DANNY BROWN – Atrocity Exhibition

DANNY BROWNAtrocity Exhibition Warp Records – 27 Septembre 2016

Quand on parle de rappeur torturé, actuellement il n’y en a pas 40. On peut parler de Death Grips mais l’homme qui mélange le plus problème psychiatrique et rap agressif est de retour avec la fin de son triptyque. 3 ans après la sortie de l’album « Old« . Danny Brown revient avec Atrocity Exhibition. Donc sortez les camisoles et levez les flingues en l’air.

Le CD commence sur le titre Downward spiral, une instru bien expé avec un côté free jazz, sa voix et son flow atypique sont toujours présents. Mais c’est surtout la prod qui rend fou dès le début. On passe tout de suite au premier feat avec Petite Noir. C’est beaucoup plus mélancolique, un instru beaucoup plus lente et Petite Noir qui ramène cette voix qui pose tout de suite une ambiance teintée de Cold Wave.

Là on passe au single qui avait mis tout le monde d’accord. Really doe avec Kendrick Lamar, Ab-Soul et Earl Sweatshirt en guest. Grosse track de plus de 5 mn qui envoi du pâté. Rien à redire de plus à part qu’il faut vite aller écouter ça.

J’avance un peu car bon l’album contient pas moins de 15 tracks quand même. Ain’t it funny ma préférée au moment ou j’écris cet article. Des cuivres beaucoup de cuivres. La teuf, c’est un peu Too Many Zooz qui rencontre Danny Brown.

L’enchaînement Pneumonia avec Dance in the water m’a interloqué, on passe d’une ambiance lourde et oppressante à un morceau un peu influencé Afrobeat. Pour rappel j’aime être interloqué. Et cet album de Danny Brown est très bien maîtrisé sur cet aspect.

Un très bon album, qui montre que Danny Brown n’en a rien à foutre de la trap et du vocoder, un artiste à part entière, on sait quand on écoute du Danny Brown et ça seuls les grands peuvent s’en vanter. Il exprime son univers et se fout des conventions, et il sait s’entourer, genre B-real en feat, la base.

« Atrocity Exhibition » est donc une bonne sortie Hip hop surtout si vous aimez les univers torturés et les expérimentations.

FRUSTRATION – Empires Of Shame

FRUSTRATION – Empire Of Shame
Born Bad Records / 24 octobre 2016

Un nouvel album de Frustration, ça rend toujours l’équipe de Radio Béton un peu débile. On pleure, on crie, on se serre dans nos bras, on tente des saltos avant … Et on finit généralement par aller acheter notre poids en jaja au Carrefour city du coin. Bref, ça vous ressoude une équipe plus solidement qu’un bon karaoké spécial Britney Spears.

Frustration, qui a grandi en même temps que Born Bad Records, label parisien vénéré du 93.6, signent ici leur troisième album : Empire Of Shame. Dont la première écoute nous a tout de suite rendu fébrile comme au premier jour. A l’heure où l’excitation du rock garage retombe progressivement (c’est qu’on reçoit presque plus de disque copié collé de Thee Oh Sees que de mauvaise imitation de Noir Désir maintenant, signe que les temps ont évolués), le groupe parisien sait survoler la masse en manque d’inspiration identitaire réelle pour avancer sans se retourner avec son style à lui. Sans pour autant cacher l’amour porté à ses idoles. Ainsi, on entend du Joy Division sur l’incroyable Just Wanna Hide, ou encore du The Smith sur Cause you ran away. D’autre titres, plus musclés, vont appeler à un stage diving foireux comme si on avait 16 ans (No Place), pendant qu’un pogo timide, la tête rentrée dans les épaules et les pieds trépignants, vous fait tomber quelques mètres plus loin, rapidement recouvert de bière sans bulle (Excess)

Ce qui est sûr, c’est que Frustration, à un âge où toute personne digne de ce nom possède une Rolex ou deux, font de la musique des bas fond de la société. Ça sent le froid, le charbon et une certaine misère sociale noble. Une bande son que n’aurait certainement pas désavoué Émile Zola. Sans entrer dans les détails des textes, rien que le titre de l’album Empire Of Shame, laisse sous entendre que le groupe n’a toujours pas accepté de se ranger en Scenic et toutou poilu sur les genoux. Et c’est tant mieux, car le rock ne sonne jamais aussi mal sur les enceintes polies d’un véhicule familial.

C’est donc un grand album que nous livre là le groupe parisien. Un album qui sonne déjà comme un classique, qui sort du lot et que nous colle au corps. Merci.

DAN SAN

Les folkeux belges de Dan San sont de retour !
Et après Pillow, sorti en 2015 sur le label belge JauneOrange, qui nous avait déjà transporté sur un petit nuage, et Domino, leur premier album, qui les a emmenés sur une tournée européenne bien dense, le sextet liégeois nous emmène à nouveau dans la douceur et le coton avec cet album Shelter, sorti le 16 Septembre chez Yotanka !

Cinq mecs, une nana, quatre voix transcendantes et une harmonie dans le travail de ce groupe qui a ravi mes oreilles. Ils ont eu la bonne idée de faire appel pour cet album à la patte du producteur Yann Arnaud, qui avait déjà travaillé avec Air et Phoenix. Une oreille extérieure formatrice, indispensable, qui a su canaliser et fédérer leurs énergies pour en tirer le son le plus cristallin et suave possible.
L’ancien quintet a aussi été rejoint par Olivier Marguerit, dit O (Syd Matters), multi-instrumentiste qui apporte à cet album une touche électronique très intéressante.

Le contexte d’enregistrement de cet album n’est sans doute pas pour rien dans la beauté du son : le groupe, en résidence à La Frette, un studio installé dans un manoir, a profité de ce cadre (magnifique, un petit château dans un parc d’un paquet d’hectares, s’il vous plaît) pour délirer dans les salles de la demeure. C’est à cause de ça qu’ils ont appelé leur album « Shelter », (« abri » en français). Pour un abri, ils se sont plutôt bien posés ! Tellement bien, qu’ils ont décidé d’enregistrer cet album non pas chaque piste à la fois, mais en live, pour conserver toute la spontanéité de leur musique.

Et pour ne rien gâcher, sachez que vous pouvez gagner cette semaine cet album sur les ondes de Radio Béton, et de toutes les radios de la Férarock !

DINOSAUR PILE-UP – Eleven Eleven

Souvent, à Radio Béton, on supporte à mort les groupes indés, qui collent plus à notre esthétique, à notre éthique même, et on se dit souvent, que les groupes mainstream ou autres Muse n’ont pas besoin de nous pour leur faire de la pub. Et des fois, on reçoit des groupes comme ça, des grosses machines qu’on écoute et on se dit « hey merde, j’en ai rien à faire moi de l’indé, un bon vieux groupe de Rock de stade ça le fait grave aussi ! ». Et Bien, c’est le cas de cet album « Eleven Eleven » des Anglais de Leeds de DINOSAUR PILE-UP !!

Leeds, il y a 3 choses désormais , leur club de Foot où a joué le grand Cantona, le groupe de post punk qui défonce EAGULLS et maintenant DINOSAUR PILE-UP ! Comme vous voyez au dessus, Nirvana + Helmet = Amour correspond à peu près à ce que j’ai ressenti quand j’ai écouté pour le première fois ce 3ème album. Sorte d’Heavy Rock Grunge avec des touches stoner sur certains morceaux « Bad Penny » par exemple

Mais des morceaux très Nirvana dans la plus pure tradition, de « Red and Purple » véritable tube que n’aurait pas renié Cobain

Et dire que Dinosaur Pile-Up marche sur les traces du gang de Seattle n’est pas une insulte car l’exercice est périlleux, et souvent, les groupes « faisant du Nirvana » ratent le coche comme des débutants. Comme des manches quoi en gros !

Les Anglais réussissent à nous remémorer qu’ Helmet était le groupe qui avait la réputation d’être le groupe jouant le plus fort en Live à l’époque, mais réussissent également à nous faire ressurgir de nos mémoires des groupes oubliés qui avaient dominé les 90’s, comme QUICKSAND par exemple. Des groupes qui ne se prenaient pas la tête à faire du rock de geek à grands coups de tablatures complexes, et de riffs alambiqués à la Tool. Non, Dinosaur Pile-up défoncent tout, en jouant sur 3 cordes et en crachant un gros molard à nos visages de Hipsters innocemment naifs d’avoir osé penser que le gros rock Américain qui tâche, et bien c’est le mal en personne ! Qu’est ce qu’on peut être con des fois !

BEACH BABY – No Mind No Money

Les nouveaux Beach Boys sont quatre et ils sont londoniens ! Ils s’appellent Beach Baby, et leur nouvel album, No Mind No Money, est un bel exercice de surf pop. On se croirait dans les sixties en Californie.

Ce premier LP s’ouvre sur un vent de fraîcheur avec le titre Limousine, déja présent sur leur premier EP éponyme (sorti en Septembre 2015). Sortez les lunettes de soleil et les tongs, vous êtes sur une plage anglaise et les embruns vous caressent les cheveux.

No Mind No Money est un bel exercice de nostalgie maîtrisée, à la Franz Ferdinand. On y croise aussi les influences de REM, Phoenix … au long de mélodies entêtantes. Le quatuor se situe dans cette veine entre un surf rock influencé par Mac DeMarco, du post-punk à la Parquet Courts et du rock lo-fi, ambiance Ariel Pink.

Enjoy !!!

The Veils – Total Depravity

Une entrée en matière pour les personnes qui, comme nous, découvrent l’univers pas si rose de The Veils. Car, de toute évidence, dans le monde ou nous sommes, faire des albums «Bisounours style» n’a strictement aucun intérêt.

Donc, ici, pas d’esthétisme de la Pop Culture ou de l’Indie-Pop, nous sommes plus dans la Soul à la The Heavy et du Rock Black fait par des blancs. Une rupture réalisée pour le cinquième album grâce à la production du diable El-P, tête de gondole de l’écurie Def Jux et de Run The Jewels, mais en toute discrétion. La passion du producteur américain pour The Veils est très forte depuis des années, ce qui marque une certaine logique collaborative. La voix en saturation et dans la reverb de Finn Andrew apporte une dimension plus brève, plus sec, en cohérence familiale avec son papa qui était un des membres fondateurs du groupe XTC. Comme quoi, en terme de transmission, il y a rien à redire.

Donc, le diable en personne parle souvent, comme dans l’Electro Hypnotique King Of Chrome, à la production rugueuse. Une certaine rage s’anime dans Axolotl, ou El-P amène aussi son passé grandiloquent au service d’une Soul brave et pleine de rage. La mort de Here Come The Dead s’approche dans le Rock Electronique sanguinaire et à la guitare qui postillonne une saturation bien cadrée. Des moments plus calmes comme House Of Spirits et In The Nightfall mélange le Rock et le Blues d’une belle façon, et mine de rien, l’esprit de The White Stripe alimente le cinquième album de The Veils, qui vous amènera à danser avec les diables et les fantômes du passé américain.

ACHETER / SOCIAL / OFFICIAL

DEAD RABBITS – Everything is a lie

Ces 4 Anglais nous viennent de Southampton, et nous distillent un….hop hop hop j’arrête tout de suite cette chronique, elle part trop professionnelle.

Je reprends : Les Dead Rabbits de Southampton, Sud de l’Angleterre pour les nuls en géographie Britannique en sont à leur 3ème album, toujours sur le label Londonien FUZZ CLUB (qui a signé des gens comme Anton Newcombe, Goat, Alan Vega, The Black Angels, Dead Skeletons, A Place to Bury Strangers ou encore The Underground Youth, ou récemment My Invisible Friend qui sont les meilleurs dans ce genre d’exercice Shoegaze actuel).

Comme le nom du groupe peut éventuellement l’indiquer, les Dead Rabbits ne sont pas du tout là pour se marrer, oooh que non ! « Everything is a lie » est un enchaînement de nappes de riffs jouées sous Prozac, et une voix aérienne noyée dans ce bruit agréablement savoureux, et ces tempos lourds, très lourds et très lents aussi. C’est ça les Dead Rabbits ! Lors de leur précédent ep, Self-Destruct, ils s’étaient déjà efforcés d’enfoncer le clou un peu plus loin dans les plaies ouvertes de nos tympans.

Sorte de rejeton illégitime et démoniaque issu de l’union entre BRIAN JONESTOWN MASSACRE et JESUS AND MARY CHAIN, vous voyez ? Oh, et puis je pourrai dire aussi facilement que leurs voisins irlandais de MY BLOODY VALENTINE ne sont pas très loin dans les groupes que l’on pourrait citer pour situer les Dead Rabbits : de l’indie pop à fleur de peau, écorchée vive, pessimiste et noire comme un corbeau de mauvais augure. D’ailleurs, la musique des Dead Rabbits serait parfaite en fond sonore d’une messe Satanique avec sacrifices d’animaux (ou d’Humains, hein, car ils ont l’air d’être embarrassés d’en être…des humains). Ou encore ils seraient la bande son parfaite d’un film d’horreur où des Américains, enfin où une cheerleader, un Quaterback, un jeune afro-Américain, un geek, une fille à papa et une fille dépressive, se font dégommer tour à tour par un jeune homme mal dans sa peau qui a beaucoup trop lu de Lovecraft et de Edgar Allan Poe pour espérer conserver un brin de lucidité ! Album de la semaine sur Béton, qu’on se le dise, c’est l’inverse de Bruno Mars, de la pop noire sous MD qui donnent envie d’en prendre et de tuer des gens après, comme un bon vieux Black Lips !

Bon voyage !

RUSSIAN CIRCLES – Guidance

Je me lance, et non ce n’est pas l’Australie Lucette mais les States. Et plus précisément Chicago. Leur nom peut porter à confusion mais je vais donc parler du trio américain Russian Circles.

Trio Post/Rock, Post/Metal composé de Mike Sullivan à la guitare, Dave Turncrantz à la batterie et Brian Cook à la basse. Et attention, ces trois-là aiment la puissance sonore. Guidance est leur sixème album, dix ans après la sortie du premier. Russian Circles est le genre de groupe qui me fascine. Un trio, visages cachés sur scène, un début calme, planant, de la reverb, une petite mélodie qui se construit, et là à un moment ça s’énerve et c’est là que la magie opère chez moi. Je ne peux plus m’en passer, j’aime ces montées en début de morceaux qui te font presque penser que tu écoutes de la pop psyché. Mais non, le trio te ramène, direct, droit dans un post/rock au son proche du Sludge.
Ils sont équipés d’un sacré rack de pédales et vont travailler le moindre petit son. C’est précis et efficace. J’attendais depuis quelques temps ce nouvel album des Russian Circles et je suis comblé !

MEAN JEANS – Tight New Dimension

Le Punk rock à la Ramones (mais pas que) des américains de MEAN JEANS est de retour, et leur troisième album, Tight New Dimension, est album de la semaine sur Béton !

Après leurs albums Are you serious (2009) et On Mars (2012) sortis chez Dirtnap Records (Autistic Youth, Red Dons …), les Mean Jeans sont désormais chez Fat Wreck Chords (BadCop-BadCop, Against ME …), et c’est avec une tournée en première partie de NOFX qu’ils vous font découvrir cet album !

Le trio de Portland ressuscite les Ramones … mais pas seulement ! Leur album est bourré d’humour, et d’hommages poignants, comme ce titre en hommage au King of Pop : « Michael Jackson was tight », qu’ils font rimer avec « I was so sad when he died ».

Des titres concis, d’une efficacité redoutable, particulièrement ce tube :

STEVE GUNN – Eyes on the lines

Cette semaine, on met en avant un album à propos de voyage, de transition, à propos d’exploration et d’interrogation où l’on aime à se perdre. C’est la dernière sortie de Steve Gunn, « Eyes on the lines ».

L’Américain de Brooklyn Steve Gunn, c’est un peu un Ty Segall avec pas moins de 13 albums depuis 2007, notamment avec Hiss Golden Messenger ou encore Kurt Vile dont il est le guitariste. On peut le croiser également avec John Fahey, Robbe Basho ou encore Black Twig Pickers. Enfin bref, c’est pas les copains qui manquent à Steve Gunn (on voit d’ailleurs Michael Chapman dans le clip du single « Ancient Jules »), mais avec « Eyes on the lines », c’est en mode solo qu’on le retrouve pour un 7e album, le premier porté par la maison Matador Records.

Difficile de le catégoriser clairement, on est entre un folk pop, un rock folk, un peu de psyché dans tout ça et on y est presque. Il y a quelque chose de labyrinthique dans sa musique qui vous perd et vous transporte vers autre chose. Avec des motifs de guitares répétitifs et des superpositions de riffs qui produisent cet effet hypnotique qui moi me plait tant.

Steve Gunn, un artiste vraiment doué, une référence anti-ringarde de la folk, pertinente et inventive. Un vrai vrai coup de cÅ“ur pour moi. Mon album de la semaine, du mois, peut-être de l’année.

Un album hyper contemplatif à écouter encore et encore et encore et encore et …