour… 5 euros (!!!)

Plus d’infos sur le groupe ici

*(et mon disque de l’année QUOI QU’IL ARRIVE !!!)

GANGPOL & MIT « The 1000 Softcore Tourist People Club » (Ipecac Recordings)

Ovni de la semaine, ce nouvel album du duo bordelais Gangpol und Mit va te ramener plusieurs années en arrière. A l’époque où ton plus grand rêve était de devenir cosmonaute et ton plus grand défi de construire la plus grande tour du monde avec tous tes légos. Et oui, «The 1000 Softcore Tourist People Club» a le goût de l’enfance.

Une recette édulcorée que maîtrise ce duo composé d’un musicien Gangpol (a.k.a. DJ Plaong) et d’un graphiste vidéaste Guillaumit (dit Mit). Le premier s’occupe de la musique qui oscille entre 8 bits et électronica mélodique ; tandis que le second se consacre aux visuels composés de personnages colorés et géométriques qu’il décline en vidéos et VJing sur scène. Mon tout a pour crédo : « Sonic and visual in love » et n’hésite pas à citer Godard pour l’expliquer : « Le rapport entre le texte et l’image, c’est comme la chaise et la table : pour se mettre à table, il faut les deux ».

C’est donc à quatre mains qu’ils poursuivent leur exploration digitalo-déglingo d’une régressivité jouissive. La composition de ces 14 titres épiques, mélodiques et synthétiques est assez magique. Sur certains morceaux, tu peux avoir l’étrange sensation que ta vie n’est en fait qu’une partie de Mario Kart grandeur nature et qu’il faut absolument que tu trouves l’étoile multicolore pour gagner des points de vie bonus.

Donc, petit avertissement à l’écoute de ce 4e album des Gangpol und Mit : attention à l’écoute de «The 1000 Softcore Tourist People Club» en voiture. Au passage, Béton décline toutes responsabilités dans le lâcher éventuel de peaux de bananes dans les rues de Tours.

Petite précision, ces deux hyperactifs et inconditionnels de François de Roubaix et Jean-Jacques Perrey, ne sont pas inconnus sur Radio Béton car ils ont déjà officié en live sur la scène du festival Aucard de Tours 2009 en duo et en double duo avec Carton Park.

Et enfin, comme rien n’arrive jamais par hasard, c’est chez Ipecac le label fondé par Mike Patton (membre de Faith no more entre autres et friand du « bizarre »), qu’ont signé nos deux amis.

L’album «The 1000 Softcore Tourist People Club» sort le 29 mars. L’occasion aussi de découvrir leur DVD, Faits Divers, qui contient 18 clips dont l’excellent Holly Green Jelly.