BLOC PARTY – Silent Alarm

2005, y’a dix ans. J’ai 16 ans et c’est l’excitation du début des années lycée. Les premières bières et les premiers concerts. Je commence à fréquenter quelques musiciens, à défaut d’en faire moi-même. Quelques connaissances en pleine hype montent un groupe de reprises de pop. De brit pop même. C’est la grande époque des 1er albums explosifs de Franz Ferdinand, The Subways, Jet, The Vines et consorts.

C’est à l’un des concerts de ce groupe que j’entends pour la première fois un morceau de Bloc Party. Même plus ou moins massacré par mes potes, ça me bluff. On me file discrètement une copie illégale de l’album Silent Alarm dans un coin sombre de la cours de récré, que je glisse le soir même sur le chemin du retour dans mon baladeur CD (le même qui m’a fait découvrir Arcade Fire, béni soit-il).

La claque est instantanée. Une énergie folle se dégage du titre d’ouverture : Like Eating Glass. Il y a une froideur qui se dégage de ce morceau qui lui confère un statut vraiment particulier, assez hors du temps, porté par la voix haut-perchée et inimitable du charismatique Kele Okereke. Les sons de la batterie sont ultra secs et bruts, la guitare toujours dans les aigus. C’est complètement fou, la batterie fait taper du pied, la guitare papillonne dans mon ventre, et la voix ne quitte pas le haut de mon crâne. Un expérience complètement physique de la tête aux pieds.

Alors que la dernière note finit de résonner, encore abasourdi, l’enchaînement est immédiat. Avec LE tube de l’album : l’immortel Helicopter. Le rythme se fait encore plus enlevé, dès les premières notes. Je ne sais plus où j’habite, j’ai envie de me jeter dans un pogo avec les arbres qui bordes le chemin, de faire un slam sur les voitures, d’écraser le caniche de la voisine. Le morceau réveille quelque chose de clairement animal en moi, et je crains d’arracher mes vêtements en pleine rue quand, enfin, le calme salvateur arrive avec le troisième titre, plutôt bien choisi vu mon état : Positive Tension. Comme si le groupe avait pitié de nous, la tension retombe mais pour une courte durée seulement. Bonjour l’explosion du crâne sur le break après la montée folle à la moitié du morceau.

Je vais passer sur les autres titres complètement fous que tout le monde connait comme Banquet, ou des chansons plus pop du style This Modern Love. Je ne sais pas si c’est la patine nostalgique du temps qui fait ça, mais chaque morceau réveille en moi un sentiment bien particulier, et aucun ne me laisse encore aujourd’hui indifférent. Le groupe n’a jamais réussi à revenir à cet énergie brute qui se dégage de Silent Alarm, malgré une discographie aujourd’hui imposante. Il y a des éclairs de génie impossibles à reproduire, et qui marquent une vie. C’est le cas de ce premier album des Bloc Party, à jamais dans ma discographie idéale.

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