Les Beach boys ne savaient pas surfer. Les Beach boys étaient des frangins dodus augmentés d’un cousin et d’un voisin. Des garçons bien élevés qui savaient chanter des contrepoints comme des enfants de chÅ“ur. Managés par leur père, ils deviendraient l’une des familles les plus redoutables du marketing de la musique des années 60 : pour faire du fric on chante sur les filles, sur l’Amérique et surtout sur les bagnoles. A cette époque, la Californie est cette terre du bout du monde, ce presque paradis écrasé sous le soleil entre le désert et le Pacifique, un El dorado de belles meufs, un infini de possibles. Les Beach boys chantent en harmonie un amour solaire, naïf et évident comme un sweat-shirt propre, et c’est le début du mythe de la West coast. Brian Wilson est une quiche en surf mais il est fan de Phil Spector. Petit-à-petit, il va se renfermer dans sa tête, abandonner ses frangins et les laisser partir en tournée sans lui. Noël 1965, Rubber soul, le 6e album des Beatles arrive sur le marché américain. Le sang de Brian ne fait qu’un tour et il annonce à sa femme Marylin qu’il veut composer le meilleur album de tous les temps. Il se met alors au travail et les autres ne captent plus rien. Fini les chansons sur les filles et les bagnoles, Brian a la vision d’un démiurge et veut créer un album qui forme un tout, avec un début et une fin, des plis, des creux, de la poésie. Il fait quand même une petite place à Mike Love sur Wouldn’t it be nice et à Al Jardine – qui a l’idée de reprendre Sloop John B. Le reste, c’est lui, son cerveau malade et son génie. Il va se rendre taré à composer cet album qui ne marchera pas mais qui deviendra l’un des plus grands albums de tous les temps, un album au titre prosaïque mais qui touche au céleste : Pet sounds.