[LE LUNDISPENSABLE] Amy Winehouse, Frank (par Jeanne !)

Le Lundispensable (Jeanne)  

 AMY WINEHOUSE – FRANK  

Le 23 juillet 2011, j’avais 10 ans et j’étais en colonie de vacances. On n’avait pas de téléphone ou de montre pendant deux semaines, on était comme coupés du monde. Et pourtant je me rappelle de la phrase qu’un moniteur avait prononcé :  »Amy Winehouse est morte ! » A l’époque, Amy Winehouse, c’était un concept assez vague pour moi, je ne connaissais ni le personnage ni l’artiste, mais dans le ton de mon moniteur on sentait bien que c’était quelqu’un d’important.  

Ce n’est que 6 ans plus tard que je l’ai réellement découverte, durant l’été 2017.

 (Amy Winehouse – Back To Black)

Même si j’avais déjà entendu quelques titres à la radio, je ne connaissais que les grands classiques, comme Back To Black ou My Tears Dry On Their Own ; et c’est lorsque j’ai visionné le documentaire Amy d’Asif Kapadia que je me suis plongée dans l’écoute de son premier album, Frank.  

(Amy Winehouse – Amy, Amy, Amy) 

A 19 ans, Amy Winehouse n’est pas encore celle que l’on connaîtra plus tard : dénuée de sa coiffure  »beehive » typique des années 60 ou de son épais trait d’eye-liner signature, et pourtant, c’est bel et bien à ce moment que le public découvre pour la première fois Amy, à travers son premier album Frank, qui sort en 2003 chez Island Records.  

Lorsqu’elle est découverte par son futur manager, la Londonienne a tout juste 17 ans, rêve de devenir serveuse à patin à roulettes et compose des chansons sur sa guitare qu’elle a prénommé Cherry, (d’ailleurs, elle a même dédié une chanson à sa guitare!), mais elle n’imagine pas faire carrière dans la musique. 

(Amy Winehouse – Cherry)

Comme Amy, j’avais dix-sept ans, et comme elle, j’écrivais des chansons avec ma guitare ; je suis rapidement devenue fascinée par elle. Sa voix, sa personnalité, sa sensibilité à fleur de peau, la façon qu’elle a de dépeindre un souvenir de manière à ce qu’on s’y retrouve immergé, j’avais envie de lui ressembler, de chanter comme elle. Pendant quelques années après ma rencontre avec cet album, j’étais chanteuse dans un groupe de Motown, et on avait au moins 4 ou 5 reprises de titres tirés de Frank, c’était mes préférés à chanter !  

(D’Angelo – Shit Damn Motherfucker)

Ma passion pour Amy m’a donné envie d’aller chercher plus loin. J’ai découvert toute la vague d’artistes qu’elle citait comme ses influences : Dinah Washington, Sarah Vaughan, mais aussi D’Angelo et Les Shangri-Las. Dans Frank, on peut déjà reconnaître le talent qu’Amy possède dans l’art de créer des images, visuelles, sonores, sensorielles. Elle est drôle, sans filtre, franche.  

Il y a dans Frank une légèreté qu’on ne retrouve pas dans son deuxième opus, ce qui le rend pour  moi plus facile à écouter. Mais s’il est moins chargé émotionnellement, on y retrouve déjà le goût  qu’Amy a pour le tragique et pour le fatalisme, comme sur le titre, What is it About Men, ou Amy  décrit le rapport compliqué qu’elle entretient avec les hommes, et fait le lien avec sa relation avec  son père.  

(Amy Winehouse – What is it About Men)

C’est aussi un album moins pop que Back To Black, moins innovant peut-être, mais le mélange de  jazz, de hip-hop et de R&B moderne dans lequel Frank est baigné épouse l’honnêteté des textes  d’Amy, grâce aux productions de Salaam Remi, (qui a notamment produit Les Fugees, Nas, et qui  travaillera plus tard sur Back To Black en compagnie de Mark Ronson).  

Frank m’a séduite, et il continue à séduire la jeune femme d’une vingtaine d’année que je suis. Je le  redécouvre à chaque écoute, et je l’apprécie toujours d’une façon différente que la dernière fois, en  fonction de ce que je traverse dans ma vie. Amy a ce genre de voix, de charme, qui apaise et qui  réconforte, et on se sent un peu moins seul.e quand on l’entend chanter ses peines de cœurs, à  propos d’un homme, ou encore de son canari qui, comme elle le dit, qui s’est  »envolé » un beau jour  d’octobre, comme dans la ballade jazz/hip-hop October Song. 

(Amy Winehouse – October Song)

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