Souleance – Tartare

Peu de choses arrêtent le producteur Pierre Troel : D’un côté, exercice de House Funky en diable au son sec et suintant avec CLAUDE et abstraction sonore d’une grande qualité avec Fulgeance, on en revient à dire que pour lui, la musique n’est pas une affaire purement fonctionnelle. En intervalles assez réguliers, on comprend l’attitude du Français, surtout en ce qui concerne le Breakbeat et la Funk de tout poil. Il y a un feeling à la Gilles Peterson & Lefto dans le côté Crate-Digging, et une singularité à toute épreuve dans les compositions.

Ici son nouvel album Tartare n’est pas périmé pour un sou, mais au contraire illumine une façon de produire qu’on entend souvent … mais en mal, et avec des clichés. Déjà, ici, pas d’exercice de modernisme faussement vulgaire avec ajout de voix R’n’B pitché Chillance, comme la mode du moment. Le duo qu’il compose avec DJ Soulist possède un cahier des charges bien carré et même si il y a des moments purement freestyle, la chaire de l’album appelle à un gigantesque Dancefloor avec des patins à roulette, tendance 70’s. C’est Easy-Listening sans être vulgaire (Ratatouille), tout ça tenant à du groove à tous les étages, très chaud et très imprégné par la Funk.

L’exemple type reste le morceau New-York, moment souple de Disco Downtempo avec un synthé prenant et des clins d’Å“il à la Disco fin 70’s. Tartare offre aussi une sono mondiale qui voyage vers Haïti avec Secoue, titre à la chaleur du pays, avec la technique propre du Broken-Beat. La Funk de film de Blackploitation s’offre aussi sur le titre de l’album, un peu comme si le personnage du Black Dynamite avait fait surface dans notre époque.

Il n’y a acun temps mort, même dans les deux remixes qui abritent le Français Debruit, exercice plus Afro-Funk, tandis que le producteur Allemand Uffe épure le morceau New-York avec un Kick lourd et sauvage, un piano dans son plus simple appareil et une épure qui suit la logique de cette nouvelle génération de producteurs comme Glenn Astro ; Max Graef & Damiano Von Erckert, ajoutant une pointe de minimalisme dans la House. Le Tartare s’offre frais chez Souleance, et c’est sans fin.

BANDCAMP / FACEBOOK / TWITTER

GHOST – Meliora

Il est dur de déclarer un album tel que le Meliora de Ghost album de la semaine ! Album facile d’accès et dans un même temps, tellement complexe ou pointu ou élitiste. Meliora donc, 3ème album des Suédois dont personne ne connait l’identité. Les membres du groupe, comme ceux de GWAR ou de SLIPKNOT par exemple, se cachent derrière des masques et des cagoules. Le chanteur, Papa Emeritus III, est un pape démoniaque sorti tout droit des entrailles de l’Enfer, venu répandre la parole de l’Antéchrist sur Terre, et les musiciens, des Goules sans nom, dont l’apparence a quelque peu changé depuis l’album précédent, Infestissumam.

Meliora (« mieux ou meilleur » en latin) que les membres du groupe traduisent par « poursuite de quelque chose de mieux », qui traite toujours du questionnement autour du satanisme sous une forme beaucoup plus complexe, puisque cela traite de l’humanité et du progrès qui pourrait justement entraîner l’extinction de l’espèce humaine.

L’album occulte des Suédois regorge de perles 90’s à base de synthés effrayants, rappelant les marches funèbres ou les dessins animés Scooby-Doo, des morceaux tels que Mummy Dust , Cirice et son intro acoustique, arpège je-ne-sais-pas-quoi démoniaque et cette voix géniale de Papa Emeritus III ou encore Absolution foutent réellement les boules et nous entraînent dans un univers gorgé de fantômes et de navires hantés.

Mais le sommet de l’art de Ghost est le morceau From Pinnacle to the pit, qui n’est pas sans rappeler Queens of the Stone age mais joué par des morts sortis des Contes de la Crypte – Imaginez les Marcheurs Blancs de Game Of Thrones jouant du rock, ça donne ça ! Et ce riff à la Iron Maiden à la fin ! Morceau génial qui montre, en l’espace d’un seul et unique morceau que justement Ghost est un groupe unique et que le fait d’être satanique ne fait pas d’un musicien un écervelé ne sachant pas être émotif… – j’ai rien compris à cette phrase mais je la trouve cool ! Tremblez misérables humains, on va tous vers la tombe pour danser !

NIVEK – Very Bad Tape 3

Nivek, le rappeur Tourangeau revient avec la fin de sa trilogie Very Bad Tape ! On parle bien sur de l’ep Very Bad Tape 3 !

Toujours Kremlin à la production et Juxebox sur le travail en studio. Deux ans après Very Bad Tape 2, le tryptique se conclut et le gamin à la tête de chou pose son flow sur des instrus plus trap.

Very Bad Tape 2 commençait par Chevalier Noir et sa « boucle horrible« , Very Bad tape 3 c’est Last Action Intro, une instru qui vous envoie dans le cosmos.

 » Il y a des artistes qui foutent le feu et ceux qui jettent un froid  »

Tout est dit.

Strange, Nivek.

« Mal à l’aise comme un sans-papelards. »

Toujours un pied dans l’actualité et Strange en est la preuve. En plus de l’instru qui risque de faire mal aux cervicales en live !

Bejito ! Si ce mot ne vous dit rien je vous laisserai fouiller. C’est sombre, morceau parfait pour se préparer au combat. Un côté Son Goku dans un film avec Freddy Krueger.

On sort les armes et surtout la paire de Puma ! 3ème titre, un des plus efficaces. Un refrain qui rentre droit dans le cortex. 5mn qui en paraissent 3. Un titre qui s’écoute parfaitement en marchant au milieu d’une rue bondée, et en calant ses pas ( en Puma forcément ) au rythme des basses.

Badster, ma préférée. Déjà l’instru est assez incroyable, du lourd de la part de Kremlin et Nivek qui pose un flow dingue qui va et qui vient, ça prend la tête et dans le bon sens du terme. De quoi faire crier Badster par le public d’un concert.

Un Ep qui conclut les Very bad tape. Comme on dit « Toutes les mauvaises choses ont une fin » !

METZ – II / label Sub pop

Ce groupe de l’Ontario s’appelle Metz puisqu’un jour, les mecs en vacances en France, sont tombés amoureux de la Ville de Moselle – Si si, on parle bien de la même – Ils sont tombés amoureux de l’architecture, des transports en commun, de la vie culturelle et de la météo. Et ce sont des fous aussi de The feeling of Love, groupe Messin, alors quand ils ont décidé de former ce groupe de rock, ils ont également décidé de rendre hommage à la ville et au groupe. Vous voyez ?

Arrêtons-là maintenant l’historique et parlons du contenu de ce skeud sorti à nouveau sur SUB POP, comme le premier.

Dès les premières notes de ce disque rempli de poésie en barre -le morceau « Acetate » ou « I.O.U » par exemple – on peut se dire déjà que les mecs jouent fort ! Ils jouent aussi de façon très crade, ils jouent aussi un peu punk, on a l’impression de retrouver ce fameux adage « Campaign for musical destruction » avec la note de musique barrée des 80’s. Vous voyez ?

METZ, ça ressemble à du NO MEANS NO qui jouent fort comme du HELMET, avec quelque chose de JAY REATARD qui aurait mangé les NEW BOMB TURKS. Ce m’évoque aussi la radicalité d’un NIRVANA, période Bleach, là où les structures musicales n’existaient pas. Vous voyez ou pas ?

C’est relativement difficile d’accès, car il n’y aucun moment de pose, et je crois sincèrement que ces 3 chevelus là n’en ont rien, mais alors rien à foutre, et qu’ils aimeraient que les gens se foutent sur la tronche pendant leur concert ! Vous voyez ou alors pas du tout ?

Attention, musique bruitiste, violente, punk !

BURNING HEADS – Choose your trap

(Opposite Prod/PP and M)

La chronique qui va suivre risque malheureusement de ne pas être ultra objective, mais mon travail d’animateur radio et de chroniqueur de disques me fait dire que je me dois d’être professionnel.

Choose your trap – 14ème album des dieux vivants du punk rock Français, les Burning Heads (communément appelés les Burning !) , double album même, pour fêter leur 25 balais de carrière – 25 Balais ? Ca m’évoque plein de choses. Déjà, que leur album Dive, leur 2ème, fera l’objet d’un Lundispensable puisque c’est cet album qui a transformé le death métalleux borné que j’étais en amoureux sans borne du punk rock !

Mais ça m’évoque aussi le fait que ces 4 mecs là, n’ont jamais perdu la flamme, ne se sont jamais perdus dans les méandres du business musical, n’ont jamais baissé leurs pantalons pour gagner des millions, ont toujours su respecter leurs fans et leurs idéaux. Les Burning, après toutes ces années, restent indés et engagés.

Et pour cela, ce double album est une sorte de gros pétard Mammouth qu’on achetait dans les 80’s, une sorte de grosse cerise sur le gâteau, puisque le CD 1 est l’album de punk rock, donc pour les punk rockeurs et le CD 2 est Opposite 3, donc l’album reggae/dub, pour les autres.

Le CD1 regorge de pépites telles que le tube Pop a pill, le très rapide Lie To me, ou le mid tempo très Adolescents « A true life » qui ouvre le bal – Ils savent jouer vite quand il faut jouer vite et ils savent jouer punk quand il faut être mid tempo, les Burning quoi !

Le CD2, le Opposite 3 – est tout simplement peuplé de 10 Guitare – vous savez la numéro 6 du Opposite 2, avec bien évidemment des passages dub (les morceaux Midnight Dub ou Mad Brains qui sentent les salles de concerts enfumées, et qui rappellent ces fameuses dates des Burning Heads où des skateurs avec des t-shirts Seven hate et des colliers à boules slammaient aussi sur du dub, quand d’autres buvaient des bières en pleurant en écoutant « Special Forces » (tube du 1er !!)

Les Burning Heads restent et resteront le meilleur groupe de punk rock français : souvent imités, jamais égalés ! J’en pleure rien qu’en le disant !!

Que Dieu bénisse les Burning !!! Tu parles d’une chronique objective….

Empire Of Sound – Out Of The Norm

Par un frais matin de mars, une pochette négligemment laissée sur mon bureau attire mon attention; deux jeunes dans une voiture style Cadillac avec suspensions hydraulique et capote baissée. Encadrant ce visuel pourtant simpliste, les mentions « Empire Of Sound » et « Out Of The Norm » donnent le ton.

Empire Of Sound est le projet fusion Hip-Hop / Soul concocté par le pianiste/producteur français Juke et le rappeur américain originaire de Caroline du nord et ardent défenseur du Hip-Hop Old School des 90’s, MC Mattic. Réunis par leur passion pour la soul music, les deux compères ont pour ambition ici de créer un album teinté de free-jazz, de funk, de soul et évidemment de Hip-Hop. Pour l’occasion, pas de samples mais des musiciens, au nombre de 4, issus de divers projets Soul Music, élargissant ainsi la palette sonore de cet album.

Et le résultat ? Pour ma part, j’ai pris une sacrée claque. Sans pour autant être passéiste, la galette délivrée est un hommage à une série d’artistes, de Mos Def à Roberto Fonseca en passant par People Under Stairs et bien d’autres. Et c’est à mon avis ici que se joue le tour de force de cet album, proposer une création originale, à la fois passéiste et avant-gardiste sans tomber dans le piège de la surproduction et de la repompe.

Dès la première écoute, le morceau éponyme « Out Of The Norm » paraît sortir du lot, avec ses quelques notes clin d’Å“il à GrandMaster Flash et le flow de Mc Mattic complété par Lil Swan. Mais c’est sans compter sur l’excellent « Work » et ses sonorités free Jazz à la Coltrane ou encore « Lost My Soul Into You » qui comme son nom l’indique, est un tube soul music.
En définitive, un album intelligent qui devrait vous donner envie de sortir phonographe sur l’épaule avec une casquette à l’envers et un pantalon trop bas.

NDWS #3 Spring Tape

Cette semaine à l’honneur: la dernière compilation du Label Nowadays Records, la troisième, sorti pour le printemps d’où son titre : NWDS #3 SPRING TAPE. Logique !

Les artistes : Vect, Fakear, Leska, Phazz, Yann Kesk, Hoosky, Everydayz, Maverick, Fulgeance, Hugo LX et Monk’.

Certains dont on entend déjà beaucoup parler, dont Fakear (mon petit chouchou caennais) qui après trois EP et un premier album Sauvage apparaît déjà un peu partout, et ici on écoute un titre inédit qui sortira sur son prochain album (très bientôt on espère!). On entend également un titre d’Everydayz, entre hip-hop, trap, et beat electro, tiré de son dernier album sorti il y a peu, De la pure came vol.1. De plus, non pas un, ni deux, mais bien trois titres de Hoosky (oOgo & Chomsk de La Fine Equipe) se trouvent posés là, entre électro, new beat et hiphop, du cool !

Pour ma part, je découvre sur cette compil de nouveaux artistes que j’affectionne déjà : Vect, un jeune artiste de Toulouse qui surfe sur l’électro beat et la soul et qui ouvre cette compil avec son titre Stay TGTHR, Leska composé de deux rennais : Les Gordon & Douchka, ou encore Phazz, le lyonnais du beat hip-hop jazz qui se fait connaître par ses productions sur internet.

NDWS #3 = une compilation du printemps, du beau-temps, du beat, de l’électro, du cool, des cocktails en terrasse…