Menahan Street Band

Un album à climat sonore pour toute saison climatique.

Une habitude s’impose chez le label Daptone : C’est le grain. L’aspect sonore à la fois chaud et rond, qui transpire, non pas l’excès trop évident du Funk et de la Soul d’avant, mais qui joue sur des repères très intègres. Chez le groupe de Charles Bradley, le 4ème album sonne comme une aventure sonore, ou “In Cold Blood” de Quincy Jones drague Lalo Schiffrin. Un disque de cinéphile à l’oreille, en clair.

Jamais imposant et d’une durée parfaite (environ 30 minutes), la chaleur des cuivres lui donne tout son sens, avec un vrai sens de la mélodie qui reste dans la tête (Keep Coming Back). Hyper dense et prêt pour un voyage entre l’Amérique et la musique éthiopienne moderne (les quelques variations de Sleight Of Hand et surtout Ivory and Blue, finement bien construite), Menahan Street Band s’ouvre dans cet album à une richesse sonore qui fait du bien à entendre. Le background des cinq gars s’entend clairement, et ce, avec une classe indémodable (Everyday A Dream), tandis que la guitare s’élève à une Pop-Americana avec toujours une touche Funk, plus fine mais gardant une ligne éditoriale cinématographique (Drifwood, qui fait penser à du Ry Cooder).

Pas besoin d’en dire des tonnes sur “The Crossing”. C’est d’une clarté tellement libre qu’il en devient, au fil des écoutes, indispensable.

CHILL BUMP – The Loop

Depuis presque une année passée à la vitesse de la lumière, on a pris l’habitude d’attendre fébrilement la venue d’un nouvel EP de Chill Bump ici à Radio Béton. Il faut dire que le duo Tourangeau composé de Miscellaneous (également MC de Fumuj, excusez du peu) et de Bankal (un ancien vice-champion de France DMC, n’en vous déplaise), nous a habitué à l’excellence depuis son premier single « Lost in the Sound » sortis en novembre 2011, et les trois EP qui s’en sont suivis toute cette année.

« The Loop » est donc la quatrième sortie du groupe en moins d’un an. Une productivité qui n’a d’égale que notre boulimie à ingérer tout ce qu’a bien pu faire Chill Bump jusque-là. Une boulimie heureuse d’enfant gâté de bon son. Ca fait bien longtemps qu’un projet Tourangeau n’avait pas autant fait l’unanimité, ne s’était pas autant exporté si rapidement.

Il faut dire que le duo met toutes les chances de son côté : des vidéos soignées qui accompagnent les singles des EPs (la preuve avec la dernière en date, « The Eponym », où l’on voit les Chill Bump booty shaker dans une école primaire), et une recette musicale qui allie avec brio des influences hip hop classique, parfois aux racines du blues et du groove, et une vision résolument actuelle et moderne du genre, avec des accents electro et dubstep.

Sur ce nouvel EP, Chill Bump frappe fort. Peut-être même encore plus fort que le déjà classique « Starting from Scratch », leur toute première production.

On commence en légèreté, avec le premier sigle « The Eponym ». C’est groovy, ça fait bouger la tête et ça a tout du tube, comme l’annonce le sample d’introduction au morceau. Chill Bump a cherché l’immédiateté sur ce titre, taillé pour conquérir les foules et c’est une réussite.
Pourtant, c’est bien dans le morceau qui suit, ne laissant aucun répit, qu’on trouvera le cÅ“ur de cet EP, avec le titre « Just a sample ». Le rythme est ralenti, les sonorités plus lourdes, le ton plus grave. Malgré son hip hop ultra efficace, Chill Bump garde partout une part de noirceur, dans ses textes et dans ses productions. Si le titre d’ouverture vous fera bouger la tête et les jambes, « Just a Sample » s’occupera de vos tripes. Le titre prend au ventre et ne lâche pas, ça touche en profondeur.
Le troisième titre, « Home Sweet Home », a du coup du mal à s’imposer, nos oreilles encore en pleine assimilation des deux énormes morceaux qui ouvrent l’album. C’est le « Pointerlude » et ses extraits gospel, où Bankal nous montre toute l’étendue de sa maîtrise, qui nous fera revenir doucement au présent. Et on revient directement pour la seconde partie de « Just a Sample », un peu moins réussie que l’ouverture. Mais on chipote.
Et enfin, le dernier titre (Self Destrukt) se positionne en marge des autres titres, et même en marge des autres productions du crew, tout EP confondu. Chill Bump se met au hard rock avec un sample de AC/DC, le flow ravageur de Miscellaneous par-dessus. On pense forcement à l’énorme tube de Run DMC Vs Aerosmith avec le morceau « Walk This Way ». On salue l’exercice et on s’incline : qui pourra prédire de quoi sera capable Chill Bump sur son prochain morceau après ça ?

En tout cas, on a hâte de connaitre la suite pour l’un des groupes les plus prometteurs de la scène locale actuelle, et on met ce dernier EP en repeat dans son lecteur au moins jusqu’à noël !

THE PAPER PLANE « High and Oversexual »

THE PAPER PLANE « HIGH AND OVERSEXUAL » (TOURS, France) (Electric Ladyland records )

Alors, je vais enfin affirmer ce que je pense tout bas depuis des millénaires, ce qui m’empêche d’ailleurs de dormir depuis toutes ces années, les Rolling Stones, ça m’emmerde !! Et ce depuis le début !!!

Oh, mon Dieu ! Quel bien ça fait !! Ceci étant dit, les PAPER PLANE sont indéniablement de grands fans des Stones (pour mémoire, le sublime « Words » de leur précédent et 1er album, qui ressemblait au « Sympathy for the devil » du groupe Anglais sus-nommé…) mais fans aussi de cette pop 60’s psychée, remplie de solo de grattes qui n’en finissent jamais, à l’image du premier single tiré de ce « High and Oversexual », « THE HANDSHAKER » ou de « LOOK AT ME » avec une montée d’enfer et un solo digne du « Free Bird » de Lynyrd Skynyrd…

Et de plus, Cocorico, on est pas peu fiers de dire que ces gentils musiciens à chapeaux et chemises à jabot sont de Tours, mais ce n’est pas la raison pour laquelle « High and oversexual » a été déclaré album de la semaine ! Non ! La raison est parce qu’à l’heure où les journalistes bobos crient au génie en entendant l’album de Lou Doillon, de Melanie Laurent ou de Benjamin Biolay, on est en mesure de dire « Bordel ! Là, au moins ça joue, y’a des solos comme THE SWORD ou TOTO savent le faire ! Mais achetez vous des oreilles, ou un goût !!! »

Sèrieusement, 2ème album des Tourangeaux de THE PAPER PLANE, déjà un grand album pour un grand groupe qui va enterrer tout le reste ! Je m’avance un peu ?…peut-être mais j’assume !

CHAMPAGNE CHAMPAGNE – « SWINE ? MY BROTHER… » (Platinum records)

CHAMPAGNE CHAMPAGNE – « SWINE ? MY BROTHER… » (Platinum records)

Ce groupe nous vient d’une ville qui a la réputation d’être belle, SEATTLE dans l’Etat de Washington (en haut à gauche de la carte des USA, à la frontière Canadienne, pratiquement). Cette ville est surtout le plus gros vivier de la Planète en matière de groupes et d’artistes en tout genre, tout comme la ville voisine et jumelle, Portland.

A Seattle, Il y a les Seahawks au Foot, les Sonics au basket, les Mariners au Base-ball, CHAMPION au rayon hardcore, et là, il y a CHAMPAGNE CHAMPAGNE, au rayon RAP PUNK SHOEGAZE ! Shoegaze ? Kezako…mais si, ce genre de musique jouée par des mecs à mèches qui portent des converse et qui n’ont qu’une seule obsession (celui ou celle du fond qui vient de me dire « de savoir jouer »…1000 coups de fouets) c’est de jouer le plus fort possible, à la limite de la douleur pour les oreilles Humaines…

Ceci étant dit, CHAMPAGNE CHAMPAGNE est donc un groupe de Rap Punk Shoegaze composé de 3 allumés de la carafe, PEARL DRAGON, SIR THOMAS GRAY, et du producteur DJ GAJAMAGIK (qui a été le batteur et le fondateur du groupe de post hardcore THE BLOOD BROTHERS)et enregistre ce premier album.

Le LP de CHAMPAGNE CHAMPAGNE, dont la pochette a été réalisée par l’auteur de Beavis and Butthead, Mike Judge, est un album sombre, pessimiste, sale, et punk dans l’esprit, et dans le flow. « Swine ? my brother… » est d’une noirceur magnétique, presque envoutante, rappelant sans problème un autre fou, NECRO dans ce rap haineux et fataliste.

Rap annoncant la fin du monde imminente, et paradoxalement, donnant envie d’hurler et de boire des Coors en se disant que le monde part en couilles, mais que ça vaut le coup quand même !

Et un mec qui porte un T shirt d‘UGLY KID JOE ne peut que recevoir le plus grand des respects !

THE SWORD – Apocryphon – Razor & tie records

Après les sorties successives de tous les albums pitchfork possibles de la rentrée, on ne vous cache pas qu’on est à overdose -1. Par conséquent, c’est parfois à reculons qu’on pousse un disque dans la platine (au hasard le dernier Tame Impala). Quand on se réveille le matin en ayant envie de télécharger l’intégrale de Judas Priest, on se dit que bon, quand même, on a envie de crier quelque chose du genre de « Père Dodu j’en peux plus » mais en rapport avec la musique.

C’est là qu’on se rend compte que la vie est quand même parfois bien faite puisque c’est aujourd’hui qu’on met de côté tous les hipsters du monde entier pour un gros album de heavy metal.
Merci THE SWORD de sortir aujourd’hui votre 4e album: APOCRYPHON. (C’est même jouissif de l’écrire)

The Sword viennent du Texas (comme les Marked men, je dis ça comme ça), cet endroit de déglingos qui cuit sous le cagnard et où des hommes en pick-ups poussiéreux boivent de la Bud. C’est leur tournée en première partie de Metallica qui a contribué à les rendre célèbres, ils ont d’ailleurs fait partie des groupes programmés au Orion music festival à Atlantic City, le festival créé par Metallica. Sinon, ils ont sorti avant celui-là 3 albums sur l’excellent label Kemado records (le label de Saviours je dis juste ça comme ça), ou disons le clairement, ils ne sont jamais sorti du sillon cher à notre coeur du heavy metal stoner. Sur Apocryphon on a la joie de retrouver les vieux tricks old school de leur premier album Age of Winters, les gros breaks de batterie à la Bonham, du doom metal qui groove pour écouter à fond dans la Renault 21.

Les charmants garçons nous font même gré d’une intro de morceau électronique sur le dernier morceau Apocryphon, tiens donc, qui fait un peu l’effet d’une teinture ratée: c’est moche mais au bout de 2-3 jours on fera plus gaffe.

A noter la très jolie pochette (aussi baroque et occulte que les paroles de l’album) dessinée par J.H. Williams.

NB: Mettre l’ampli à 11.

Midnite Snaxxx « Midnite Snaxxx »

Alors que la presse française n’en finit plus de nous resservir des nouvelles vagues de trucs pas forcément pertinents (oui oui Lescop, on parle de toi), nous, à Béton, on reste les pieds dans la boue et le cul dans la bière avec le 1er disque des MIDNITE SNAXXX.

Ces 3 demoiselles (Dulcinea Gonzales, Tina Lucchesi & Renee Leal) ne sont pas françaises, mais d’Oakland, une des villes les plus craignos des États-Unis (avec Detroit) et font donc une musique à l’image des rues qu’elle traversent au volant de leur Lowrider: sale, bruyante et sévèrement burnée.

Ce disque convoque les plaisirs simples de la vie: La junkfood (la pochette parle d’elle-même) les Ramones (les morceaux font en moyenne moins de 2 minutes) et les vacances aux Caraïbes (la joie qui GERBE littéralement de chaque note)

Ajoutez à cela une vraie dégaine de badgirl et vous obtenez l »opération suivante: un morceau écouté = un fan de Lou Doillon au bûcher.

ARCHIVE – With Us Until You’re Dead

Nouveau disque et nouveau line-up, ARCHIVE transforme une bonne vieille règle bien connue en « on change souvent une équipe qui gagne ».
En faisant souvent tourner les membres du groupe, le noyau dur Darius Keeler et Danny Griffiths explore depuis bientôt 20 ans le trip-hop, le rock, l’électro, le hip-hop et emporte l’adhésion du public quasiment à chaque fois…

On les avait laissés avec deux albums sortis en 2009 (quelques mois d’intervalle) et issus de la même session d’enregistrement, Controlling Crowds et Controlling Crowds Part IV, ARCHIVE s’est donc à nouveau entouré de featurings d’horizons différents tels que Maria Q, Pollard Berrier, Rosko John – le MC de débuts – et la jeune et puissante Holly Martin.

C’est Wiped Out qui démarre les hostilités, déroulant un chant masculin hanté sur une rythmique trip-hop certes basique mais efficace. Après écoute des plages suivantes, l’on s’aperçoit que le collectif anglais n’a rien perdu de sa puissance mélodique et sonique.
Interlace accroche l’oreille rapidement, glissant vers nous à la manière d’une panthère, avec ce côté musique de film en plus.
Stick In My Heart est un titre qui fait se répéter un motif électro qui s’enchaine à Conflict pour former un diptyque là aussi efficace.
Puis Violently, le premier single, est donc l’occasion de présenter la nouvelle chanteuse intégrée au groupe, Holly Martin. Une voix soul très puissante qui se démarque des précédentes mais tire son épingle quand même.
Et puis la montée calme de Calm Down, beau passage avec orchestre, très cinématique, titre pour lequel va ma préférence.
Plus mainstream, Silent est également relativement agréable à l’écoute. C’est un chant lyrique qui est scandé durant le morceau.

ARCHIVE signe son retour avec un neuvième album varié, mêlant des morceaux sombres, mélancoliques et parfois cinématographiques à des titres plus accessibles, très orchestrés et emprunts de soul.
C’est plutôt une réussite !

Pas cette semaine… Mais des albums géniaux dans le Béton Frais : – Tous les lundi de 17h00 à 19h00 !!

Pas d’album de la semaine cette semaine !!

Sinon, écoutez le BETON FRAIS tous les lundis de 17H à 19H où la crème des crèmes des animateurs de Radio Béton vous présentent les formidables nouveautés qui intègrent les bacs de la radio !