J’ai bien l’impression que Tours est une putain de ville de loubards.
Une cité remplie de fous furieux qui dealent des trucs pas clairs devant le Lucullus. Des gars craignos qui viennent de la Riche ou de coupe-gorges comme St Branchs ou Montbaz. Des monstres que nul ne peut regarder dans les yeux tant ils sont animés d’une fureur inhumaine. Ils crament leur existence chaotique dans l’alcool et l’argent facile et défient en permanence leur destin comme des chevaux fous au volant de leurs zx commerciales.
Parfois, certains d’entre eux laissent en passant le témoignage poignant de leur sensibilité à fleur de peau, comme Apocalypse buddies, le premier LP des tourangeaux d’Ed Warner.
Ed Warner c’est une sorte d’Agence tous risques du 3-7, mais en encore plus cool. Bad boys de jour comme de nuit, valeureux guerriers du punk rock qu’il neige ou qu’il vente, ils sortent enfin leur premier album, après un premier EP qui avait laissé la France entière sur le carreau.
Morceaux courts et directs, comme le veut le style, avec par petites touches des lueurs de génie, comme par exemple une intro composée par Satan lui-même (Crimes), un riff à la Mickael Schenker (From here to eternity), une dance part de sales gosses (What’s the point), NRA ressuscités (Dan Marino was a punk).
Ma préférence toute personnelle va à Drama of my life, entre fast, punk rock et crust. La tonalité crust tient beaucoup au chant, aux influences marquées par le powerviolence et le crust: monocorde, haut perché, phrases courtes et sèches, assénées avec colère et amertume.
En écoutant Apocalypse buddies, j’ai repensé au morceau No excuse de NRA. Ca veut dire beaucoup j’ai l’impression. Apocalypse buddies est un album de punk rock idéal: sec, franc, direct, habité et speed. Jamais geignard ni donneur de leçons, toujours léger, sur le fil. L’insolence et l’humilité de ceux qui savent.
On peut être grâcieux en bermuda vous savez.
Bref, si vous aimez Roadhouse, la NFL, boire du whisky à mains nues, La Chèvre et Turbonegro. (déjà vous êtes cool) ce disque est pour vous.
Merci Ed Warner et longue vie au punk rock de voyous.
Coeur avec le coeur.