25 décembre 1994, mes cadeaux de Noël déballés sont entassés sur le buffet de la cuisine.
Parmi eux, un compact disc d’Abbey Road et deux cassettes audio de groupes de rock américains. Je revois le papier cadeau jaune et bleu du magasin Nuggets de la rue Coursarlon. Deux petites boites de plastique délicates, pratiques, le livret coloré soigneusement plié à l’intérieur, la tranche épaisse, bien rectangulaire où s’affiche le nom du groupe. Les deux se succèdent dans mon walkman K7 Sony dernière génération (enfin celui de ma mère), m’accompagnent en Angleterre pour mon premier voyage scolaire à l’étranger. Une seule des deux me suivra pendant plus de dix ans, trimbalée d’appart en maison, de boite à gants en sac à dos et finira sa vie en août 2007 fondue sur le tableau de bord d’une Clio restée garée trop longtemps rue Baleschoux. Ma cassette de Last Splash, des Breeders.
Quand on a entendu Cannonball à la radio pour la première fois, c’était probablement sur Vibration, et c’était ouf. Cette intro de bâtard, sensuelle, insolente, crade. Ça commence par un check micro puis une sorte de feulement saturé de Kim « ahouuuuhaaaaaa », qui donne déjà le gimmick du morceau. Pause. Batterie. Les baguettes font deux figures de claquettes sur le bord de la caisse claire puis basse. Sous les doigts de Josephine Wiggs, bassiste de Perfect Disaster, de Londres, rencontrée en tournée avec les Pixies. Et batterie. Et guitare à un doigt puis guitare à plusieurs doigts. Et ce larsen qui précède de quelques secondes la voix de Kim puis le silence « And the last splash ». Sur le refrain, on ne sait pas si c’est une pédale wah wah ou Kim qui chante sous l’eau.
Plus tard, je redécouvre vraiment le reste de l’album. Ce mélange de shoegaze, de grunge, comme des ballades exécutées à la pelleteuse, capable de la douceur d’un Do you love me now et du bruit d’un Roi. No aloha a toujours été ma préférée. Sa forme la place entre une comptine et une rhapsodie. Et elle annonce cash la couleur :
No bye no aloha.
Le riff est d’entrée conclusif, donne une impression de fatalité amère. Et la voix brumeuse de Kim plane au dessus et raconte on ne sait pas trop quoi. I just wanna get along est un morceau ultra simple à 3 accords qui pourrait être un morceau des B-52’s
Et les deux sÅ“urs terminent sur une ballade country, en bonnes bucheronnes americaines qu’elles sont.
Finalement, bien qu’elles soient toutes les deux complètement tombées dans la chnouf, les sÅ“urs Deal ont donné une couleur à nos années 90, jusque dans nos compilations RTL2 . Merci les filles.