(Dirty guys rock/Dingleberry/Blood n’ doner/Exu Rei records LP 12″ + CD )
Il y a des attentes qui se font longues, tellement longues qu’on a l’impression d’avoir 7 vies. Cette attente s’explique tout bonnement par le fait que Verbal Razors tournent, tout le temps, et ne rentrent que très peu à la maison, juste le temps d’écrire ces quelques ritournelles de Thrash Crossover qui sont à l’honneur sur Béton cette semaine (le chroniqueur qui n’en rajoute pas du tout !!). L’attente dont je parle ici est celle du deuxième album « Misleading Innocence » (qui suit leur terrrrrrible premier album sorti en 2013). Déjà, parlons du titre qui se rapporte directement à cette pochette magnifique réalisée par Jean Sebastien Vermalle (mise en couleur par Degreff, le gratteux, D.I.Y 4 ever!!!) . Le titre signifie Innocence trompeuse, et les espèces de grenouilles sur la pochette sont des Dendrobates, dont certaines sécrètent une substance toxique par leur peau, substance mortelle parfois. D’où l’innocence trompeuse sus-nommée parce qu’elles sont tout de même bien jolies (à la différence d’une Veuve Noire qui, en plus d’être une saloperie, n’est pas jolie du tout).
Pour ce second LP, les Verbal Razors ont mis les petits plats dans les grands, enregistrant chez Monsieur Amaury Sauvé, et mixé à Chicago chez monsieur Carl Saff !
Finissons là les mentions professionnelles si vous le voulez bien, et parlons du fond, puisque c’est ça qui nous intéresse finalement. 10 morceaux, dépassant rarement, voire jamais les 3 minutes (exceptée la dernière « This is not my World » qui est un morceau sombre et faisant office d’Outro, même si ce n’est absolument pas une outro, voyez?). Ce qui fait justement que Verbal ont su tirer leur épingle du jeu dans ce style qu’est le Thrash Métal. Quand des grands pontes genre Megadeth, Overkill ou encore Exodus s’évertuent et persistent à faire des morceaux de 100 minutes, Verbal ont pris le parti pris d’être plus brefs, plus incisifs, plus concis. Ceci bien sûr ne les empêche pas de jouer à toutouche et de nous pondre des riffs de l’enfer (Dendrobate, morceau d’ouverture), des intros qui appellent les démons de tous les mondes souterrains (The answer to everything, qui est ma favorite je dois bien admettre), des morceaux punks (Contradiction), parce que les mecs de Verbal en écoutent figurez vous du Paink !!(comme disent les Grecs), des refrains qui restent en tête comme une pub pour une assurance que je ne citerai pas (Fashion Way of Lies), et bien évidemment, parce que c’est du Thrash quoi, des solos joués à 6 bras , un peu comme le solo d’Hotel California des Eagles en somme, (No Escape).
Surtout, ce qui est frappant, c’est que ces mignons chats démoniaques ne se sont pas emmerdés avec les chichis propres à ce style, morceaux s’enchaînant sans respiration, ni samples, et vont droit là où ils veulent nous emmener : dans les abysses d’un Thrash intelligent, politiquement engagé (comme Nuclear Assault par exemple), critique sur la scène en général, réussissant l’exploit assez rare de réunir plusieurs publics, allant bien évidemment du vieux Thrasheux patché Testament au skateur fan de Trash Talk en passant par le punk qui trouve que quelquefois « leurs riffs ressemblent à du Exploited » (ils sont marrants les keupons des fois) et bien évidemment aux fans de Crust , de d beat Suédois et de Toto (ah ça c’est moi ).
Album terrible qui réveille les morts et qui donne une fois de plus l’envie de vivre dans un monde rempli de licornes et de dragons, sans humains pollueurs, menteurs, Junkies, tueurs de requins, misogynes et racistes.
Et je veux rajouter que Degreff me rappelle Shiryu, le chevalier de bronze du dragon, alors rien que pour ça, les Verbal Razors méritent amplement leur place au Hall of Fame du Thrash !