Cher Lundispensable, je t’ouvre aujourd’hui mon cœur d’éternel adolescent, 20 ans après la sortie d’un album pour moi complètement révolutionnaire.
Pour se mettre dans l’ambiance, j’enfile mon plus beau baggy-bermuda, remonte mes chaussettes aussi haut qu’il soit possible de le faire, agrémente ma tignasse de spikes au vivel dop, je me parre de mon plus beau tshirt du Goéland par dessus mon sweat à manches longues et c’est partit… je lance Dumpweed, premier titre ce chef d’œuvre de Blink 182 : Enema Of The States :
Un peu d’histoire :
Retour en 1992, à la Poway High School, école secondaire du sud de la Californie dont Tom Delonge vient de se faire renvoyer pour avoir été surpris ivre lors d’une partie de basket-ball. Ce dernier commence alors à se passionner pour le skateboard et le punk rock après avoir découvert The Decendants. Tom fait alors la rencontre d’Anne Hopus, petite amie d’un de ses proches qui lui présente son frangin, Mark Hoppus, avec lequel ils ont l’idée de monter leur premier groupe. Rapidement naît le titre Caroussel et la mayonnaise a l’air de prendre. Le duo (Tom Delonge à la Guitare / Mark Hopus à la basse) fait alors appel à leur pote Scott Raynor âgé de 14 ans pour assurer la batterie.
Le groupe, maintenant au complet, va tout d’abord s’appeler Duck Tape et prendre un canard pour mascotte, puis Blink, et c’est cette fois un lapin qui leur sert d’étendard.
De 93 à 94, le groupe compose 3 démos, des enregistrements au son plutôt médiocre réalisés avec les moyens du bord et sort son premier véritable album « Cheshire Cat » en 1995.
Le groupe commence tout juste à se faire un petit nom dans le microcosme en plein essor du punk rock californien quand un groupe pop irlandais également appelé Blink porte plainte pour plagiat. Tom, Mark et Scott sont alors contraints d’ajouter la particule « 182 » qui d’après les rumeurs désigne le nombre de fois qu’Al Pacino prononce le mot « Fuck » dans Scarface.
1997, Blink-182 sort son deuxième album Dude Ranch sur le label MCA / Geffen Records. C’est le début des premiers hits commerciaux avec les singles Josie et Dammit. Première grosse tournée américaine et dernier ajustement historique pour en arriver au Lundispensable qui nous intéresse aujourd’hui : 1998, Scott quitte le groupe pour des problèmes d’alcoolisme et se fait remplacer sur une tournée US par un certain batteur alors membre du groupe Aquabats, il sagit de Travis Barker… et là mes petits amis… pffff, j’vous jure, ça fait des chocapics !
Nous sommes maintenant en 1999, et moins d’un an après l’arrivée dans le groupe de Travis Barker, le trio sort donc ce cultissime « Enema Of The State »… j’ai pas les mots.
L’album est produit par Jerry Finn (que je remercie d’être responsable de l’explosion de groupes tels que Rancid, Green Day, Sum 41, The Offspring, Bad Religion).
Alors je sais pas vous, parce que je vous connais pas, mais moi à ce moment-là j’ai 14 ans et j’ai un paquet de circonstances atténuantes pour plonger les deux pieds en avant dans cet album :
1 – Dans ma chambre d’ado mon radio cassette ne capte qu’une seule radio : Forum 92 FM. Par conséquent et faute de mieux je suis assez mollement fan de Natalie Imbruglia, Des’ree, Téléphone… et pour le côté subversif, j’écoute Manau en cachette.
2 – 14 ans, c’est l’âge de toutes les premières tentatives de transgressions, des premières chouilles, des premiers rateaux sur Caramail…
3 – Enfin, 14 ans dans mes souvenirs, c’est surtout l’âge où pénètre dans mon inconscient ainsi que celui de mes potes la culture américaine dans tout ce qu’elle de plus intellectuelle : Jackass / Rotten / American Pie et autres teen movies qui ont particulièrement mal vieillis 20 ans plus tard.
> Avec le recul, j’me dit que ça craint un peu tout ça… mais en même temps, j’me dis que c’était quand même plus facile d’avoir 14 ans en 1999 !
Et si c’était aussi facile, c’est que des OVNI comme MUSE, SOAD, KORN, PLACEBO ou TOUS LES GROUPES DE LA TEAM NOWHERE vont leur apparition dans ta vie, en poster sur les murs de ta chambre, dans ton premier discman, sur les tshirts de groupes presque tatoués sur ton coeur tellement tu les aime… mais bref, revenons à nos Lapins Californiens.
Doooonc, disais-je, à peine un an après l’arrivée de Travis Barker dans le groupe, les hyperproductifs Blink-182 sortent Enema Of The States, un album qui ne laisse aucun riff, aucun kick, aucun bend, aucune cloche de ride, aucune tierce de voix au hasard… Ultra produit certes, mais rudement bien composé pour un opus (je parle de l’album là et pas du Bassiste) fait dans l’urgence.
Un album qui donne ses lettres de noblesse au pop punk, comparable à une lame de fond qui ravage tout sur son passage.
L’exigence de Jerry Finn permet à Blink d’obtenir la quintessence du son punk rock tout en le mariant parfaitement à un son plus pop :
Un disque très pur et soigné qui vaut à Enema Of The States d’être un énorme carton commercial auprès d’une génération de kids complètement poreuse à tout : 5 millions de copies écoulées au USA, 300 000 en France.
Aux paroles délibérément débiles et stupides, les titres de l’album traitent des thématiques d’ados, de l’amour en passant par les relations compliquées avec les filles comme dans le premier titre Dumpweed ou Don’t Leave Me.
Nottons que si le manque de maturité des textes est souvent pointé du doigt par les critiques, le 7ème titre les fait mentir en abordant le délicat sujet du suicide , Adam Song :
Un titre qui révèle particulièrement le génie créatif de Travis Barker qui à mon humble avis est l’un des batteurs les plus inovants de la scène punk rock en arrivant à faire des cymbales de véritables mélodies au même titres que les riffs de guitare.
Enema Of The States, c’est enfin et surtout LE TUBE !!!!
All The Small Things est une ode pop punk de Tom Delonge aux Ramones, l’un de ses groupes préférés, et à sa petite amie : les paroles racontent la fois où il est rentré chez lui et a trouvé des roses en haut des escaliers. Trop mimi !
Enema Of The States, album trop commercial? Blink 182, vendus devenus mainstream, punk rock non politisé? Ouais… peut être ouais, on est pas sérieux quand on a 17 ans… alors je leur pardonne :
1 – Cet album aura propulsé le punk rock et contribué à le faire connaitre à un plus large public
2 – Cet album, au delà des tubes, c’est aussi des images et des souvenirs de clips débilos mattés en boucle
3 – Cet album révèle l’incroyable talent de Travis Barker qui révolutionne les riffs et inspiré toute une génération des batteurs qui tentent de l’imiter
4 – Cet album révèle l’obsession de Tom Delonge pour les Aliens :
5 – Avec Going Away From College, cet album aura motivé toute une génération de kids à se sécher les cours et aura initié ou contribué à l’essor d’un style vestimentaire loin d’être le plus ridicule de l’histoire du rock !
6 – Enema Of The States, c’est aussi une pochette, certes super beauf, avec la pornstar « Janine Lindermulder » en infirmière au gant en latex, mais qui marquera l’histoire.
7 – Enema Of The States, c’est aussi un live « The Tom Mark Travis Show » sortit l’année suivante.
8 – Enema Of The State enfin, à l’instar du Dookie de Green Day, est aussi l’album qui aura influencé tout un tas de groupes, émo, hardcore, pop, crossover, pop punk dans son sillage travers la planête. On pense notamment à : Sum 41, Good Charlotte, Fall Out Boy ou même mon amoureuse de l’époque : Avril Lavigne.
Enema Of The States est clairement ma fontaine de jouvance, l’album qui à travers l’adage du groupe « Never Growing Up » ne me donnera pleinement satisfaction à vivre une vie d’adulte.
Nul doute que cet album aura compté plus que de raison dans mon évolution, et que le biberonnage à Blink 182 aura certainement contribué à couler la dalle du punk rock qui coule aujourd’hui aussi activement dans mes veines.
J’aurais tellement plus à raconter sur Blink 182 cher Lundispensable, mais on se revoit bientôt pour que j’vous raconte tout l’amour que je porte à « Take Off Your Pants and Jacket », l’album des californiens sorti en 2001.
On se quitte sur le titre pour moi le plus fabuleux d’Enema Of The States tant j’aurais passé une partie de mon adolescence à tenter en vain de le copier l’intro à la batterie, un titre aussi présent dans la BO d’American Pie. Il s’agit de MUTT, et merci 1999, t’était une quand j’y repense une bien belle année :