Aujourd’hui, je vous parle d’Asian Dub Foundation. Groupé anglais formé en 93, qui émerge dans un climat de violence antistatique au Royaume-Uni. Alors qu’il n’y en a que pour le trip-hop à cette époque en Angleterre, la France leur ouvre les bras et les critiques sont unanimes. Leur influences vont du punk à la musique ambiante des chansons folkloriques bengali et on les applaudit autant pour leur musique que pour leur prises de positions politiques.
Mais venons en à l’album dont il est question aujourd’hui : le 7e est pour moi un des meilleurs, sorti en 2003 : Enemy of the Enemy.
Dans un grand bol mettez : des paroles politisées, du hip-hop mélangé avec du hard rock, du ragga, du trip-hop et de la drum’n’bass. Mixez le tout avec un peu d’épices traditionnelles indiennes et vous obtenez cet album d’Asian Dub Foundation. Ça groove et ça nous donne la rage, à grands coups de percussions et de riffs énervés.
Le titre d’ouverture, Fortress Europe montre la rage des Asian Dub Foundation et nous plonge direct l’ambiance du disque. Un mélange mystique d’air asiatique sur-vitaminé, une incantation hip-hop, un rythme jungle, des sonorités électro futuristes et un chant rapé polyphonique qui devient de plus en plus frénétique avec des gros rifts de guitare électrique et des parenthèses ragga.
Puis vient Rise To The Challenge qui poursuit notre trance par des sons de tam-tam, avec le même mélange que Fortress Europe à la différence d’influences plus africaines qu’asiatiques. Mais encore là on retrouve notre hip-hop, le rock avec la guitare électrique et le thème de fond en jungle électro.
Mais on a aussi des morceaux très drum’n’bass comme Blowback, des morceaux très ragga avec Power to the smala massive ou 2 Face des morceaux funky avec Basta ou Cyberabad qui utilise une base funky couplée de plusieurs voix féminines et des sons toujours orientaux.
Sur 1000 Mirrors, on se perd dans les modèles que l’on avait établi avec les premiers morceaux. Ici l’irlandaise Sinead O’Connor aussi bien connue pour ses fortes positions politiques, vient poser sa voix. Un morceaux plutôt trip-hop avec la voix de la chanteur tout en douceur qui pourrait nous faire penser à du Portishead et qui vient nous apaiser de toute la rage précédente. La thématique du texte : La violence domestique.
Parce que oui, j’en ai pas encore parlé, mais Asian Dub Foundation écrivent leur textes dans un réel souci politique et citoyen. Ils offrent des contestations pertinentes, tissées d’un constat souvent dramatique de nos sociétés occidentales et de l’état du monde en général. Dans Forteresse Europe le texte pose les bases futuristes d’un nouvel ordre européen où le peuple, confiné au sein d’un continent-prison, est confronté à des patrouilles de robots. Ils appellent ici le monde à un réveil salutaire contre toute forme d’autoritarisme (« Keep banging on the wall of Fortress Europe […] « People get ready it’s time to wake up »)
La Haine (qui commencent avec une lente et magnifique vibration à la Massive Attack) reprend les thèmes du mythique film de Mathieu Kassovitz (qui lui donne son nom) et compose une réflexion sur l’escalade de la violence, la ghettoïsation et le sentiment de non-droit (« Now you’re the juge, the jury and the executionner sealing his fate, You’re feeling the hate »)
La répression policière est le thème principal de 19 Rebellions, un titre beaucoup plus ragga et qui repart dans une ambiance plus frénétique, et qui nous parle du massacre par la police militaire de 111 détenus à Sao Paulo en 1992.
Si tu aimes la musique indienne, les percussions africaines, le rap, le hip-hop, le trip-hop, le ragga, la jungle et la drum’n’bass, que tu aimes l’engagement politique et social des textes, Enemy of the enemy d’Asian Dub Foundation est un album que tu dois absolument avoir. Une musique explosive et multicolore, sans limite comme le prouve ce morceau :