THE BLACK KEYS

Si flirter avec les vieilles soupières a du bon pour émuler les jeunes esprits, il nous arrive de retrouver des petites perles sans chercher bien loin dans l’espace-temps. Surfant avec âpreté sur la vague d’une gueule de bois, je me prends l’envie d’un cd garage avec en toile de fond thé et biscuits et je tombe sur cette jaquette Å“uf de Fabergé que j’avais presque oubliée. Cette dernière est la patte des américains originaires de l’Ohio, le duo Carney/Auerbach, j’ai nommé les Black Keys et leur album Magic Potion.

De Just Got to Be à Elevator, les titres touchent avec justesse et je me revois ado, pantacourt et vélo défoncé, courir chez mon pote Quentin pour lui présenter ledit album, et mon projet de dominer le monde avec un duo de guitare au nom imprononçable à 43 lettres. Si mon cÅ“ur n’avait pas vogué plus au sud et que nos chemins ne s’étaient pas séparés, vous auriez certainement entendu parler de TheMysteryOfTheBowlingShoesFreshFromTheSeas.

Menant le duo guitare/batterie avec plus ou moins de précision mais une efficacité redoutable, ils ont su éveiller mon intérêt pour le blues-rock. Parce que oui, cette galette est remplie de blues-rock poussiéreux qui repose son talent sur l’accroche de l’ostinato et la voix sous overdrive, ça suinte à la manière de l’omelette baveuse qui se cache sous le disque mauve marqué d’un ohm. Magic Potion est leur 4e album, et le premier qu’ils composeront entièrement, sans y ajouter de reprises. Considérants Junior Kimborough comme leur principale source d’inspiration, ils se livrent ici à un exercice de style mêlant blues et rock progressif. On sent quand même les influences de Thickfreakness mais le résultat semble moins convaincant en surface.
Le disque passe, je voyage mais une fois l’album fini et une réflexion autour du caractère diurétique de la théine savamment entamée, je garde en tête la sublime The Flame comme bande son du lourd retour à la réalité avant le Doliprane.

Envers et contre tout, j’ai envie de défendre cet album, qui reste pour moi le plus poétique d’une longue série pour ce groupe, avant de s’échouer sur l’éléctro pop lisse de Turn Blue. Mais je ne me fais pas de faux espoirs, y’a pas d’omelette sans casser d’Å“ufs.

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