FUMUJ – « S/T »

FUMUJ – S/T ( Autoprod/L’autre distribution) 12 Novembre 2013 !!

Des « journalistes » de la presse musicale leur posent souvent cette question : «mais qu’est ce que FUMUJ signifie ? ». C’est pas vraiment cela le plus important à savoir de ce groupe Tourangeau, hein ? Le plus important, c’est que cet album est leur 4ème, et que je ne sais pas de quelle force ils ont abusé, mais ils sont encore plus vénères qu’avant.

Des changements de line –up entre le précédent « Drop a three » et celui-ci, des changements de label aussi, n’ont pas brisé l’envie de ces mecs de repousser leurs limites, d’aller encore plus loin, « d’aller à l’extrême limite » quoi (faut toujours citer AB Productions). Romain, le batteur, est passé aux machines, remplacé derrière les fûts par Fred, ex SLEEPERS (et là, en apprenant ça, on tire en l’air !) et ce gazier frappe comme un bucheron sourd !!

Bon, sinon, la zic dans tout ça ? Entre le formidable « Zombies » (j’adore Romero mais ça ne parle pas de ça…), le très très beau
« Flower fable » , ou le très réaliste « Can ‘t walk straight » qui parle de cuite (et tout le monde se reconnaitra dans cette chanson), cet album de Fusion hardcore noise au chant hip hop génial de Pierre (qui officie aussi dans Chill Bump) comporte des textes intelligents, conscients du monde parfois très laid qui nous entoure, à connotations parfois politiques, ou tout du moins un petit peu engagés.

J’ai complètement oublié de préciser aussi que la pochette a été dessinée par Guillain le Vilain qui s’est chargé aussi du poster dépliable à l’intérieur de ce disque, comme CRASS à l’époque, et ça, c’est méga keupon !

Allez, sur ce, moi je file ré-écouter ce disque pour la 5ème fois, et je sais toujours pas ce que veut dire Fumuj !!!

Une émission spéciale pour les radios Férarock leur est consacrée. RADIO BETON vous la diffuse avant la diffusion officielle, MERCREDI 20 NOVEMBRE à 17H, et JEUDI 21 NOVEMBRE à 13H.

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Guilty Simpson & Small Professor – Highway Robbery

Guilty Simpson & Small Professor – Highway Robbery

– Sorti le 24 septembre sur Coalmine Records

Bordel ! Ça fait du bien un album de hip hop comme ça. Vieux con avant l’heure, j’ai toujours eu du mal avec cette nouvelle vague de hip hop US qui faisait la part belle dans leur production à des sonorités trap, dubstep et grime. Un flow ralenti à l’extrême, les basses mises en avant d’un ego trip plein d’insultes des textes (ouais okay on dit qu’aux États-Unis le mot « fuck » remplace la virgule, mais bon quand même, putain !).

Pas de ça avec Guilty Simpson, MC venu de la très prolifique scène de Détroit (dans sa jeunesse il y côtoya la crème d’ailleurs avec Eminem ou encore Slum Village), et Small Professor, producteur de Philadelphie, qui n’a pas pris son pseudo uniquement en honneur à Large Professor mais aussi parce qu’il est réellement tout petit (comme quoi Passe-Partout n’a pas le monopole de la musique réduite). On parle ici de hip hop s’axant plutôt sur des samples à l’ancienne avec ce qu’il faut de boucles de bon vieux classiques funk et soul. Une base amenée par les pionniers du hip hop (genre Afrika Bambaataa ou les Sugarhill pour ne citer qu’eux).

Attention toutefois à ne pas croire que Guilty Simpson et Small Professor se sont contentés de copier les vieilles recettes. L’album sonne aussi avec son temps et si les samples funk et les scratches font bien old school, ils sont associés à des sonorités modernes (un bon tapis de basse vibrante sur Get That Pay rajoute à l’ambiance oppressante, des violons s’entendent sur I’m the City et The Easiest Way) comme on peut en retrouver dans des productions plus récentes du style des Cunninlynguists ou leurs voisins de Slum Village, justement. Toutefois là où la sauce prend le mieux, c’est sans conteste sur le titre It’s Nuthin en featuring avec AG. Une boucle blues/funk qui s’enrichit de voix soul sur le refrain, le flow irréprochable de Guilty Simpson et la voix plus claire de AG font passer le titre en deux temps, de l’oppression à un relâchement presque lyrique. Du lourd.

Un très bon album donc, quoique court (24 minutes seulement pour dix titres desquels on retranche deux skits) et qui sonne un peu différent des grosses productions U.S hip hop qui sortent depuis plusieurs mois. Merci, Guilty Simpson ! A noter qu’il sera en Europe jusqu’à la mi-novembre accompagné du tout aussi excellent producteur Apollo Brown. Malheureusement, aucune date en France n’est prévue, alors je remets l’album en boucle.

CULTS – Static

L’album commence comme une évidence, met les pieds dans le plat de la grosse suite d’accords bien cliché. Tout y est : nappes de synthés, reverb à blinde. Bonjour on fait de la grosse pop à fond la caisse, les cheveux dans le vent. Mais comme dit Petit Fantôme, « une mélodie bien évidente, c’est pas interdit ».

Et on enchaine avec le single bien 60’s, la batterie bien en avant, doublée et qui tricote des bons vieux appels de batterie Holland Dozier Holland. I can hardly make you mine est écrite pour célébrer la voix enfantine, gamine même de Madeline Follin, qui chante des trucs d’amour bien sur et qui promène sa frustration en poussant dans les aigus. On connait la recette, c’était celle de leur premier tube You know what I mean ; sur nous, elle fonctionne toujours.

La bluette Always forever toute en mineur coule tranquillement en faisant des clins d’Å“il au couple Ono/ Lennon (I’m in your pocket / you’re in my locket) et installe le couple Cults dans la solitude victorieuse d’un amour que rien ne peut abimer.

Quelques points en moins cela dit pour High road, Were before et We’ve got it, chansons 60’s réhaussées d’une basse ronde et bien sautillantes, qui font le taf sans pour autant dépasser le niveau d’un groupe genre Fitz & the tantrums, réunissant tous les ingrédients de la recette Motown sans pour autant créer la magie.
TV Dream et So far se baladent entre Grease et des chansons religieuses, en empruntant un peu de disto bien cotonneuse à Jesus & Mary Chain et de nappes bien lourdingues aux Smith Westerns.

On notera un petit résidu du délire hypnago en intro de No hope dans la vieille bande audio / super 8 / disque rayé, mais après tout on leur pardonne, ça va bien avec leur image romantique surannée et puis ils font de belles chansons après tout. No hope est une antiphrase : le refrain « the sun was bright it never shined » est chanté sur un modèle de ligne mélodique optimiste et exprime la foi. Puis le tempo est dédoublé et on termine sur un vieux solo slide/reverb qui ressuscite le George Harrison de Cloud 9 et en allant chercher bien moins loin les balades sombres et circulaires de Beach House.

Rien n’est moins sérieux qu’une pop song et pourtant rien ne l’est davantage.

PAS D’ALBUM DE LA SEMAINE !!

Pas d’album de la semaine cette semaine !!

Mais ne désespérez pas, il y aura sûrement un nouveau disque sur le podium très prochainement.

Sinon, écoutez le BETON FRAIS tous les lundis de 17H à 19H où la crème des crèmes des animateurs de Radio Béton vous présentent les formidables nouveautés qui intègrent les bacs de la radio !

GWAR – « BATTLE MAXIMUS »

GWAR « BATTLE MAXIMUS » (Slave pit inc/Metal Blade records)

Bon, je ne vais pas tourner autour du pot 150 000 ans, c’est grâce à GWAR si l’auteur de ces lignes fait de la musique aujourd’hui, et bosse dans le milieu de la musique…J’avais pris une véritable baffe lors de l’écoute de SCUMDOGS OF THE UNIVERSE en 1990. Depuis, beaucoup de choses ont changé, mais en même temps pas énormément !

Récapitulatif : GWAR est un groupe Américain de Richmond, en Virginie, l’autre pays de tabac, crée en 1985. Des mecs déjantés issus de la scène punk décident de former ce groupe hybride de métal – punk sous couverts de déguisements et de personnages totalement créés de toute pièce. ODERUS URUNGUS au chant, BEEFCAKE THE MIGHTY à la basse, JIZMAK DA GUSHA à la batterie, BALSAC JAWS OF DEATH à la guitare et FLATTUS MAXIMUS à la seconde gratte.

Beaucoup de changement au sein du groupe, les humains partent, mais les personnages restent (seuls Dave Brockie/Oderus, Mike Derks/Balzac et Brad Roberts/Jizmak sont les membres fondateurs encore dans le groupe).

3 Novembre 2011, Cory Smoot, guitariste sous le costume de Flattus Maximus meurt. Les autres membres de GWAR décident de prendre un autre guitariste, mais de ne pas remplacer le personnage FLATTUS MAXIMUS qu’incarnait si bien Cory Smoot. Donc arrivée de FLATTUS PUSTULUS, nouveau personnage incarné par Brent Purgason (guitariste du groupe de death Metal/grindcore CANNABIS CORPSE)

« BATTLE MAXIMUS » est un album hommage, 13ème album du groupe, qui signe par la même occasion un retour aux sources, un album bien énervé de Punk metallisant, avec toujours ces passages hybrides qui ont fait la marque de fabrique de GWAR ! Des morceaux comme « BLOODBATH », « THEY SWALLOWED THE SUN » ou « RAPED AT BIRTH » prouvent que les vieux en ont encore sous le pied.

Groupe détesté en Europe car trop provocant ou trop sale, adulés aux USA (Municipal Waste font régulièrement leur première partie là bas, alors qu’en Europe, Municipal waste sont tête d’affiche) GWAR reste, et restera le groupe le plus génial sur Terre, avec un talent fou, et un sens de l’éthique et de l’engagement politique sans faille ! Ca me fait vraiment tout drôle d’écrire ces lignes, si l’on m’avait dit que GWAR allait être un jour album de la semaine sur Béton, je n’aurai pas parié un kopek dessus. J’en ai des frissons !!!!

GWAR = AMOUR ETERNEL !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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HOLOGRAMS – Forever

Holograms – Forever (Captured tracks)

Je me souviens encore, il y a grosso modo un an, quand on est tombé sur ce groupe Suédois obscure, à la sortie de leur premier album. Ils venaient de nulle part et ils avaient tout compris au post punk new wave. Une urgence et une brutalité dans les sonorités qui faisaient froid dans le dos, mêlées à un sens du rythme qui se communiquait directement aux jambes. Un premier album éponyme donc, qu’on a énormément soutenu ici sur Radio Béton, restant plusieurs mois durant dans le top 5 des albums les plus diffusés sur nos ondes.

Donc, c’est vous dire que l’attente était forte à l’annonce d’un second opus à sortir sur l’excellent label New Yorkais Captured Tracks, à la rentrée. D’autant plus excité, étions-nous, qu’un single tubesque plein de promesse (« Meditation ») avait été diffusé au début de l’été.

Bref, le voici, ce second album tant attendu. Il s’appelle  » Forever« , comme une déclaration d’amour à leurs influences inévitables, allant de Joy Division à The Clash. Et il tient toutes ses promesses !

Le groupe cultive de plus en plus un son particulièrement énergique, qui risque de faire des ravages sur scène (Meditation, A Blaze on The Hillside, Luminous). On retrouve aussi des refrains à chanter tels des hymnes (Ättestupa), ou ce titre complètement fou, Rush, qui s’offre un final d’une minute et demi complètement halluciné, avec des synthés obsédants. A vous coller des frissons.

Certains pourront regretter un son un peu moins minimaliste que sur le premier EP, ainsi qu’une production un peu plus léché, rendant l’ensemble plus accessible. Mais c’est au service d’un album particulièrement cohérent et d’une créativité qui ne dément pas le coup de génie du premier album.

Ils font une tournée en Europe à l’automne, on a plus qu’à prier pour qu’ils passent dans le coin !

The Orwells

The Orwells – Other Voices EP

Canvasback/East End, 2013

Une bande de jeun’s tout fraichement sortis de leur lycée dans une banlieue glauque du sud de Chicago, repérés par Pitchfork et défendus par MTV qui les décrète « groupe le plus injustement ignoré de 2012 ». Voilà ce que sont The Orwells. Avec un album à leur actif sorti l’an passé et ce nouvel EP tout fraichement débarqué au cÅ“ur de l’été, ils se retrouvent à accompagner les sales gosses de Fidlar sur leur tournée aux Etats Unis.

Pas d’info ou presque sur ce groupe encore trop ignoré des médias. Lorsqu’on parcourt les webzines américains, on peut se rendre compte de la surprise qu’ils sont en train de provoquer dans le milieu. Il faut dire que leur pop garage a l’air de savoir faire des tubes en chaîne, avec une facilité et une candeur assez improbables. Que ça soit des tubes dansants (Other Voices, Mallrats) ou des ballades obsédantes (Blood Bubbles) ou même des passages psychés (Head) ,chaque titre est maitrisé dans son style particulier, ce qui n’est pas donné au premier venu, surtout l’exercice de la balade qui est toujours assez périlleux.

A noter qu’un prochain EP est déjà annoncé pour septembre, à peine de quoi digérer ces quatre excellents morceaux qui composent Other Voices EP. Plusieurs clips, dont un particulièrement réussi de Blood Bubbles, aident déjà le groupe à se diffuser plus largement et il est fort à parier que leur musique traversera bien vite l’atlantique.

En tout cas, c’est déjà le cas sur béton et on les aime d’un amour pur et véritable !

Vîrus – « Faire-Part »

Vîrus « Faire-Part » (Buena Vista Sociopathe Club) Juin 2013

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2011, le monde entier s’apprête à commémorer le 10ème anniversaire de la démolition la plus rapide de deux buildings jamais enregistrée aux États-Unis. Côté rap Kendrick Lamar, encore méconnu, nous fait une belle démonstration de son flow sur l’album rouge de Game qui avait décidé de laisser tomber son « The » le temps d’un album…

Mais celui qui m’intéresse aujourd’hui n’a pas grandi près des palmiers de la west-coast américaine mais à en croire ses paroles entre Villers sur Mer et Rouen « petite ville de province, où quand le nègre passe y’a des dents qui grincent » (dixit Casey), celui qui m’intéresse aujourd’hui est blanc et n’est pas un nouveau venu dans le rap. Comme tout bon rappeur qui se respecte Vîrus compte déjà quelques galettes à son actif mais c’est bel et bien en 2011 que je le découvre grâce à un premier clip « Saupoudré de Vengeance » réalisé par le moins méconnu Tcho Antidote qui sévit déjà dans la réalisation de clips pour la « grande » rappeuse cité plus haut ou encore pour AL un autre « grand monsieur » de notre époque. Ce premier clip interroge, surprend, on aime pas à la première écoute mais on le réécoute, plusieurs fois, et puis on fait confiance à Tcho…et on a raison ! Le premier EP « 15 août » me met une vraie claque, une bonne claque comme j’en avais pas pris dans le rap depuis tellement longtemps. 4 titres qui défoncent, et qui seront suivis quelques temps plus tard par 8 autres, distillés dans 2 EPs :
« 31 Décembre » et « 14 Février ».

Le tout est produit par un certain Banane qui nous pond des instrus comme personnes auparavant. Cet excellente trilogie aura l’honneur par la suite d’exister physiquement sur un album « Le Choix dans la Date »

Je pourrais vous parler plus longuement de Vîrus, vous citer ses jeux de mots, ses phases, ses refrains mais j’ai déjà usé pas mal de caractères sans vous avoir encore parler de ce qui m’a fait débuter cette chronique. Vîrus is back avec « Faire-Part » un EP 4 titres, encore, excellent, encore, et même si l’intéressé nous avait parlé d’un certain « Borderlife », album qui aurait du voir le jour cette année, on se contente pour le moment de ces 4 titres « noirs » qui on l’espère connaitront une suite assez rapidement ! Autre chose, le visuel du EP toujours assuré par Tcho a bizarrement connu un changement ces derniers jours, un enfant de dos au centre de la pochette a laissé place à du vide…choix graphique ou artistique la question reste en suspens.

Profitez de cette semaine sur Béton pour découvrir « Faire-Part » ainsi que les EPs précédents de Vîrus qui sans nul doute a déjà tout d’un grand…parole de rappeur.