NICK CAVE AND THE BAD SEEDS – Let Love in

It’s Dirty end of Winter…cette phrase pourrait illustrer l’oeuvre de Nick Cave. Ce vers, tiré de Loom of the land, croque parfaitement l’univers frois et triste que nous fait partager Nick Cave dans la plupart de ses albums première période. Il y a Nick Cave, mais aussi les Bad Seeds, Blixa Bargeld, génie incompris du groupe, restera en retrait avant de s’émanciper et de quitter la formation pour se consacrer pleinement au groupe indus EINSTURZEINDE NEUBAUTEN. Mick Harvey, un autre membre important du groupe multi-instrumentiste sera aussi à l’origine du succès.

1989, j’ai mon billet pour voir THE POGUES au Printemps de Bourges, la soirée va être festive gig et arrosée, j’adore ce groupe de Punk Irlandais reprenant les standards du folklore façon punk rock.

La première partie est annoncée, je traduis Nicolas Grotte et les mauvaises graines, mouais, pourquoi pas, c’est donc Nick Cave and the bad seeds qui ouvre ce magnifique concert. Je venais pour les Pogues, et j’ai été autant ravi par la première partie. Cet électrique homme en noir qui court d’un bout à l’autre de la scène me subjugue. C’est dans un magazine l’Hiver suivant, que je retrouve trace du bonhomme. J’achète alors Henri’s Dream et Kicking against the pricks. La noiceur de ces albums est en harmonie avec mes humeurs du moment. J’aime l’artiste, mais je décroche parfois devant la mélancolie des musiques.

L’Univers de Nick cave est pavé de meurtriers, de larmes, de malheurs et de tristesses, mais aussi parfois de purs moments de bonheur. Lors de la naissance de son fils, une luminosité intangible est venue éclairer les déserts absous de son répertoire. Très proche de l’Unvivers destructuré du BAUHAUS, et de l’Allemagne meurtrie d’après-guerre, Nick cave aime nous faire vivre ses ambiances particulières. Le groupe jouera dans le film plein d’espérance de Wim Wenders, « Les ailes du désir » avec Peter Falk, connu comme l’Inspecteur Columbo.

Et puis arrive Let Love in , 8ème album sorti le 18 avril 1994, une bouffée de fraicheur optimiste, des chants et des mélodies moins tranchés. Ce n’est pas la joie de vivre, mais c’est plus convivial si je puis dire, et le voix de Nick cave est posée, l’attitude du crooner est là, et j’aime ça ! Pour moi, le dormeur s’est réveillé si je dois faire un parallèle avec Dune. Ce « Let Love in » m’emmène, c’est la longue lignée d’album incontournable dont cet album est la pierre d’achoppement.

On y côtoie un chanteur sombre extrêmement sophistiqué. le monde n’avait plus connu de tel crooner depuis Franck Sinatra. Les morceaux parlent d’amour, oui d’amour, mais torturé, de castration et de lobotomie amoureuses. On sent la passion qui a dévoré laissant l’Humain comme une coquille vide, les morceaux Do you love me? et Let Love in en sont l’illustration parfaite. Une pochette où le crooner apparait torse nu sur un fond rose sanglant, le regard perdu dans l’espace…

On retiendra aussi de la part du Chanteur ses amours passionnels d’où naitront de belles choses, Kylie Minogue qui permettra aux murder ballads de rester en haut des classements, puis PJ Harvey avec qui il nouera une longue et tumultueuse relation.

Cet album restera une charnière dans la carrière de Nick Cave. S’en suivra des albums moins rudes, mais avec tout autant d’aspérité !

Laisser un commentaire